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  • Maître Demandé le 3 septembre 2019 dans Accords

    Bonjour Nobuko,

    Vous avez un peu fait le tour du problème, et je dirais que toutes vos phrases (des deux messages) sont bonnes, mais je vous propose quelques éléments plus formels, qui vous inciteront peut-être à faire la part des choses entre plusieurs points de grammaire que votre question soulève.

    Vous demandez : quelle fonction : adjectif ou pronom ?
    Vous avez raison de chercher les fonctions des mots, mais vous nous proposez comme réponses des natures (adjectif, pronom). La nature du mot « aucune » n’a pas en soi d’importance, elle n’est qu’un indice. L’adjectif utilisé adverbialement, le verbe transitif utilisé intransitivement, le substantif apposé servant d’adjectif, l’adverbe utilisé comme un nom… montrent que ces nomenclatures sont inutiles. À la limite, la nature sert à entamer un classement des mots, ou à faire découvrir des notions aux plus jeunes, mais la seule chose qui importe est la fonction syntaxique du mot dans la phrase.
    Dans la phrase « j’ai deux stylos, un bleu et un rouge », « un bleu » peut être considéré comme un pronom suivi d’un adjectif ; ou comme un adjectif indéfini (déterminant), avec ellipse du nom (stylo), suivi d’un deuxième adjectif. On voit généralement « un » comme un pronom, mais les deux interprétations reviennent exactement au même.
    — Des fiançailles ? Aucunes ne seront célébrées…
    — Des vacances ? Aucunes ne pourront être prises en été.
    — Des décisions ? Aucune ne pourra être prise avant…
    Nous sommes dans ce cas. C’est parfaitement accordé. Pronom ou adjectif sans nom, c’est kif-kif. On dit plutôt que c’est un pronom, mais il se comporte exactement comme un déterminant sans nom, un adjectif indéfini avec omission du nom (mais on pourrait ne pas omettre le nom)… Et sa fonction est ici : sujet.
    Dans les autres exemples, vous voulez en fait savoir si le mot sert de complément à un autre (ce que vous appelez adjectif) ou s’il est autonome et porte une fonction dans la proposition par-lui même (ce que vous appelez pronom), on avait bien compris, mais ça va mieux en le disant. Ci-dessous j’utiliserai parfois les mêmes mots que vous.

    Vous n’avez pas demandé : avec le pronom cod « en », n’y a-t-il pas une contradiction flagrante entre la règle de non-accord du participe passé et la règle selon laquelle l’adjectif s’accorde avec le sens de l’élément auquel il se rapporte ? On la voit par la proximité du participe non accordé parce que « en » est partitif donc singulier, et de l’adjectif au pluriel parce que quand même c’est du pluriel.
    — Les stylos ? je les ai choisis bleus.
    — Des stylos ? j’en ai choisi un, j’en ai choisi un bleu.
    — Des stylos ? j’en ai choisi deux, j’en ai choisi deux bleus, j’en ai choisi qui sont bleus.
    Eh bien oui, il y a d’abord deux règles arbitraires que vous maîtrisez apparemment parfaitement, celle de l’accord du participe passé avec le cod antéposé, et l’exception à cette règle quand le cod est « en » ; et ensuite une règle logique, celle de l’accord de l’adjectif avec ce qu’il qualifie ou détermine.
    Il suffit d’appliquer ces trois règles, aussi absurdes que soient les deux premières.
    Donc surtout, n’accordez pas le participe passé, parce que « en » est singulier. Mais plus important encore, accordez l’adjectif, parce que finalement « en » porte un sens pluriel.
    On aimerait chercher une logique (et vous avez commencé à le faire) en disant que le vrai cod est derrière le verbe, que « deux » est ici un pronom postposé (tandis que « en », puisqu’il faudra bien lui chercher une fonction, ne serait qu’un complément signifiant « parmi ceux-ci »), mais le dernier exemple (j’en ai choisi qui sont bleus) montre que ce n’est pas une bonne explication puisque rien dans cette proposition ne peut passer pour un vrai cod. Et comme vous le dites, « que représenterait alors le mot en ? », puisque nous avons tellement l’habitude de le considérer comme le cod grammatical.
    Si on est certain que le mot (aucun, un) ne se réfère à aucun autre mot de la phrase, on peut bien l’appeler pronom cod (un déterminant sans substantif), mais ce n’est pas le cas ici, conservons-lui donc sa fonction de complément du mot « en ». L’adjectif numéral « deux » s’appliquant à « en », il n’est manifestement pas autonome (pas pronom) mais complément de « en » (adjectif). Le pronom « en » est bien cod, et ce qui suit le verbe est bien un adjectif, un déterminant, une relative déterminative, ou qu’importe, mais en tout cas complément de ce mot « en ». C’est ainsi que dans l’exemple ci-dessous, « aucunes » est un adjectif si vous considérez que « en » est cod.
    — Des vacances ? Je n’en ai pris aucunes.
    C’est idiot mais c’est bon.

