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  • Maître Demandé le 12 mai 2019 dans Accords

    En aucun cas ne conjuguez au pluriel un verbe qui a un sujet singulier au prétexte que son attribut est au pluriel.
    Ne conjuguez surtout pas « être » au pluriel à cause d’un attribut « des poses » au pluriel, gardez le singulier. Le nombre de l’attribut (ici ce qui suit le verbe être) n’importe pas. Seul le pronom sujet importe. Un verbe se conjugue selon son sujet. Et ce pronom représente une chose précise, ou imprécise, ou la phrase précédente, ou un contexte.
    Votre phrase est une phrase très ordinaire, avec un sujet, un verbe « être » qui se conjugue selon son sujet, et un attribut, peu importe que l’attribut soit au singulier ou au pluriel.
    — Le travail c’est beaucoup de satisfactions.
    Vous voyez que le pronom « ce » est mis pour le travail, et bien que l’attribut soit au pluriel, on ne met pas le verbe au pluriel. On ne dit pas : le travail ce sont… On ne peut pas dire ça. On peut même aller en prison si on s’obstine à nier le sujet de la phrase. Mais rassurez-moi, ce n’est pas votre intention…

    Beaucoup sur ce site font la confusion entre un simple « pronom + verbe être + attribut » avec la tournure présentative « c’est / ce sont ».
    Ils ont posté des centaines de fausses réponses à cette question qui revient souvent. Qu’ils sachent qu’à chaque fois qu’ils recommenceront, je tuerai un chat.
    Car effectivement, parfois, « c’est » est juste un introducteur de sujet réel, un présentatif, le pronom « ce » ne représente alors rien, c’est un gallicisme, une simple tournure, et par convention on accorde avec le sujet réel.

    Dans les exemples 1 et 3 de Prince, nous sommes bien devant un tournure présentative ; les « ce sont » et « c’étaient » introduisent un sujet réel (on le voit avec une relative (« qui sont arrivées ») en 1, ou un attribut (« qui sont » est omis) en 3. Bien que le sujet formel soit un simple pronom, ce pronom ne représente rien, c’est comme dans une tournure impersonnelle, et le sujet réel arrive ensuite. C’est bien là le rôle du présentatif, et les conventions disent que si le singulier est acceptable, le pluriel est préférable.
    Dans l’exemple 2 de Prince, le « ce sont » est conjugué naturellement, avec accord, mais pour la simple raison que le « ce » est un pronom qui représente un pluriel (ce = ces champignons ; ces champignons sont des champignons vénéneux ; ce sont des champignons vénéneux).
    Dans l’exemple 4, il manque un peu de contexte ; on dira en situation : ce qui m’embête, c’est les parents d’Henri ; mais : ces personnes, ce sont les parents d’Henri. Quand avant le « ce », on met quelque chose, c’est classiquement le sujet de la phrase qui vient, on n’a pas affaire à un présentatif, mais juste à un pronom « ce », qui reprend ce qui a été dit avant, et on accorde en conséquence, avec le sujet.

    [Dans le cas du présentatif, on peut introduire autre chose que le sujet, le sujet venant ensuite. Mais ce n’est pas le cas dans votre phrase. Ici on a un sujet, un verbe, et un attribut du sujet.]
    Dans votre exemple, le sujet est longuement développé, sans aucune ambiguïté, il s’agit d’une situation. Le pronom « ce » reprend une longue phrase. Un pronom qui est mis pour une proposition, pour une situation, pour un infinitif, est obligatoirement neutre, et singulier. On en fait le sujet d’une nouvelle proposition. Accordez au singulier.
    Votre longue phrase peut être résumée par un adverbe contextuel, ou un autre pronom : Hier, c’était des poses. Tout ça, c’était des poses. Le pronom reprend une situation, il n’est pas au pluriel, on ne conjugue pas au pluriel. On se moque de savoir comment vous allez qualifier cela, par un mot au singulier, par une proposition, par un mot au pluriel; on s’en fiche. Vous avez cerné votre sujet, vous le résumez par un pronom, ici il est singulier puisqu’il s’agit d’une situation, et le verbe « être » est donc au singulier. On conjugue le verbe selon son sujet et en aucun cas selon son attribut.

