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  • Érudit Demandé le 1 mars 2020 dans Conjugaison

    « Peut-être » (avec son verbe « peut » conjugué au présent) pourrait être le signe que vous racontez au présent, mais cela ne préjuge pas du temps de ce que vous racontez (peut-être qu’il est venu, peut-être qu’il viendra).
    Et encore, même si logiquement cela veut dire « il se peut que », l’expression est devenue tellement neutre en matière de temps qu’elle peut aussi bien signifier « il se pouvait que » ou « il se pourra que ».
    J’utiliserais personnellement ce « peut-être » comme j’utiliserais « sans doute », c’est à dire comme un adverbe sans aucune connotation de temps.
    Autant dire que cet adverbe « peut-être que » n’a aucun impact sur les temps de votre phrase. Conjuguez comme si cet adverbe n’existait pas, ou comme si vous le remplaciez par « éventuellement », « sans doute que »…

    Ne tenez pas compte du « peut-être » et choisissez : ils vivaient, ils vivent, ils vivront, ils vivraient… selon l’histoire.
    Pour « ils vivaient », « ils vivent », « ils vivront », c’est simple : passé, présent, futur.

    Votre question porte donc certainement sur « ils vivraient ».

    Voyons quatre cas.

    S’il y a une hypothèse exprimée dans un récit au présent.
    * 1 J’hésite. Si j’abandonnais, peut-être qu’ils vivraient…
    * 2 J’hésite. Si j’abandonne, peut-être qu’ils vivront…
    Les deux constructions sont possibles (si je lui parlais il répondrait, si je lui parle il répondra)

    S’il y a une hypothèse exprimée dans un récit au passé.
    * J’hésitais. Si j’abandonnais, peut-être qu’ils vivraient…
    Une seule possibilité. Il s’agit de la transposition dans le passé du cas 2 ci-dessus.

    S’il n’y a pas d’hypothèse exprimée dans un récit au présent.
    * Personne ne sait. Peut-être qu’ils vivront…

    S’il n’y a pas d’hypothèse exprimée dans un récit au passé.
    * Personne ne savait. Peut-être qu’ils vivraient…

    Si vous êtes dans ce quatrième cas, sachez que ce conditionnel représente simplement un « futur dans le passé« , qu’il est normal et logique, et n’est pas du tout lié à la présence de l’adverbe « peut-être que » ni à une condition exprimée. On appelle ce temps conditionnel, mais ce n’est qu’un futur dans le passé, et il n’est lié à aucune condition. Peut-être qu’ils vivraient… Il était certain qu’ils vivraient… on conjugue pareil. C’est le temps passé du récit qui demande de remplacer le futur par du « conditionnel ».

    Cette réponse a été acceptée par qelizhus. le 1 mars 2020 Vous avez gagné 15 points.

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  • Érudit Demandé le 1 mars 2020 dans Général

    Réponses à plusieurs interventions de @mis-en-trope

    A) Les bonbons

    a) J’ai répondu à la question sur les bonbons parce que vous avez fait une objection sur le nombre de bonbons en pensant apparemment que je me posais la question « quoi » ou « combien », question que ne me suis jamais posée : un ou trois bonbons, une ou trois années peuvent être des compléments d’objet, que la question soit quoi ou combien. J’espère que vous ne me soupçonnez pas de penser que dans « manger trois bonbons » il y a un complément de mesure. Je suis limite en grammaire, mais pas à ce point-là.
    Je pense que votre « oui, et ? » répond davantage à votre objection hors sujet qu’à ma réponse à votre objection.

    b) Je ne sais que penser de votre phrase :
    — Combien d’années a-t-il passé loin de ses amis ?
    Vous voulez me montrer que vous êtes d’accord avec moi, que « combien d’années » n’est pas un cod mais un complément de mesure dont l’unité est l’année, en n’accordant pas ? Ou c’est juste une erreur d’écriture (malgré tout révélatrice) ?

    c) Les trois bonbons-unités cod avec un verbe comme dépenser, c’est vrai, je m’étais déjà fait la réflexion sans formaliser la réponse (même si j’ai une idée sur le sujet).