    Sur le pluriel en début de phrase.
    — Des décisions ? aucune n’a été prise, une seule a été prise, trois ont été prises… je n’en ai pris aucune, j’en ai pris une seule, j’en ai pris trois, j’en ai pris qui t’étonneront.
    Le début de votre phrase lui donne du sens, mais il y a une claire rupture syntaxique à la ponctuation. Le pronom « en » représente ce que vous souhaitez qu’il représente dans votre proposition principale. Ce n’est pas du tout un pronom qui « reprend » formellement le mot précédent. Il ne faut pas se focaliser sur cette question, ces ruptures sont très fréquentes et justifiées par une évolution de sens entre le début et la fin de la phrase (on envisageait le pluriel au départ mais c’est le singulier qui est affirmé par le verbe principal de la proposition, et c’est la proposition qui doit être syntaxiquement bien constuite).

    Vous demandez : aucune ou aucunes ?
    Puisque le pluriel est fortement déconseillé quand on peut s’en passer, n’utilisez le pluriel que quand le sens du mot l’exige. Mais dans tous les cas utilisez les principes ci-dessus. Si l’adjectif est au pluriel, le pronom sera au pluriel, puisqu’au fond, syntaxiquement, c’est la même chose.
    Cette difficulté classique mais assez simple sur le mot « aucun » a été mêlée au problème du rapport avec le pronom « en » parce que « aucun » est un mot que vous avez trouvé qui peut être singulier ou parfois pluriel, adjectif ou pronom.
    Mais pour décomposer la question, on aurait pu poser la question avec deux mots différents : « un » et « plusieurs ».
    — Des stylos ? J’en ai choisi un.
    -> « un » est-il un adjectif numéral (servant de déterminant) ou un pronom ?
    — Des stylos ? J’en ai choisi plusieurs.
    -> « plusieurs » est-il un adjectif (servant de déterminant) ou un pronom ?
    J’aurais fait la même réponse : comme il y a déjà le cod « en », « un » et « plusieurs » ne sont pas des mots qui ont par eux-mêmes une fonction de cod, ils ne sont donc qu’adjectifs-déterminants du pronom « en ».

    Pour continuer votre enquête, plutôt que de multiplier les exemples et les cas particuliers, d’utiliser le mot assez exceptionnel « aucun » qui s’accorde rarement mais parfois quand même, de présenter des phrases qui commencent au singulier et se terminent au pluriel, de prendre pour exemple des expressions qui peuvent modifier l’approche syntaxique (prendre des vacances), de juxtaposer le problème avec celui du participe passé avec l’auxiliaire avoir… je vous conseillerais de poser la question très simple, ici ou à vos livres :
    Dans « des livres, j’en lis plusieurs », quelle sont la nature et la fonction des mots « en » et « plusieurs » ?
    Je crois que le nœud est là : « en » est-il un pronom, mis pour quoi ? « plusieurs » est-il un pronom, mis pour quoi ? « plusieurs » est-il un adjectif ? « en » est-il cod ? « plusieurs » est-il cod ? « en » est-il partitif ou global ?
    Vous croiserez alors des linguistes qui vous diront que « en », quand il est partitif, n’est pas un vrai cod, et que le cod est à suivre sous forme de complément exprimé, pronom ou autre, voire de complément sous-entendu accompagné de son adjectif ; et que quand « en » est réellement cod, il n’est pas partitif, et que les accords (participe passé comme adjectif) devraient logiquement se faire au pluriel. Les règles actuelles sont un peu bâtardes.