    Exemples de conjugaison avec un pronom qui reprend une chose précédente pour en faire un sujet :
    — Ses cris, c’étaient seulement des poses.
    — Qu’elle criât, c’était seulement des poses.
    — Elle criait ; c’était seulement des poses.
    Dans tous ces cas, le pronom « ce » est sujet, le verbe « être » est le verbe principal de la phrase, « des poses » est l’attribut.
    La question de l’accord avec un sujet réel n’apparaît que si le « c’est / ce sont’ est un présentatif. Alors déjà, pour que ce soit un présentatif, pour qu’il introduise un sujet réel, il ne faut pas qu’on connaisse ce sujet avant, sinon ce ne serait pas un présentatif. Ensuite, il faut que le prétendu sujet réel introduit soit au moins sujet d’un verbe qui porte la proposition, sinon ce ne serait pas un sujet du tout.
    Vous ne réunissez aucune de ces conditions, donc votre « c’est » n’est pas un présentatif, et la question d’un accord avec le sujet réel ne se pose pas.
    Vous accordez le verbe avec son sujet.
    Exemple de présentatif qu’on accorde avec le sujet réel :
    — C’étaient les poses qu’elle prenait qui m’embêtaient.
    Là oui.

    Cela dit, vous pouvez défendre que votre sujet est double donc choisir le pluriel (elle pleure, elle crie, ce sont des poses, ceci et cela, ce sont des poses), mais ce n’était pas l’objet de votre question : doit-on conjuguer selon l’attribut « des poses ». Car non, on ne conjugue pas un verbe selon son attribut, c’est illégal, c’est malsain. C’est interdit.

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  • Maître Demandé le 11 mai 2019 dans Question de langue

    En anglais on dit encore : « he has gone » : il est parti (action, il a quitté la maison ce matin) ou « he is gone » : il est parti (résultat, il n’est plus là), avec donc une nuance entre les deux auxiliaires.
    Cette nuance existait encore récemment en français comme dans la chanson bien connue :
    — J’ai descendu dans mon jardin (l’action de descendre)
    — Je suis descendue dans mon jardin (j’y suis arrivée)
    Cette nuance existe encore dans certaines régions, et dans des milieux populaires, moins contaminés que nous par une norme écrite qui appauvrit la langue.
    Même pour parler de soi, on utilise encore « monter » avec « avoir » (j’ai monté l’escalier). Mais sans cod, la construction avec l’auxiliaire « être » s’est progressivement imposée jusqu’à devenir la norme. Pour écrire proprement à la mode actuelle, il vous suffit de trouver la liste des vingt verbes se construisant « obligatoirement » avec l’auxiliaire « être » (aller, monter, descendre…).
    Mais si vous transcrivez une tournure que vous avez entendue avec l’auxiliaire « avoir » (compte-rendu d’entretien, témoignage de vos parents), cette phrase avec l’auxiliaire « avoir » sera tout autant correcte qu’une citation de Racine ; il faut la conserver. Quand ils disent la même chose, on ne peut pas à la fois faire de Racine une référence et du paysan une contre-référence. C’est une phrase grammaticalement bien construite, qui a pour seul tort d’être passée de mode dans les milieux autorisés. Si ça fait paysan, ou au contraire si ça fait classique, c’est que c’est possible. Il ne s’agit pas d’une faute introduite dans la langue, mais au contraire d’une nuance encore préservée par quelques-uns. Cette forme a autant de valeur que les autres vieilleries qu’on trouve dans les histoires médiévales, ou que les tournures régionales (fort, guère, à la vesprée, ost, accroire, guerroyer…) : ce n’est pas du français administratif, mais c’est du français.
    Il y a même des cas où je privilégierais carrément l’auxiliaire « avoir » : « après qu’il a monté à l’échelle, il l’a repoussée », parce que « après qu’il est monté à l’échelle, il l’a repoussée » me semble moins bien traduire l’action passée et terminée (accomplie) de monter.
    S’il y a une échelle dans votre histoire, c’est que ce n’est pas du français administratif ou scolaire, vous pouvez selon le contexte et la nécessité du témoignage conserver l’auxiliaire « avoir » avec le verbe « monter ». Si l’origine de votre question est une conversation avec un vieux, ne lui dites pas qu’il a tort.