    B) Le verbe payer

    OK. « Payer » était un mauvais exemple. Ce verbe a la particularité de pouvoir avoir pour complément un objet ou un prix. Et même quand il s’agit d’un prix seul, ce prix est un cod et non un complément de mesure.
    — Les dix euros que j’ai payés.
    — Les trois livres que j’ai payés.
    C’est quand on a les deux compléments potentiellement cod qu’on décide que le cod-objet reste cod et que le cod-prix devient complément de mesure.
    — Les dix euros que j’ai payé ces trois livres.
    — Les dix livres que j’ai payés trois euros.
    Ce verbe est exceptionnel.

    C) Votre argumentation sur le fond

    En alignant ainsi des présupposés en introduction (vivre est intransitif, passer est transitif), vous résolvez facilement la question. Trop facilement.

    a) Vivre est intransitif.
    OK, je vois ce que voulez dire. Quand il y a un complément qui ressemble à un cod, ce n’est pas forcément un cod.
    Vous ne condamnez quand même pas « l’expérience qu’il a vécue… la vie qu’il a vécue était une belle vie… (parce que malgré tout il existe une construction transitive que vous n’avez pas mentionnée).
    Mais vous condamnez « il était heureux toutes ces années qu’il a vécues en Allemagne » (moi aussi).
    Condamnez-vous de même « les années qu’il a vécues en Allemagne l’ont transformé » ?
    Vous vous êtes parfois demandé s’il y avait une nuance entre le contenu des années, leur richesse, les événements, et le simple complément de temps. N’avez-vous pas tranché trop vite en qualifiant ci-dessus cette nuance de fumeuse ?
    Pouvez-vous résoudre cette question autrement que par l’abrupt « vivre est intransitif ? ».
    Pourquoi condamner directement « les trois années qu’il a vécues en Allemagne » sans vouloir entendre la suite de la phrase ?
    Dans la question de Marisa, partagez-vous avec moi l’idée que vivre est transitif et qu’il faut écrire « ces instants de bonheur que nous avions vécus ensemble » ? Et qu’une absence d’accord reviendrait à un bête « ces instants pendant lesquels nous avions vécu ensemble », avec la simple notion de temps et non de moments vécus ? Si oui, il ne faut pas argumenter par ce sec « vivre est intransitif ».
    Je suis certain que « ces moments » n’est pas un complément circonstanciel.
    Je pense que c’est un complément d’objet.
    Je peux réfléchir à la notion de complément interne (vivre une vie).
    Je peux réfléchir à la notion de complément essentiel de quelque chose mais pas d’objet.
    N’hésitez pas à m’instruire.

    b) Pour ce qui est de la notion de complément d’objet, j’ai cru comprendre qu’on n’avait pas tranché. Au départ, cette notion était sémantique et nécessitait qu’il y ait un objet sur lequel agisse un sujet. Mais de plus en plus c’est devenu une notion syntaxique qui représente « ce qui suit le verbe ». Ne condamnez-vous pas un peu vite la notion sémantique qui est souvent la mienne pour identifier un cod ?
    Je vais passer un an et demi en Allemagne : « un an et demi » n’est pas sémantiquement cod (il n’existe pas « un an et demi » sur lequel je vais agir). C’est ce que j’appellerais, à peu près, complément obligatoire essentiel de durée.
    Maintenant, si pour vous, tout ce qui suit le verbe « passer » est par obligation un cod, ce n’est qu’une approche syntaxique, et « un an et demi » est un cod. Je n’aime pas cette approche, mais je reconnais que vous avez dit clairement que c’était celle que que vous défendiez (en disant que l’approche de mesure n’était que sémantique et non syntaxique).
    Il paraît que c’est Marot qui a inventé l’accord du participe passé avec avoir. Je vous fiche mon billet qu’il l’a fait selon une approche sémantique. Existe-t-il un an et demi qui va être passé par moi ? Non, donc Marot n’aurait pas accordé.