    Cette réponse a été acceptée par Nobuko. le 3 septembre 2019 Vous avez gagné 15 points.

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  • Maître Demandé le 26 août 2019 dans Accords

    Bonjour Croche,

    J’ai entendu la nouvelle, avec mon grand-père, mon oncle, mon père et mon petit frère. Ma famille et moi étions folles de joie.
    Oui mais non.

    Je défendrais le masculin pour le sens en ajoutant le pronom « on ». Ma famille et moi on était fous de joie. C’est la composition qui compte.

    Idem avec le pronom « nous ». Ma famille et moi nous étions fous de joie.

    Pour revenir à la première phrase,  je recommanderais l’accord sylleptique, par dérogation à la syntaxe.

    Intercaler un pronom (on, nous) permet de faire la transition plus facilement.

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  • Maître Demandé le 26 août 2019 dans Question de langue

    Bonjour Pascalemarie,

    Pour utiliser le passé antérieur, il faut un texte au passé simple, une action antérieure à une autre, qu’elle soit terminée, et soit articulée avec une action au temps du récit. Autant dire que c’est rare. Ce temps est l’équivalent d’un passé surcomposé dans un texte au présent parlant du passé :
    — Quand il a eu parlé, il s’est incliné. Quand il eut parlé, il s’inclina.

    Ici, il n’en est pas question.
    Le « eût été » est possible dans vos deux phrases. Ce plus-que-parfait du subjonctif est en effet parfois utilisé comme équivalent du conditionnel passé, souvent sous le nom de « conditionnel passé deuxième forme ».
    – Il aurait été plus judicieux de mentir.
    – Le maintien de cette directrice à la tête de l’école aurait été préférable.
    Si c’est ce sens que vous voulez, le passé antérieur est exclu. On peut simplement hésiter entre les deux formes du conditionnel.

    On lit ici ou là que ce sont des équivalents, mais en réalité la deuxième forme est souvent impossible. On ne peut que constater les usages possibles.
    * Avec certains verbes, même dans un récit au présent :
    — Il pleut, j’eusse préféré du beau temps… oui, mais pas : il pleut, j’eusse dû prendre un parapluie (il faut ici écrire j’aurais dû)
    Cette forme dans un récit au présent est donc à limiter à quelques cas de grande subjectivité, et frise souvent l’incorrection sous couvert de style. Mais avec « judicieux » ou « préférable », comme dans vos exemples, c’est possible ; ces phrases sont empruntées mais correctes, le profane y verra de l’élégance, et l’écrivain de la maladresse, les avis sont partagés.
    * Dans un contexte passé et uniquement avec une concordance stricte à suivre :
    — Comme il pleuvait, il eût été préférable que j’emportasse un parapluie… oui, mais pas : comme il pleuvait, il eût été préférable que j’emporte un parapluie…
    * Plutôt à la troisième personne pour éviter les formes en « usse » (ce n’est pas une règle mais un souci de discrétion)

    On ne sait pas dans vos phrases si votre récit est au passé simple.
    Dans un contexte de passé composé, le conditionnel première forme est nettement meilleur.
    — Il a accepté de dire la vérité, alors qu’il aurait été plus judicieux de mentir.
    Si en revanche c’est dans un récit au passé simple, le subjonctif plus-que-parfait passe tout seul.
    — Il accepta de dire la vérité, alors qu’il eût été plus judicieux de mentir.
    En remplaçant « de mentir » par « qu’il mente » ou par « qu’il mentît », le choix est vite fait. « Aurait été » dans le premier cas, et « eût été » dans le » second cas. Il s’agit plus de fluidité que de règles strictes, parce qu’il n’y a pas de règles strictes officielles.

    Cette forme ancienne peut être rapprochée du conditionnel passé, mais aussi d’un temps marquant l’hypothèse. Formellement en français moderne, on dit « si je pouvais, je marcherais ». Mais ce vieux subjonctif s’intègre mal au système actuel et est utilisable des deux côtés du « si ». Si j’eusse pu, j’eusse marché : on voit que ce temps peut subsister dans le sens de l’hypothèse (comme l’imparfait) ou de sa conséquence (comme le conditionnel). N’attendez donc pas de réponse stricte, car quand un auteur veut utiliser ce temps, il pourra toujours le justifier s’il imite correctement des usages anciens.