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  • Maître Demandé le 11 mai 2019 dans Général

    La règle dont vous faites état a été effectivement énoncée plus d’une fois. On en conçoit l’intérêt pour parler d’un événement (la rue du 14-Juillet pour montrer qu’il ne s’agit pas d’une date mais d’un événement).
    Mais pour les noms de personnes, il y a rarement ambiguïté, le nom de la rue ou de l’université est volontairement celui d’une personne, en hommage, et la majorité des gens refuse une distinction arbitraire entre le nom de la personne et le nom de ce qu’elle représente désormais, et s’affranchit donc du trait d’union. Si Jojo Dupont donne son nom à l’école communale, il n’y a pas de sens particulier au trait d’union. Ceux qui écrivent université Claude-Bernard font le choix de respecter un norme particulière institutionnalisant et détournant le nom d’une personne.
    Quand le nom est institutionnalisé, on voit l’intérêt de distinguer « je connais Louis le Grand » (le roi) et « je connais Louis-le-Grand » (le lycée). On peut sans doute écrire « j’étudie à Claude-Bernard », mais si « Claude Bernard » est apposé au mot « université », il n’y a pas davantage de raison d’écrire je vais à l’université Claude-Bernard (son nom) que d’écrire le président Ernest-Poisson (son nom). C’est quand on aura oublié la personne pour ne plus se souvenir que des événements qui l’entourent, ou d’un établissement, que le trait d’union deviendra possible, puis nécessaire, pour désigner une chose.
    Pour un établissement officiel, vous pouvez aussi décider de respecter la graphie officielle. Mais ni l’université de Lyon, ni le ministère, ne mettent de trait d’union quand le nom est apposé. Nous sommes donc encore dans le cadre du nom réel d’une personne, apposé, pour hommage, et non d’une simple appellation.

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  • Maître Demandé le 11 mai 2019 dans Général

    Je connais mal les correcteurs orthographiques, mais si le vôtre est de bonne qualité, je serais étonné qu’il ait fait une telle erreur.
    J’en prends un en ligne au hasard, il trouve la faute si j’oublie le trait d’union.
    N’avez-vous pas simplifié votre question ? Pouvez-vous nous montrer la phrase complète ? Si le correcteur s’est trompé, il y a forcément une raison, qu’il peut être intéressant de comprendre.

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  • Maître Demandé le 10 mai 2019 dans Conjugaison

    Mettez le premier verbe au temps que vous souhaitez.
    Mettez le deuxième verbe au temps que vous souhaitez.
    Il n’y a aucune règle de concordance des temps pour vous en empêcher.
    Certains ont dit que le cerveau sert…
    Certains disent que le cerveau a servi…
    Certains ont dit que le cerveau avait servi
    Certains ont dit que le cerveau servait…
    Certains diront que le cerveau sert…
    Certains diront que le cerveau aura servi…
    Certains avaient dit que le cerveau servirait…
    Certains disent que le cerveau a servi…
    Certains disent que le cerveau servira…
    Il n’y a pas encore de police de la pensée, Schiappa n’est pas au pouvoir, tout ce que vous pouvez penser peut être écrit.
    Vous voulez dire que les spécialistes l’ont dit ? alors votre passé composé est bon.
    Vous voulez un présent dans la subordonnée parce que vous estimez que c’est du présent qui dure ? alors votre présent est bon.
    Utilisez les temps que vous voulez comme vous voulez.
    Ce n’est qu’au moment de chronologiser des actions les unes par rapport aux autres que vous devrez articuler les verbes en conséquence, entre eux (je dis qu’il viendra, je disais qu’il viendrait). Mais si vous n’êtes pas dans une démarche de transposition des temps, cette notion de concordance des temps n’existe pas. Les temps sont libres, sous réserve de sens.
    Votre première phrase, passé composé plus présent, est correcte.
    Votre deuxième phrase, passé composé plus imparfait, est correcte, mais elle se réfère dans sa subordonnée à un temps passé, ce qui est possible, mais assez inutile, sauf si vous pensez « à ce moment-là ».
    Si pour votre principale vous voulez un passé composé (action qui a été faite et est terminée, et a des implications dans le présent), mettez du passé composé, c’est parfait.
    Dans votre subordonnée, mettez le temps que vous voulez, pourquoi pas du présent si vous parlez d’une réalité intemporelle (présent de vérité générale), pourquoi pas au passé si vous parlez du moment où on a découvert la chose (c’est possible aussi)…

    Posez-nous toutes les questions de grammaire que vous voulez, mais ne nous demandez pas quels temps utiliser, au risque de rencontrer ici des censeurs ; le choix des temps est à vous, il est presque absolu. Si parmi vingt possibilités, un contributeur vous en impose une, c’est un escroc. Tout ce que vous pouvez penser, même si c’est une pensée complexe, vous pouvez l’écrire.