    c) Passer est transitif.
    Sur l’utilisation actuelle du verbe passer, j’admets que vous avez hélas raison concernant la construction que vous privilégiez au détriment du sens.
    Mais permettez-moi ces réflexions.
    * Mise à la voix passive : on peut dire cette expérience a été vécue, ou cette année a été passée, ce sont bien des cod.
    * Pronominalisation : on peut dire cette expérience, je l’ai vécue, ou cette année, je l’ai passée, ce sont bien des cod.
    * Oui mais uniquement pour parler de la chose, de l’année avec ses événements, de l’expérience…
    Car on ne peut pas parler ainsi de la durée. Ce qui donnerait :
    — L’an et demi (durée) a été passé… Sonne faux
    — Cet an et demi, je l’ai passé à… Sonne faux
    L’an et demi n’est pas un un objet mais une durée.

    D) Alors ?

    Pour nous mettre d’accord, il faut que l’un d’entre nous déroge à une de ses règles.
    * Soit j’admets qu’on ne peut pas mettre un complément de durée devant « passé » (l’an et demi que j’ai passé), puisque « passer » est transitif un point c’est tout.
    * Soit vous admettez que « passer » peut admettre non seulement un cod (représentant les instants passés) mais aussi parfois un complément de durée qui n’est pas cod.

    @Marisa, si vous avez posé la question, c’est que vous avez conscience de ces nuances possibles et que vous demandez que ce soit tranché formellement. Ça nous prendra un an s’il le faut (« un an » est-il cod de « prendra » ?), mais on vous répondra.

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  • Érudit Demandé le 28 février 2020 dans Accords

    « Lilas » prend un « s », même au singulier.
    « Rose », contrairement à « orange » et « marron », prend un « s » au pluriel.
    Il est donc possible de répondre à votre question, mais ne regardez que l’accord de « rose(s) ».

    La règle plus ou moins arbitraire est :
    S’il y a des dessins roses et des dessins lilas, on écrit :
    — des dessins roses et lilas (des dessins roses et de dessins lilas)
    Si les dessins comportent à la fois du rose et du lilas, on écrit :
    — des dessins rose et lilas (chaque dessin est à la fois rose et lilas)

    Comprenez également le sens du mot « motif ». Souvent, chaque petite tache de couleur n’est pas un motif, mais le motif est l’ordonnancement des taches de couleur en elles.

    (a) Sur une tapisserie abstraite mais assez régulière, il n’y a pas des motifs, mais un motif :
    — le motif rose et lilas de la tapisserie.

    (b) Si vraiment il y a des petits dessins roses et des petits dessins lilas, bien séparés entre eux, acceptons le mot motifs au pluriel, et écrivez :
    — les motifs roses et lilas de la tapisserie

    (c) S’il y a plein de petits dessins séparés entre eux qui sont chacun d’un mélange rose et lilas, vous pouvez écrire :
    — les motifs rose et lilas de la tapisserie
    Mais si tous ces petits dessins sont identiques et juxtaposés, chacun ne constitue pas un motif en soi, il n’est qu’un petit dessin participant au motif global. Auquel cas il faut revenir au (a) au singulier.

    Postez une photo de la tapisserie. On vous dira.

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  • Érudit Demandé le 28 février 2020 dans Accords

    Si chaque porteur porte des projets, le pluriel est évident. Et évidemment votre question ne porte pas sur cela, ce serait idiot.
    Si vous posez la question, c’est que chaque porteur porte un projet, mais vous demandez : si chaque porteur a un projet et qu’il y a plusieurs porteurs, il y a forcément plusieurs projets, alors faut-il un pluriel ?
    Si vous vous demandez si le pluriel de « porteur-de-projet » est « porteurs-de projets », la réponse est non. Mettez évidemment porteur au pluriel, mais choisissez pour projet.
    Vous voudriez un pluriel ? n’y renoncez pas au prétexte qu’il n’y en a qu’un par candidat.
    Vous voudriez un singulier ? n’y renoncez pas au prétexte que ça fait en tout plusieurs projets.