    Dans vos phrase à la tonalité moderne, et surtout si le constat est fait au présent, c’est le conditionnel passé première forme qui est le meilleur choix.

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  • Maître Demandé le 23 août 2019 dans Conjugaison

    Bonjour VirginieK,

    Vos deux phrases sont bonnes.

    Tout à l’imparfait c’est possible, dans un sens d’injonction, de chantage, d’alternative…
    Marche ou crève. Travaille ou meurs. Tu travailles sinon tu meurs. Elle travaillait ou elle mourait.
    — Elle devait travailler, sinon elle mourait.

    Le conditionnel présent est une bonne solution pour exprimer le futur dans la passé.
    — J’espère que c’est ouvert, sinon je reviendrai demain.
    — J’espérais que c’était ouvert, sinon je reviendrais le lendemain.
    — Elle doit travailler, sinon elle mourra bientôt.
    — Elle devait travailler, sinon elle mourrait bientôt.

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  • Maître Demandé le 22 août 2019 dans Accords

    Bonjour FGUILLOT,

    Il y a des cas où l’adjectif peut porter sur la quantité ou sur la chose. On accorde alors selon qu’on veut « insister sur » l’une ou l’autre.
    — Les deux tonnes d’acier nécessaires à cette construction… Quelle quantité ! (acier sert de complément du nom à tonne)
    — Les deux tonnes d’acier nécessaire à cette construction… Quel beau matériau ! (une tonne sert de déterminant à acier)
    Cette quantité est nécessaire, ce matériau est nécessaire, on peut hésiter, mais la fin de la phrase devrait nous aider à décider.

    Quoi qu’il en soit, ce n’est pas ici notre problème. C’est en effet forcément l’acier qui est recyclé et non la tonne qui est recyclée. On ne recycle pas des tonnes mais de l’acier.
    Est-ce pour autant impossible d’accorder avec tonne ? Non, car « recyclé » est à la fois un adjectif et un participe passé.

    Le participe passé s’accorde avec le groupe nominal (sauf cas rare de syllepse), tandis que l’adjectif s’accorde avec le nom auquel il se rapporte. C’est cette différence grammaticale qui nous pose un problème.
    L’adjectif s’accorde avec le nom auquel il se rapporte :
    — Deux litres de vin rouge
    Le participe passé s’accorde avec le groupe nominal, même si le mot principal du groupe nominal est une quantité :
    — Deux litres de vin bus (alors que c’est pourtant le vin qui est bu)
    Et l’utilisation d’un adjectif associé à une quantité est souvent impossible :
    — Ces deux litres de vin est/sont rouge(s)

    Votre hésitation porte donc sur « recyclé » : adjectif ou participe passé ?
    — Une tonne d’acier est recyclée chaque jour par l’usine = une tonne d’acier recyclée.
    — On utilise une tonne d’acier recyclé = une tonne d’acier recyclé.

    Pour trancher, voyez si vous préférez remplacer « recyclé » par un adjectif ou par un participe passé.
    Vous pouvez considérer « recyclé » comme un adjectif, remplaçable par « vert » :
    — Une tonne d’acier vert = une tonne d’acier recyclé
    Vous pouvez considérer « recyclé » comme un participe passé, remplaçable par « produit » :
    — Une tonne d’acier (est) produite chaque jour = une tonne d’acier recyclée par jour
    Si la fin de la phrase montre qu’il s’agit d’un participe passé, avec par exemple un complément d’agent (une tonne d’acier recyclée par notre usine…), une forme passive (une tonne d’acier recyclée par jour…), si vous pouvez utiliser un verbe actif (on recycle une tonne d’acier), vous avez raison d’accorder avec le groupe nominal complet (une tonne d’acier), c’est-à-dire au féminin. Ce ne sera pas par choix d’insister particulièrement sur la quantité, mais simplement pour accorder le participe passé avec le groupe nominal. Quand vous dites que vous aimeriez insister sur la quantité, c’est plutôt sur le processus que vous souhaitez insister je crois.
    Si vraiment rien n’indique le processus de recyclage, et qu’on peut remplacer « recyclé » par un autre adjectif, alors c’est un adjectif qui s’applique au mot auquel il se rapporte. On vend une tonne d’acier vert. On vend une tonne d’acier recyclé.
    Et mêler les deux constructions est une grosse faute de grammaire (on vend un tonne d’acier recyclé(e) par notre usine). Ce serait comme mélanger « un visage rouge de colère » et « un visage rougi par la colère » pour en faire « un visage rouge par la colère ».

