Le profil de Chambaron
Grand maître
23135
points

Questions
27

Réponses
2874

  • Grand maître Demandé le 5 mai 2025 dans Général

    Malgré la caution de Zola, je serais assez modéré concernant l’emploi de exulter avec un complément indiquant la joie ou un sentiment similaire (allégresse, bonheur) sans autre précision. Malgré l’ancienneté du mot, on l’a employé pendant des siècles, en latin ou en français, sans complément. C’est encore le cas dans la langue ecclésiastique qui l’a popularisé. Le Exsultate, jubilate (Réjouissez-vous!) est un passage typique des messes (écouter Mozart par exemple).
    Les études de fréquence montrent que l’expression avec un complément n’est apparue qu’au milieu du XIXe siècle et n’a jamais prospéré.
    Donc, in fine, je dirais que si elle n’est pas incorrecte, la tournure avec complément est très maladroite en littérature contemporaine.
    NB Le complément réapparait en revanche normalement lorsqu’il est le support d’un qualificatif : Il exultait d’une joie simple dont je l’aurais cru incapable.

    • 451 vues
    • 2 réponses
    • 0 votes
  • Grand maître Demandé le 4 mai 2025 dans Général

    Votre question semble rester longtemps en attente, peut-être y a-t-il une gêne à prendre une position avec une question d’ordre éditorial. À moins que ce ne soit la difficulté à répondre à une question aussi… pointue.
    Au vu du nombre important d’ouvrages anciens ou récents publiés, il faut peut-être partir de votre besoin spécifique pour déterminer quel ouvrage est le plus adéquat. 

    PS (pour votre seconde question) : Pour nombre de publications, il existe des versions « étudiant » tournées vers l’usage et « enseignant » mettant l’accent sur la pédagogie. À vous de voir…
    Pour la part strictement grammaticale, il faut souligner la parution en 2021 d’un ouvrage de référence sous l’égide du C.N.R.S. la Grande Grammaire du français. Plus orientée sur la linguistique, moins littéraire et moins normative que Le Bon Usage, elle fera l’objet de développements réguliers.
    Pour ce qui est du lexique, la source la plus large, la plus ergonomique et la moins chère reste le portail électronique du CNRTL (aussi édité par le C.N.R.S.) qui permet d’utiliser de manière coordonnée les ressources de grands dictionnaires de base (Académie, Moyen français, Francophonie) et permet l’accès à d’autres du second niveau plus spécialisé. 

    • 471 vues
    • 2 réponses
    • 0 votes
  • Grand maître Demandé le 4 mai 2025 dans Général

    Il y a un abus récent des tournures avec deux noms apposés sans lien syntaxique. Les soucis d’accord s’ensuivent logiquement. Si le rédacteur y tient, il peut conserver cette forme en accordant les deux (des sorties découvertes). Mais il est mieux de réinsérer la préposition (comme chaque fois que c’est possible)  : des sorties de découverte (de la faune, etc.). Le résultat n’est pas le même, ce qui prouve à quel point ces formes apposées sont relâchées.

    • 576 vues
    • 3 réponses
    • 0 votes
  • Grand maître Demandé le 4 mai 2025 dans Général

    Cette expression a vu le jour en France avec un film populaire sorti en 1961. Elle a perduré et peut s’employer :
    – soit comme titre réel du film (singulier, italique et majuscule) : Il y avait des modèles dignes de La Belle Américaine ;
    – soit, plus vraisemblablement, comme référence générale (romain, sans les majuscules, entre guillemets) : Il y avait trois « belles américaines » sur le stand du salon de l’Automobile.
    On peut hésiter sur la majuscule à « américaine(s) » mais ce n’est pas ici un gentilé de personne, juste un adjectif utilisé comme nom. Les guillemets permettent de sortir de du strict rapport au film tout en conservant l’appellation particulière.

    • 464 vues
    • 2 réponses
    • 0 votes
  • Grand maître Demandé le 4 mai 2025 dans Général

    Il y a plusieurs combinaisons possibles selon la nature des incises (segments détachables) que vous préférez. Dans la version proposée, il y a néanmoins beaucoup de virgules qui hachent la phrase. Trois propositions :
    – Dans la pièce qui auparavant accueillait les amours furtives, le décor était resté le même.
    – Dans la pièce qui, auparavant, accueillait les amours furtives, le décor était resté le même. 
    – Dans la pièce, qui auparavant accueillait les amours furtives, le décor était resté le même.

    • 321 vues
    • 2 réponses
    • 0 votes
  • Grand maître Demandé le 3 mai 2025 dans Accords

    Lorsque le verbe est transitif, comme ici, il est souvent difficile et artificiel de distinguer un complément d’objet (quoi ?) d’un complément circonstanciel (combien ? ). Il est en effet impossible d’utiliser la notion de complément essentiel et de vérifier s’il est facultatif et peut être enlevé. Cela n’aurait finalement aucune importance sans le problème d’accord et vous pouvez vous permettre d’accorder ou non. Le fameux accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir est de toute façon une convention sans fondement linguistique et qui ne cause que de vains soucis. Sa réforme est en cours, la vie sera plus simple.
    Personnellement, je n’accorde pas seulement lorsqu’il s’agit d’une unité de mesure assortie d’un nombre :
    – Les kilos qu’elle a perdus ;
    – Les dix kilos qu’elle a perdu.
    C’est peut-être arbitraire (pas plus que d’autres critères néanmoins) mais cela permet une cohérence et une réponse immédiate.