    On peut singulariser :
    Ils passent devant un jury, chacun avec son projet.
    Tous présentent leur projet.
    Les porteurs de projet ont défilé.

    On peut considérer globalement tous les porteurs et tous les projets, dans un salon d’entreprise :
    Nous avons reçu plein d’entrepreneurs, plein de projets.
    Les porteurs de projets affluaient dans la salle.

    Ceux qui portaient les projets ou ceux qui portaient leur projet ? Choisissez.

    Donc pluriel pour une vision extérieure de l’appel à projets. Si votre institution s’occupe de primes aux projets, globalisez en mettant projet au pluriel : tous ces gens qui nous apportent des projets.

    Et singulier pour montrer le rapport « chacun avec son projet » : les porteurs de projet doivent s’enregistrer à l’avance.

    Dans votre exemple, le service d’accueil me semble recevoir les projets portés par une  (des) personne(s) davantage que les personnes elles-mêmes qui ont chacune un projet. Je mettrais le pluriel.
    Pour montrer qu’on accueille chaque personne individuellement, je mettrais « les personnes qui portent un projet », « les porteurs d’un projet ».

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  • Érudit Demandé le 28 février 2020 dans Général

    Idées pour la question 3 (je commence avec la règle de mis-en-trope selon laquelle on accorde avec le cod, je conclue avec la règle du complément essentiel de mesure, de durée, qui pourrait demander l’invariabilité) :

    On sait que « que » ne représente pas forcément un cod, mais parfois un cc.

    Intransitif :
    — Les deux jours que nous avons voyagé sont ceux que que nous avons préférés.
    Évidemment, dans « voyager deux jours », « deux jours » n’est pas cod mais signifie « pendant deux jours », et on n’accorde pas.
    Transitif :
    — Les deux jours que nous avons préférés sont ceux pendant lesquels nous avons voyagé.
    Évidemment, dans « préférer deux jours », on a préféré deux jours et non préféré pendant deux jours, « deux jours » est cod, et on accorde.

    Certains verbes peuvent être utilisés transitivement ou intransitivement.
    Avec un verbe comme « courir », c’est assez facile à distinguer.
    Transitif courir : courir le marathon, courir deux marathons…
    — Les deux marathons que nous avons courus ; on accorde parce que « les deux marathons » est un cod.
    Intransitif courir : je cours = je me déplace en courant.
    — Les deux jours que nous avons couru ; « que » signifie « pendant lesquels », et on n’accorde pas parce que « les deux jours que » n’est pas cod.
    Si on réussit à mettre un autre mot que « que », comme « pendant lesquels », ce n’est pas un cod.
    Même chose avec « vivre ». J’ai vécu une aventure = L’aventure que j’ai vécue.
    — Les dix ans que j’ai vécu cette aventure.
    C’est simple ici parce que le cod « aventure » est bien visible, et « les dix ans » ne peut être qu’un cc.
    Mais si au lieu de « vivre une aventure », on écrit « vivre en Bretagne », « en Bretagne » étant un complément obligatoire pour le sens, mais pas un cod, il y a de quoi réfléchir. On peut écrire :
    — Les dix ans que j’ai vécus en Bretagne furent une merveilleuse période.
    — Les dix ans que j’ai vécu en Bretagne, j’étais très heureux.

    Le verbe « passer » se comporte-t-il comme le verbe « vivre » ?
    On peut vivre tout court (je vis), mais on ne peut pas passer tout court (je passe). Quand il est question d’une époque, vivre peut s’accompagner ou se passer d’un cc de temps (j’ai vécu dix ans ici ou j’ai vécu ici), mais « passer » appelle a priori un cod obligatoire (j’ai passé dix ans ici, j’ai passé ici ne suffit pas, j’ai passé quoi ?). Qui oserait dire qu’un complément de temps non supprimable est un cc ? Donc « dix ans » est un cod et on accorde.
    C’est je pense la règle exposée par mis-en-trope.

