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  • Maître Demandé le 10 janvier 2017 dans Général

    Tout à fait.

    « Pallier » vient du latin « pallium » qui signifie « manteau », d’où le sens premier de « pallier », « couvrir d’un manteau », c’est-à-dire « cacher, dissimuler, faire excuser », comme dans l’expression : « pallier un défaut, une faute ».

    Cela dit, lorsque « pallier » est employé au sens figuré, on peut rencontrer çà et là dans la littérature, sous la plume de bons auteurs, des usages transitifs indirects de « pallier ».

    Ainsi, par analogie avec « obvier à, parer à, remédier à », l’emploi transitif indirect « pallier à quelque chose », certes contesté par la plupart des grammairiens, est néanmoins fréquent : par exemple, « Je lui ai demandé d’y pallier, s’il se peut, dans une note. »

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  • Maître Demandé le 10 janvier 2017 dans Question de langue

    Pour compléter, on pourrait éventuellement mentionner ici la notion d’« emploi absolu » d’un verbe, ce dernier étant alors employé sans complément.

    C’est un sujet complexe cependant et qui requiert beaucoup de prudence, car un « emploi absolu » implique bien souvent que nombre de choses souterraines, implicites, sont tapies sous les mots.

    Le complément d’objet peut ainsi être sous-entendu ou implicite :
    – « Je vis, donc je crée. »
    – « Grande prudence ne nuit pas. »
    – « Le chat joue. »
    – « Je vois. »
    – « Dominique lit. »
    – « (C’est drôle ça !) Vous ne trouvez pas ? ».

    L’absence de complément permet en particulier de nuancer le sens du verbe (par exemple en lui conférant une valeur plus générale) :
    – « Qui cherche trouve. »
    – « Il n’entend pas bien. »
    – « Il lit sans écouter. »
    – « Le pouvoir de créer. »

    N.B. : tous les verbes ne se prêtent cependant pas à des « emplois absolus ». On ne pourrait, par exemple, a priori guère dire aisément : « j’habite », « je démontre », « je résous ».

    *

    La notion de « transitivité » peut, quant à elle, s’avérer assez délicate à manier. On pourrait dire ici que ce qui compte est, en quelque sorte, la possibilité pour un verbe de recevoir un objet.

    La « transivité directe » simple est aisée à saisir :
    – « Il raconte son histoire. »

    Mais la « transitivité directe » peut se dissimuler derrière une préposition :
    – « Cela nous évitera de corriger les texte. » : « éviter quelque chose » : transitivité directe

    On pourrait conjointement parler de « transitivé indirecte » quand le complément d’objet est introduit par une préposition :
    – « Il parle de la langue française. » : « parler de + quelque chose » : transitivité indirecte
    – « Je doute qu‘il vienne. » : « douter de + quelque chose » : idem.
    – « Souffler de l’air chaud. » : idem.

    *

    Inversément, un verbe « intransitif » (c’est-à-dire qui ne peut a priori pas recevoir d’objet) peut tout à fait être utilisé « tran­si­ti­ve­ment » dans un emploi figuré :
    avec préposition : « aboyer au secours », « aboyer après les voleurs », « aboyer contre l’ineptie » : emploi intransitif
    – « Criez, aboyez tant qu’il vous plaira. » : emploi absolu
    – « Il a besoin d’aboyer. » : emploi absolu
    – « Il aboie des ordres » : emploi transitif.
    – « Je l’ai laissé m’aboyer. » : emploi transitif (réfléchi)
    – « Nous fûmes aboyés. » : construction passive.

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  • Maître Demandé le 9 janvier 2017 dans Accords

    Bonjour IsIMoos,

    Plutôt que de « façon correcte » d’écrire, je parlerai ici plutôt, dans un premier temps, d’usage, étant entendu que l’usage dépend du contexte.

    Pour engager le sujet, on pourrait, par analogie avec d’autres formules bien repérées, tenter de s’aligner sur les exemples suivants :

    – une émotion-choc / des émotions-chocs (« des émotions qui sont des chocs » ; le trait d’union incite a priori ici à accorder)
    – des prix choc (« qui provoque un choc »)
    – un effet choc (pour « un effet de choc »)
    – des troupes de choc
    un traitement de choc

    Tout cela reste bien sûr également en grande partie tributaire de l’intention du locuteur. Sur quoi porte sa pensée ?