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  • Maître Demandé le 22 août 2019 dans Question de langue

    Bonjour Linee,

    Pas de raison d’utiliser un pluriel différent de yeux, c’est le sens classique et concret de œil.
    Un demi fraise, des demis fraise.
    Une demi-fraise, des demi-fraises.

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  • Maître Demandé le 22 août 2019 dans Accords

    Désolée saal32 si ma réponse était mauvaise, c’est parce qu’elle n’abordait qu’un aspect, qui me semble terrasser tous les autres : l’utilisation du mot « somme », indépendamment de la construction et du contexte.

    Question de l’accord avec « qui » suivant un nom et un complément du nom.
    — Cette troupe de comédiens a du talent. Singulier obligatoire.
    — C’est une troupe de comédiens qui a du talent. C’est une troupe de comédiens talentueuse.
    — C’est une troupe de comédiens qui ont du talent. C’est une troupe de comédiens talentueux.
    Les deux sont possibles. Ce n’est pas une question d’orthographe, d’insistance ou de nuance, ce sont deux sens très différents.
    Et parfois le pluriel est obligatoire, parce qu’on ne conçoit pas d’appliquer le verbe au premier nom.
    — C’est une réunion de comédiens qui ont du talent.
    Nous sommes d’accord.

    Et vous voulez donc traiter le mot « somme » comme le mot « réunion ». Ce n’est pas la réunion mais les comédiens qui ont du talent. Ce n’est pas la somme mais les cent euros qui suffisent.

    Avec un autre mot, proche par le sens de « somme » :
    — Le nombre total des comédiens qui ont du talent s’élève à douze.
    D’accord avec le pluriel pour les comédiens, on réserve le singulier pour parler du nombre.

    Avec « somme » + un mot ne désignant pas de l’argent :
    — J’ai accumulé une somme de documents qui m’aideront à rédiger ma thèse.
    On est ici dans la notion de l' »accord du verbe avec un nom collectif » (une foule de, une dizaine de, la série des…).
    D’accord pour le pluriel, le singulier serait une nuance.

    Avec le mot « addition » :
    Vous avez construit votre exemple pour faire de « somme » un synonyme d' »addition », en montrant que les fonds viennent de plusieurs comptes.
    — Nous avons ainsi procédé à l’addition de divers montants qui, réunis, permettront de régler l’affaire.
    D’accord pour le pluriel. Le mot addition est abstrait, ce sont les montants qui représentent concrètement l’argent.

    Ma réponse.
    « Somme » ne signifie pas « addition », mais « résultat de l’addition » ; le dictionnaire le dit. Admettons même que vous connaissiez un sens où « somme » signifierait « addition », alors il faudrait un complément au pluriel. On n’additionne pas un pigeon. On n’additionne pas cent euros. On additionne une chose à une autre, une chose et une autre, des montants entre eux. La somme de cent euros, vu la construction, ne peut pas être une addition, malgré le contexte des différents comptes.
    Et, s’agissant d’argent, le mot « somme » ne représente pas le résultat d’une addition, mais simplement une quantité d’argent dont le montant est introduit par la préposition « de ».
    Le mot grammatical pour dire cela est « apposition« . Dans « la somme de cent euros », « cent euros » n’est pas le complément du nom « somme », et ne représente pas ce qu’on additionne, mais c’est une apposition introduite par « de ». La somme et les cent euros sont une seule et même chose. Il n’est pas question de faire jouer des rôles différents aux deux termes de l’expression. Une somme de cent euros suffit à… C’est une somme de cent euros qui suffit à…

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  • Maître Demandé le 21 août 2019 dans Accords

    Bonjour saal32,

    On dit :
    — une somme de cent euros suffira ;
    et non :
    — une somme de cent euros suffiront.
    Conjuguez au singulier.