    Si « passer est transitif direct », comme le disent les dictionnaires, son complément ne peut être qu’un cod, et comme il s’agit d’un complément obligatoire, ce ne peut pas être un cc de temps signifiant « pendant lesquelles » (le cc est supprimable).
    Si une construction du type « les deux jours que j’ai passé mon temps à chercher une solution » était valide, alors on n’accorderait pas : « les deux jours » serait un cc et « mon temps » serait le cod.
    Mais non, dans cette phrase, ce n’est pas seulement qu’on peut remplacer « que » par « pendant lesquels », mais c’est qu’il faut obligatoirement le faire. On est devant un complément obligatoire.

    Mais alors, pourquoi trouve-t-on tant d’articles et de réponses qui font la nuance, dans ce cas ?

    L’explication du journal du net me convaincrait si on pouvait identifier un cod ailleurs.
    — Les quatre heures que j’ai passé dans la circulation.
    « Les quatre heures que » est cc, admettons. Mais où est le cod alors ?
    Y aurait-il des constructions intransitives de « passer » ? (oui il y en a, mais leurs sens ne sont pas celui de votre question, oublions). On peut vivre ou courir, sans vivre quelque chose ou courir quelque chose, mais peut-on passer, sans passer quelque chose ?
    La meilleure réponse pour défendre l’invariabilité est que le complément obligatoire de « passer » n’est pas un complément d’objet mais un complément de mesure.
    — Les deux euros que m’a coûté ce muscadet (complément de mesure)
    — Les ennuis que m’a coûtés ce muscadet (complément d’objet)
    — Les dix ans que la chose a duré (complément de mesure)
    — Les dix ans que j’ai passé (complément de mesure)
    — Les dix ans que j’ai passés (complément d’objet)
    Mais alors il faut qualifier clairement « dix ans » de complément de mesure. Et l’auteur des « quatre heures que j’ai passé dans un embouteillage » fait une grosse erreur en qualifiant les « quatre heures » de complément circonstanciel.
    L’auteur doit se mettre d’accord avec lui-même :
    * Il y a un cod ailleurs et « quatre heures » peut bien être un cc.
    * Il n’y a pas de cod, et « quatre heures » est un complément de mesure.
    Le « complément obligatoire de mesure de temps », qu’on me dise que ce n’est pas un cod, je pourrais l’admettre, mais si on nous dit en même temps que c’est un complément circonstanciel non obligatoire, c’est totalement contradictoire.
    L’auteur a fait une erreur.

    Le participant qui met en parallèle période et durée dit une chose qui me semble très cohérente, mais il aurait dû préciser clairement que la période est complément d’objet, et que la durée est complément essentiel de mesure.
    — A-t-il passé du bon temps ? Oui, les deux heures qu’il a passées ici étaient formidables.
    — Combien de temps a-t-il passé ici ? Deux heures. Les deux heures qu’il a passé ici ont suffi à…
    Dans cette logique, souvent défendue, vous pouvez écrire :
    — Les deux jours que nous avons passés à écrire ce rapport ont été deux jours difficiles.
    — Les deux jours que nous avons passé à écrire ce rapport sont finalement une durée plus courte que prévue.

    Il nous faut maintenant trouver dans un livre, formellement, l’idée que « passer », comme « coûter », peut introduire parfois un complément essentiel de mesure, et parfois un complément d’objet direct.

    Le cours du Projet Voltaire en parle-t-il ?

    Je suis persuadé que mes exemples vous ont fait approcher la question, mais il serait bon de trouver une démonstration de grammairien qui non seulement expose des exemples pour les deux constructions possibles, mais également prenne la peine de donner des noms selon les cas aux fonctions de ces compléments de temps : quand sont-ils complément d’objet, complément de mesure, ou complément circonstanciel.

    Pour votre exemple :
    a) — Je m’interrogeais sur ces deux années que Jean avait passé(es) loin des siens.
    Ma réponse :
    — Qu’avait-il fait de tout ce temps ? Je m’interrogeais sur ces deux années que Jean avait passées loin des siens.
    — Combien de temps avait-il été éloigné ? Je m’interrogeais sur ces deux années que Jean avait passé loin des siens. Je m’interrogeais sur cette durée, sur ces deux longues années que Jean prétendait avoir passé loin des siens.
    b) — ces instants de bonheur que nous avions vécus ensemble
    Ma réponse :
    Pluriel obligatoire : « ces instants de bonheur » n’est pas une durée mais la réalité, le contenu de ces instants de bonheur : c’est un cod et non un complément essentiel de durée  (vivre une aventure et non vivre dix ans).