    PS (pour l’interpellation de marcel1) Les classifications entre verbes transitifs et intransitifs sont parfois approximées. Perdre pourrait être qualifié d’intransitif comme dans il a beaucoup perdu, de x kilos à l’instar de il a maigri, de x kilos. On ne peut pourtant pas maigrir des kilos. Le numéral affecte donc la transitivité. Il en va de même avec d’autres verbes : courir cent mètres ou un cent-mètres, Les prépositions ne sont pas toujours là pour matérialiser la différence.
    Enfin, on peut consulter la liste étoffée présentée par Le Robert pour cette question : pas d’accord avec des nombres, accord sans nombre. Cela ne doit rien au hasard même si ce dictionnaire classe cela comme « sens figuré ».

    • 539 vues
    • 3 réponses
    • 0 votes
  • Grand maître Demandé le 2 mai 2025 dans Général

    C’est plutôt de principes d’utilisation qu’il faut parler, la ponctuation étant aussi une question stylistique qui demande de la souplesse.
    – principe 1 : une conjonction (de coordination ou de subordination) unit, par définition, les éléments entre lesquels elle se trouve ;
    – principe 2 : une virgule disjoint, par nature, les éléments entre lesquels elle se trouve. Elle marque parfois l’opposition entre ces éléments.
    La rédaction doit donc concilier ces deux aspects apparemment contradictoires.
    Deux exemples de l’introduction d’une virgule avant une conjonction :
    1. Dans une liste différenciée : il est affreux, bête et méchant mais il est affreux et bête, et d’une rare méchanceté. Les et lient alternativement des adjectifs entre eux puis ces adjectifs avec un  groupe isolé en accentuation.
    2. Entre des éléments disparates : Il est bête mais astucieux (coordination classique) à comparer à Il est bête, mais il sait s’y prendre avec moi. (le mais se situe entre un adjectif et une proposition complète. L’opposition est aussi plus marquée).
    Il serait vain de multiplier les exemples car un bon rédacteur peut jouer de ces finesses à l’infini. Globalement je résumerais en disant que la rédaction par défaut est sans ponctuation et que cette dernière résulte d’une volonté spécifique d’articuler autrement le discours. Vous trouverez des dizaines d’articles sur la ponctuation mais je n’en connais pas qui résume en trois lignes une prétendue « bonne pratique ».

    • 589 vues
    • 1 réponses
    • 0 votes
  • Grand maître Demandé le 1 mai 2025 dans Général

    Il est étonnant que les dictionnaires ignorent l’expression « nom + au carré » qui traduit pourtant bien une intensification sur la base de son origine mathématique. Il s’agit alors non d’un simple doublement mais d’une augmentation plus intense avec  changement de dimension (de la ligne à la surface). On entend parfois aussi au cube (passage au volume).
    Sinon, vous donnez déjà des synonymes auxquels on peut ajouter amplifier, déchainer, décupler, exacerber,, exaspérer,  aviver ou des formes comme à coups redoublés,  sans retenue, etc.
    Le sujet et l’idée sont déterminants pour faire un choix judicieux.

    • 402 vues
    • 4 réponses
    • 0 votes
  • Grand maître Demandé le 1 mai 2025 dans Question de langue

    Dans tous les cas, il s’agit ici d’une lettre euphonique destinée à éviter le hiatus entre voyelles ou phonèmes vocaliques (on, ou).  Elle se justifie donc bien par nature à l’oral mais reste assez optionnelle à l’écrit.
    Certains puristes vous l’imposeront et, comme souvent, la crainte d’un reproche la fera mettre systématiquement. 
    NB Il est évident qu’il n’y a pas de hiatus en début de phrase ou après une ponctuation.  C’est de l’hypercorrection malvenue de commencer un segment de phrase par « L’on… ». Il en va de même avec le « qu’on » transformé en « que l’on » par peur de choquer les oreilles pudibondes comme au bon vieux temps des précieuses. 

    • 682 vues
    • 1 réponses
    • 0 votes
  • Grand maître Demandé le 1 mai 2025 dans Question de langue

    La règle à appliquer est celle de la non-élision de la préposition devant un numéral, ordinal ou cardinal. Cette disposition dérogatoire vise à bien identifier ces adjectifs dans leur rôle et à éviter des confusions oralement car il s’agit de chiffres précis qui doivent être bien compris. Il faut empêcher l’hésitation que peut engendrer l’élision, surtout avec un mot court. À ce titre, les cas de huit (huitième) et onze (onzième) sont bien connus : hors quelques expressions folkloriques (comme le bouillon-d’onze-heures), on ne fait pas l’élision.
    Le cas de un est plus particulier car il se confond avec l’article indéfini. Mais la philosophie est la même : on élide l’article, mais pas une valeur numérale (adjectif ou nom). On écrit donc bien : un enfant de un an. On peut facilement le vérifier dans nombre de tournures : compter de un à cent  ; à notre loterie du jour, c’est le un qui gagne ; l’affaire fait la une des journaux (et non l’une).
    La distinction entre article et adjectif peut néanmoins s’avérer délicate : Deux précautions valent mieux qu’une. Dans ce proverbe, la langue populaire a favorisé l’article, sous-entendant « qu’une seule précaution ». On constate, facilité de prononciation aidant, que la langue orale privilégie alors systématiquement l’élision…

    PS Le fait qu’une règle soit régulièrement enfreinte, par ignorance ou négligence, ne rend pas l’infraction légitime pour autant, même une fois habillée par Grevisse. La notion « d’insistance sur la quantité » est assez étrange et selon moi inventée pour la circonstance. Devant une unité de mesure, c’est abusif.
    Pour compléter ma réponse, voir la position de l’Académie française sur le sujet (exemples avec an et mètre). Pour l’absence d’élision dans « de une heure » voir ici plus de deux cents exemples tirés la littérature et de publications du XXe siècle (faire défiler les pages en bas de la liste). 

    • 408 vues
    • 2 réponses
    • 0 votes