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  • Maître Demandé le 9 mai 2019 dans Accords

    Entre une réponse complètement idiote (celle de joelle) mais validée par un contributeur, qui mélange totalement les propositions, et une réponse assez bien argumentée et structurée (celle de Pascool) mais dénoncée par un contributeur, vous serez sans doute tentée de privilégier la fausse, mais c’est dommage.
    Ne vous fiez pas aux votes, mais à l’argumentation. C’est Pascool qui dit vrai ici. Interrogez-le si vous avez un doute, il vous répondra. De façon générale, ses réponses sont bonnes. Il ne répond que quand il est sûr de lui, on peut se fier à ses réponses.

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  • Maître Demandé le 9 mai 2019 dans Général

    Devant un nom propre, l’introduction d’un adjectif amène souvent un article, qui ne doit pas remettre en cause qu’il s’agit d’un nom propre : la grande Hortense, la belle Otero, le vieux Lille, le bon Dieu.
    Il doit y avoir un mot pour cette tournure, assez fréquente même en dehors des adjectifs :
    — Avec les prêtres modernes, Dieu pardonne tout, mais le Dieu de mon enfance était moins permissif.
    — Dupont accusé de corruption ? ce n’est pas le Dupont que je connais (j’ai changé le nom).
    — J’ai rencontré un Voltaire au sommet de sa pensée.
    En analysant bien, je pense qu’on trouverait une fonction plus précise qu’adjectif qualificatif épithète facultatif, mais une approche du mot par un autre biais, pour un autre sens, plus déterminatif ou restrictif (d’où l’article) que simplement qualificatif. Si vous trouvez le mot…

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  • Maître Demandé le 2 mai 2019 dans Général

    Non, il n’y a pas de différence à faire entre épithète et attribut pour la majuscule. La différence est à faire entre nom et adjectif. Quand on a le choix entre les deux, le nom essentialise, l’adjectif caractérise.
    On doit normalement appliquer la règle classique : adjectif avec une minuscule et substantif avec une majuscule. Mais la simple absence de déterminant devant le mot « russe » ne signifie pas obligatoirement que c’est un adjectif : je suis plombier. Donc formellement, l’auteur peut choisir.
    Si vous pouvez compléter le mot par un adverbe, c’est un adjectif : je me sentis soudain vraiment russe.
    Si vous pouvez compléter le mot par un adjectif, c’est un nom : je me sentis alors vrai Russe parmi les Russes.
    Pour s’attacher au sens, je ferais un adjectif du mot qui peut être relativisé (très russe, vraiment russe), et un nom du mot portant plus fortement une identité absolue. L’identité réelle et profonde ou la nationalité supportent d’être considérés comme un nom essentialisant : moi Monsieur, je suis Russe ; confronté à ce drame national, je me sentis Russe. Le mot apportant des caractéristiques supposées de cette nationalité, ou une histoire, est un adjectif : je trouve que cet écrivain français est resté russe.
    Les critères que vous évoquez (nationalité, appartenance, race) s’appliquent assez bien à cette notion d’essentialisation ou au contraire de simple caractérisation. L’immigré peut écrire : je me sens français et russe. Le militant du CRAN écrit toujours : je suis Noir. Parallèlement le militant républicain rétorque : nous sommes tous Français. Bien qu’il utilise le verbe assez subjectif « se sentir », je pense que Makine, à ce moment de son récit, essentialise : Ce jour-là, je me sentis Russe parmi les Russes, et aujourd’hui, je me sens russe dans mes habitudes.

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  • Maître Demandé le 30 avril 2019 dans Conjugaison

    Oui, votre phrase est correcte, mais c’est vrai qu’un simple passé composé dans la subordonnée pouvait également faire l’affaire.