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  • Érudit Demandé le 24 février 2020 dans Question de langue

    Il ne faut pas répondre la première chose qui nous passe par la tête.

    La réponse de joelle est une plaisanterie.
    Il n’existe pas de règle « de » ou « des » selon qu’on exprime ou non une quantité. C’est une invention complète.

    La réponse de Tara est horssujète.
    Que l’adjectif soit avant ou après le nom n’est pas la question, et d’ailleurs il n’y a pas d’adjectif dans votre phrase. On compare bien des constructions avec des substantifs : Il y a des gens, il n’y a pas de gens / Il y a des masses, il n’y a pas des masses. Peut-être qu’elle écrit ça justement pour se moquer de la réponse précédente.

    La réponse de mis-en-trope est intéressante mais insuffisante.
    Je n’ai pas de chemises bleues (ou pas de chemise bleue), je n’ai que des chemises blanches.
    La réponse ne porte pas sur les chemises mais sur leur couleur, et pourtant on dit « de chemises bleues ». Mettre « des » serait une insistance sur le nombre, et ce serait une autre question.
    Il reste donc à expliquer pourquoi avec « chemises bleues », on peut construire comme si c’était une négation totale (pas de chemises-bleues) et non une négation partielle (des chemises mais pas bleues) alors que le sens de la phrase indique nettement que la question qui se pose est celle de la couleur et non de l’existence des chemises.

    Malgré tout, l’idée de négation partielle entre certainement en jeu. Début d’explication sur « totale » ou « partielle ». « Vient-il » = interrogation totale. « Quand vient-il » = interrogation partielle. L’interrogation partielle ne porte pas sur le verbe (il y a, il n’y a pas) mais sur un complément (il y a des choses qui sont, il y a des choses qui ne sont pas). C’est cela qui compte ici. La question ou la négation ne porte pas sur le verbe mais sur une caractéristique du complément du verbe.

    Il faudrait creuser le fait qu’ici c’est masses qui caractérise gens et non gens qui caractérise masses. Et réussir à le formaliser.

    Espérez que la réponse suivante sera la bonne.

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  • Érudit Demandé le 21 février 2020 dans Général

    @mis-en-trope réponse 6.
    Ce n’est pas une question de langue. L’UTF-8, par exemple, n’est pas spécifique au français. Il se veut universel. Si vous pensez qu’il existe dans l’UTF-8 un caractère qu’on puisse appeler « i majuscule avec son point », alors vous devriez pouvoir nous le montrer, en donner le code, ou sinon le trouver dans autre système que UTF-8 si mon système est insuffisant… Prenez même, s’il existe, un codage spécifiquement turc, et montrez-nous cette lettre « i majuscule avec son point ». Si vous trouvez le dessin d’une lettre qui y ressemble, vous ne pourrez pas l’appeler « i majuscule avec son point », car pour eux ce signe représentera un « t aspiré avec liaison sur la consonne précédente ». Ce serait comme si un Chinois disait que le « i majuscule » et le « l minuscule » de l’alphabet latin sont une même lettre au prétexte qu’elles s’écrivent pareil.
    La question ne porte pas sur le graphisme, le dessin, la ressemblance, mais sur l’accentuation par un point de la lettre i. Le point sur le i n’est pas un accent, ce n’est pas un signe diacritique, donc il n’existe pas de « i majuscule avec un point dessus », et il n’en existera jamais.
    Mais on peut toujours le dessiner avec la bonne police de caractères, c’est une autre histoire.