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  • Maître Demandé le 21 août 2019 dans Conjugaison

    Bonjour Marla,

    Vous savez peut-être que « espérer + subjonctif » est déconseillé. On écrit plutôt :
    — Elle espère qu’il fera… Elle espérait qu’il ferait…
    Et ce passage à l’indicatif montre que oui, la concordance des temps est normale. Elle n’est absolument pas un artifice.
    Avec un verbe appelant le subjonctif, ça donne :
    — Elle souhaite qu’il fasse… Elle souhaitait qu’il fît…
    On renonce généralement à cette concordance, mais ce n’est pas la nouvelle règle, c’est une simplification, souvent bienvenue, parfois abusive.

    Dans les romans modernes qui parlent de la vie au bureau et des achats au supermarché, on n’applique pas la concordance des temps au subjonctif.
    — J’ai acheté un nouveau crayon bien que le précédent écrivît encore. On évite.

    Dans certains autres cas, je ne vois pas de raison de faire sauter les concordances.
    — On m’a raconté qu’un paysan découvrit un jour un trésor dans un champ qu’il labourait tous les ans bien qu’il n’en fût pas le propriétaire.
    Même si vous êtes contente de votre passé composé suivi d’un passé simple puis d’un imparfait, trois belles nuances du passé, vous pouvez décider en fin de phrase que la concordance des temps c’est pédant ou ridicule, et qu’on doit désormais écrire « soit » plutôt que « fût ».
    — On m’a raconté qu’un paysan découvrit un jour un trésor dans un champ qu’il labourait tous les ans bien qu’il n’en soit pas le propriétaire. Puis précisez dans la phrase suivante : Je veux dire qu’à l’époque, il n’en était pas propriétaire, parce qu’évidemment il l’a acheté depuis.
    Le nivellement du subjonctif est aussi un style littéraire, après tout.

    Parlez-en à l’auteur du manuscrit, mais ne modifiez pas les concordances de temps qu’il a choisies, ne soyez pas plus puriste que lui, ni plus relâchée que lui. Si l’auteur trouve que c’est une bonne articulation d’utiliser le subjonctif présent dans les passages au présent et le subjonctif imparfait dans les passages au passé, appliquez son choix sur l’ensemble du livre. S’il veut un style simplifié, supprimez toutes les concordances au subjonctif.
    C’est avant même de commencer à écrire que vous devez décider du registre de langue. Un livre écrit globalement au présent a un style simple, et il vaut mieux dans les passages au passé ne pas faire la concordance des temps au subjonctif. Mais dans un récit au passé simple, c’est une convention d’écriture très acceptable que de ne pas faire sauter les concordances. Convenez que le passé simple n’est pas non plus très naturel, je n’ai personnellement jamais entendu quelqu’un utiliser le passé simple à l’oral, pas une seule fois sur des millions de phrases entendues. Et pourtant de très nombreux récits sont écrits au passé simple, sans la moindre connotation pédante ou humoristique. C’est sur un site consacré à la littérature plus que sur un site d’orthographe que vous trouverez des réponses à votre question portant sur le style à adopter dans un récit.

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  • Maître Demandé le 18 août 2019 dans Question de langue

    Bonjour DavidAzz,

    Le pronom « y » peut avoir différentes fonctions : j’y pense (je pense à cela), j’y vais (je vais là) j’y mange (je mange là)… complément d’objet indirect, complément essentiel de lieu, complément circonstanciel de lieu, et peut-être d’autres fonctions…
    Sa place ? juste avant le verbe, ou juste avant l’auxiliaire.
    Dans la majorité des cas, si vous parlez le français couramment, vous savez aussi bien que nous où mettre ce pronom.
    Mais parfois on hésite :
    — Affirmatif : Pour y avoir pensé.
    — Négatif : Pour n’y avoir pas pensé, pour ne pas y avoir pensé. Oui, c’est une bonne question.
    Si c’est votre question, on pourra chercher la réponse, mais elle vous décevra, parce qu’il n’y aura pas de vraie raison grammaticale. Et d’ailleurs le pronom « y » reste juste avant l’auxiliaire, et c’est l’adverbe « pas » qu’on déplace.

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