    Apparemment, vous vous interrogez sur la nécessité de remonter d’un cran dans le passé dans votre subordonnée, parce que vous n’estimez pas que votre principale comporte réellement un sens passé.
    « J’ai vu que« , « on m’a dit que« , « j’ai appris que« , « j’ai lu que« … est-ce réellement du passé ? Si toutes ces constructions signifient pour vous « je sais que« , alors vous pouvez aussi bien considérer que votre principale, dans sons sens, est au présent, et poursuivre au présent (ou au passé composé pour l’antériorité) plutôt qu’à l’imparfait (ou au plus-que-parfait pour l’antériorité).
    J’ai vu que ce spot avait eu une récompense, pour la concordance des temps.
    J’ai vu que ce spot a eu une récompense, pour le sens.

    * Si la principale était réellement au passé, avec un verbe à l’imparfait.
    Je sais que tu travailles bien. Je savais que tu travaillais bien. On me disait que tu travaillais bien.
    Je sais que tu as réussi. Je savais que tu avais réussi. On me disait que tu avais réussi.
    L’imparfait serait ici un temps qui se référerait vraiment au passé. On poursuivrait la phrase par un autre imparfait pour la simultanéité, ou un plus-que-parfait pour l’antériorité. La concordance des temps serait à la fois normale grammaticalement, et liée au sens. Elle serait pour ainsi dire nécessaire.

    * Si la principale décrit en fait un résultat présent, avec un verbe au passé composé.
    On parle au présent. « On m’a dit que« , « j’ai appris que« , « j’ai lu que » ne donnent pas de valeur passée au reste de la phrase, même pas dans le sens « au moment où on me l’a dit », puisqu’on ignore tout de ce moment. Ces expressions disent seulement : je sais que, et on reste dans le présent.
    Je sais que travailles bien. On m’a dit que tu travaillais bien ou On m’a dit que tu travailles bien.
    Je sais que tu as réussi. On m’a dit que tu avais réussi ou On m’a dit que tu as réussi.
    La concordance des temps est facultative, elle est sans valeur sémantique. On peut justifier la concordance grammaticale en disant que le passé composé est un temps du passé, mais on peut tout autant se caler sur le temps du discours, celui de la réalité, et poursuivre avec une subordonnée au présent.
    Par exemple, si « j’ai vu que » = « je sais que » = « je vous informe que« , alors l’éclaireur dira à son chef : j’ai vu que l’ennemi nous attaque par la droite. Il n’a pas le temps de dire : j’ai vu que l’ennemi nous attaquait par la droite, mais si je parle au passé c’est pour la concordance des temps, parce qu’en fait il est bel et bien en train de nous attaquer par la droite.

    * Parfois le passé composé est explicitement du passé.
    Hier, on m’a dit que tu travaillais bien. Hier, on m’a dit que tu avais réussi.
    Hier, j’ai vu dans le journal que ton spot avait reçu une récompense.
    Ici la concordance des temps semble presque obligatoire.
    [Le présent est malgré tout possible si ce qui est exprimé dans la subordonnée se poursuit : J’ai reçu ce matin le paquet de Bien Public, et j’ai appris que nous avons un nouveau ministère (Flaubert)]

    * Dans votre cas, il est évident que « j’ai vu » est une expression non concrète. Vous ne l’avez pas réellement « vu » (où et quand ?), vous l’avez juste appris, et l’important est simplement que vous le savez. Sémantiquement, vous n’avez pas besoin de concordance des temps puisque vous ne vous référez à aucun moment du passé. Mais vous pouvez, par habitude, par goût des concordances inutiles, ou pour faire comme tout le monde, mettre un temps passé dans la subordonnée. Choisissez.
    J’ai vu que le spot dans lequel tu as tourné au printemps dernier avait eu une récompense.
    J’ai vu que le spot dans lequel tu as tourné au printemps dernier a eu une récompense.