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  • Érudit Demandé le 21 février 2020 dans Accords

    Bonjour Prince réponse 4,

    Pourquoi coi et non cos ? Parce que c’est un coi et qu’on se fiche pas mal que ce soit en plus un cos. La seule chose qui compte ici est que ce soit un coi. Il n’existe d’ailleurs aucune règle grammaticale spécifique pour les cos. En donnant une règle qui s’appliquerait spécifiquement aux cos, vous feriez une grossière erreur grammaticale.

    Pourquoi sans points ni majuscules ? Parce que c’est une abréviation. Cherchez ce mot dans un dictionnaire. Mais je vois qu’on part de loin. Je vais tenter de vous instruire.

    L’abréviation c.o.d. ou cod n’est certainement pas un sigle comme vous le prétendez. SNCF est un sigle qui désigne une entreprise, avec des points éventuellement, et sans points dans l’usage moderne. Mais l’abréviation « cod » pour « complément d’objet direct », la lettre « l » pour « litre », ou les deux lettres « fr » pour « français » ne sont pas des sigles.

    Vous écriviez tout à l’heure « qqch » pour « quelque chose », quand le Grevisse écrit « qq. ch. » et vous ne savez pas ce qu’est une abréviation ? Qu’est-ce qui vous chagrine ? Et quand un autre utilise « qc » pour « quelque chose », il faut des points ? des majuscules ? des espaces ? Il n’existe pas de liste normée des abréviations en français. L’abréviation est une façon d’écrire plus vite en moins de place. L’abréviation « cod » est courante et non susceptible de confusion. La découvrez-vous aujourd’hui ?

    Votre problème c’est les majuscules ? L’abréviation « COD » (que j’utilise en contexte d’insistance ou devant une personne qui risquerait de la confondre avec un mot) peut passer, mais dans un texte on ne voit alors plus qu’elle. Les majuscules pourquoi pas, mais seulement  par exception. Ainsi, on utilise normalement « l » pour « litre », mais « L » parfois pour une meilleure lisibilité sur un emballage. C’est uniquement par dérogation à la règle. Pour une habituée du site, j’utilise « cod ». Aucune règle n’impose les majuscules aux abréviations, au risque même de sous-entendre un nom propre ou une emphase. Avez-vous écrit « QQCH » ou « Qq-Ch » ou « Qqch » pour bien montrer l’abréviation ? Où avez-vous vu que les abréviations de noms communs prenaient des majuscules ? Si après plusieurs années vous n’avez jamais contesté « COD » fréquent sur ce site mais que vous contestez « cod », c’est bien une histoire de majuscules, alors justifiez les majuscules.

    Votre problème est que mon abréviation reprend les premières lettres de trois mots donc est un sigle ? Avez-vous déjà lu « çàd » pour « c’est-à dire » ? Ce n’est pas un sigle mais une simple abréviation. Et si l’abréviation reprenait des lettres intermédiaires, « ppl » pour « proposition de loi » et « pjl » pour « projet de loi, » abréviations on ne peut plus classiques, ça changerait quoi ? Ou « l » pour litre ? on n’y met le plus souvent ni point ni majuscule. On peut abréger une expression avec des initiales comme avec des lettres internes aux mots sans pour autant y mettre des majuscules. Rien à voir avec les initiales.

    Mais « l » est officiel alors que « cod » ne l’est pas ? J’abrège ce que je veux quand je veux. J’écris dans ma boutique « abr » pour « abricots », « fr » pour « français » et « gc » comme jugement. Pas de majuscules pour ces abréviations bien que la dernière soit formée sur des initiales.

    Votre problème c’est les espaces ? Savez-vous que l’écriture classique imposait des espaces entre chaque mot abrégé par une initiale et un point ? (P.-D. G.). Ecrivez donc alors « C. O. D. » selon cette règle.

    Votre problème est la prononciation ? Devant « i.e. », prononcez-vous « iheu » ou « id est » ? Pourtant les deux lettres sont bien détachées graphiquement. Non, « cod » ne se prononce ni « code » ni « céodé » mais « complément d’objet direct », est-ce si difficile de concevoir l’idée même d’abréviation ? Savez-vous comment on prononce l’abréviation « etc. » ? Si non, votre lecture à voix haute doit être difficile. Comment prononcez-vous « député untel (NI) » ? Vous le prononcez « non inscrit » et non « ni ». Un peu de culture suffit à cela. Avez-vous déjà entendu quelqu’un dire « un el » pour « un litre » quand on écrit « 1 l » ou « cucucéhache » en lisant « qqch » ?
    Quand vous prononcez « c.o.d. » « céodé » et lisez au chapitre suivant « c.o. », prononcez-vous « céo » ou « complément d’objet » ? Mettez en parallèle les raccourcis que vous faites à l’oral et ceux que vous faites à l’écrit.
    J’irais plus loin : plus vous prononcez céodé, plus vous oubliez le sens des mots, c’est ainsi qu’on trouve sur ce site des cas où vous avez qualifié de « céodé » des choses qui ne sont même pas des compléments d’objet mais des attributs au prétexte que c’était la réponse à « quoi ». On ne s’occupe pas de grammaire avec des sigles mais avec du sens. Il ne faut jamais oublier le mot « objet » dans cod.

    Vous pensez que les abréviations sont soit des sigles soit des acronymes ? C’est rigoureusement faux. Ôtez-vous de l’esprit qu’une abréviation prononçable est un acronyme et qu’une abréviation imprononçable est un sigle. Les abréviations ne sont pas scindables entre deux catégories : les sigles et les acronymes. « Mme » n’est ni un sigle ni un acronyme. Comment le prononcez-vous ? Les abréviations « ppl », « etc. » « i.e. » sont-elles des sigles ou des acronymes ? Aucun des deux.

    Si ce sujet des abréviations, des sigles, des acronymes, des points, des majuscules et des espaces vous intéresse, ouvrez une question sur le sujet, vous trouverez plein de gens pour vous répondre. Ce sera plus correct que de parasiter une question pour laisser dégouliner votre ignorance. Si vous ne savez pas, vous ouvrez une question. On ne manque pas ici d’experts qui sauront vous répondre.

    Je vous invite également à respecter le principe du site, et à utiliser la fonction « commentaire » et non la fonction « réponse » pour toute intervention qui ne répond pas au demandeur. On n’est pas ici sur forum-ados.com.

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  • Érudit Demandé le 21 février 2020 dans Général

    Différence entre « familier à » et « familier de » :
    — Ce concept est familier aux chercheurs.
    — Les chercheurs sont familiers de ce concept.
    Le changement de préposition inverse le sens de l’adjectif.
    — Ce climat est familier aux voyageurs.
    — Les voyageurs sont familiers de ce climat.

    « Familier avec » amène un autre sens : se comporter familièrement.
    — Les chercheurs sont familiers avec les chercheuses.
    Utiliser « familier avec » au sens de « familier de » (les chercheurs sont familiers avec ce concept) se dit parfois mais est une faute de sens (ou alors une image ?).

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  • Érudit Demandé le 21 février 2020 dans Accords

    Oui. Accordez avec le cod « ce que ».
    La forme normale est enseigner quelque chose à quelqu’un.
    (J’ai bien compris que « me » est féminin.)
    — Les choses qu’on m’a enseignées.
    — Ce qu’on m’a enseigné.
    Le pronom « me » n’est pas un cod mais un coi (le cod est « ce que », ou « ce », ou « que mis pour ce », bref un neutre emportant le masculin singulier).
    On n’accorde pas avec le coi « me ».

    Dans un dictionnaire de 1734, je trouve la construction « enseigner quelqu’un », comme on instruit quelqu’un, comme on initie quelqu’un. Dans ce cas, on pourrait écrire « il m’a enseignée ». Mais d’une part cette construction n’existe plus, et d’autre part vous avez indiqué clairement votre cod (ce que), donc votre « me » est obligatoirement un coi, qui n’emporte pas l’accord.

    @bg
    Le participe passé n’est pas invariable, il s’accorde avec son cod « ce que », donc au masculin singulier, comme il pourrait s’accorder avec « celles que », donc au féminin pluriel. Le mot « invariable » n’est absolument pas synonyme de « masculin singulier ».

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