    Je viens d’examiner une vingtaine de phrases trouvées chez des auteurs, on y trouve tous les cas de figure, mais quand même avec une majorité de concordances inutiles chez les écrivains sages.
    J’ai appris que ce Gilbert, qui depuis seize ans a déjà fait deux voyages en France, allait en faire un troisième, et cette fois pour s’y fixer (Dumas).
    Ici, je comprends vraiment mal que l’auteur ait choisi une bête concordance des temps alors qu’un « va en faire un troisième » aurait été beaucoup plus fort, plus informatif, plus définitif. Mais Dumas fait partie de ces auteurs qui écrivent sans génie ni entorses à la grammaire facile, qui écrivent comme un correcteur orthographique, sans saisir aucune occasion de nuance particulière. D’autant plus qu’il y a une relative au passé composé, ancrant l’information dans le présent, il pouvait continuer au présent (J’ai appris que ce Gilbert, qui depuis seize ans a déjà fait deux voyages en France, va en faire un troisième, et cette fois pour s’y fixer), mais non. C’est Dumas.
    Stendhal en revanche écrit :
    J’ai appris que leur nuit a été des plus singulières.
    Et je trouve le style beaucoup plus fort. Que pourrait bien signifier un bête « leur nuit avait été » ? Cette tournure aurait ressemblé à l’usage d’un subjonctif là où tout appelle l’indicatif.
    Maintenant, je me doute que vous n’êtes pas en train d’écrire un roman, mais justement, ne mettez pas des formes pseudo-littéraires ou des concordances conventionnelles là où votre lecteur ne les attend pas, vous ne feriez qu’ajouter au malheur du monde.

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  • Maître Demandé le 26 avril 2019 dans Général

    C’est le meilleur livre qui soit, c’est la femme la plus heureuse qui soit, elle a la vie la plus heureuse qui soit…
    Comme superlatif se référant à des éléments extérieurs, d’autres livres, d’autres femmes, d’autres vies, « qui soit » veut dire « parmi ce qui existe ».
    Il n’y a pas de possibilité de tournure impersonnelle justifiant le « qu’il soit » : le livre qui, la femme qui, la vie qui, sont vraiment les sujets de « soit ».
    Sur le lien de LaurenceA, je vois que jean bordes affirme qu’on peut écrire « qu’il soit », mais je ne comprends pas, j’imagine que c’est une erreur de sa part.

    Complément 1. Comparaison avec d’autres vies, ou degré de bonheur dans votre vie ?
    Dans votre phrase, je vois plutôt un superlatif de degré, et je pense que la formule « qui soit » est donc inadaptée. On ne dit pas que votre vie doit être plus heureuse que celle des autres, on ne met pas des vies en parallèle pour les comparer. Avec un constat, c’est envisageable, mais pas avec un souhait. On veut plutôt dire « le plus heureuse possible », « le plus heureuse qu’il est possible qu’elle soit »… Vous voyez au passage que « la plus », comparant avec d’autres vies, se transforme en « le plus », un adverbe de degré pour la vie considérée. Et cette façon de dire laborieuse, « le plus qu’il est possible qu’elle soit » ne peut pas se raccourcir en « la plus qui soit ».

    Complément 2. L’article pour le mot « vie ».
    On dit plutôt : je vous souhaite une longue vie et non je vous souhaite la longue vie.
    On utilise l’article défini quand il y a comparaison. Mais si vous acceptez le complément 1, alors comme ici on ne compare pas votre vie à une autre, l’article doit être indéfini : vous avez eu la vie la plus longue de tous mes amis, mais je vous souhaite une vie le plus longue possible.

    Qu’écrire ?
    Si vous tenez vraiment à ce que soit une compétition, une comparaison avec les vies malheureuses, et au présent bien qu’on envisage l’avenir, vous pouvez écrire :
    — Je vous souhaite la vie la plus heureuse qui soit.
    Si comme moi vous pensez que « la plus heureuse » signifie en fait « le plus heureuse possible », vous pouvez écrire :
    — Je vous souhaite une vie le plus heureuse qu’il est possible.
    Et en conclusion, ma préférence irait à une tournure différente :
    — Je vous souhaite une vie des plus heureuses.
    (Et là, on se posera la question : si ce n’est pas une comparaison mais un degré de bonheur, alors pourquoi un « s » à « heureuses » ? Mais la réponse est simple, c’est parce que c’est comme ça, par convention, sauf pour quelques-uns qui préfèrent le singulier dans le cas d’un degré.)

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