    Agir avec circonspection semble à cet égard bienvenu, avant d’opter pour l’une ou l’autre forme.

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  • Maître Demandé le 9 janvier 2017 dans Général

    Bonjour Renaud1974,

    Pour ma part, plutôt que d’évoquer d’éventuelle règles — notion toujours délicate à manier en cette matière —, je n’évoquerai ici, dans un premier temps, que quelques usages possibles, et cohérents, en procédant par analogie avec d’autres noms géographiques.

    Il convient par ailleurs de garder à l’esprit que lesdites règles dépendent toujours du contexte (textes officiels, oeuvres littéraires, littérature grise, etc.).

    Chaque éditeur peut par ailleurs opter pour une charte éditoriale spécifique en fonction de la destination de l’ouvrage. Il convient donc d’agir avec circonspection.

    Les principes directeurs sont assez subtils et délicats à énoncer, et à simplifier. Je me limiterai donc ici, pour commencer, à une simple liste de noms géographiques, en guise de repère.

    – l’Europe
    – les Détroits (Bosphore et Dardanelles)
    – la baie des Anges
    – le cap Vert
    exception : le Bassin parisien, le Massif central
    – les îles du Cap-Vert
    – le massif du Mont-Blanc
    – la basse Seine (le cours inférieur du fleuve)
    – l’Asie centrale
    – la Gaule cisalpine
    – la Basse-Seine (le complexe économique)
    mais : l’Asie Mineure
    – la foule new-yorkaise
    – la ville du Mans
    – La Rochelle mais : la Martinique
    – la Côte d’Azur
    – le Nouveau Monde

    *

    – le golfe du Lion
    – le Grand Bassin
    – la route Bleue
    – la dent Blanche
    – la dent du Midi
    – le crêt de la Neige
    – l’aiguille Verte
    – la Côte Fleurie
    – la côte des Esclaves
    – la Côte Vermeille
    – les côtes de Meuse
    – le fleuve Jaune, le fleuve Rouge
    – le Grand Lac Salé
    – le mont Maudit
    – le pôle Nord
    – la terre Adélie
    – la Terre de Feu
    – Terre-Neuve
    – le territoire de Belfort
    – le tropique du Cancer
    – la vallée Blanche
    – la Vénétie Julienne
    – la Ville Éternelle
    – la Virginie-Occidentale
    – la Villette

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  • Maître Demandé le 9 janvier 2017 dans Question de langue

    Et en combinant un peu tout cela tout en essayant de rester dans l’esprit de la proposition initiale :

    « Insensible jusqu’à présent, il éprouve aujourd’hui des sentiments qu’il ignorait et devient ainsi véritablement un homme aux yeux des lecteurs. »

    (voire : « (…) et apparaît désormais (bien) plus humain à ses lecteurs ».)

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  • Maître Demandé le 8 janvier 2017 dans Accords

    Concernant les usages typographiques, je confirme ici également qu’il est en effet bienvenu, en France, dans un usage typographique particulièrement soigné, pour ne pas dire officiel (Imprimerie nationale), de composer en chiffres romains petites capitales les numéros de siècles.

    On pourra conjointement garder à l’esprit que le mot siècle prend une capitale initiale dans les expressions telles que : « le Grand Siècle », « le Siècle des lumières », « le Siècle des philosophes ».

    *

    Pour compléter et enrichir la réflexion concernant l’accord de « siècle » lorsqu’on mentionne les numéros de plusieurs siècles, on peut également garder à l’esprit les autres cas de figures envisageables.

    L’accord pourra parfois étonner ; il n’en est pas moins correct.

    N.B. : le « e » en exposant (par exemple dans « Xe siècle ») devrait ici, idéalement, être présenté dans une police de taille réduite (par exemple 60%) ; cet ajustement typographique est cependant ici difficile à opérer (j’ignore pour ma part la procédure technique qui permettrait de réduire la taille du « e » en exposant).

    Quelques cas de figure susceptibles de se présenter :

    – « Xe et XIe siècles »
    – « les Xe et XIe siècles »
    – « le Xe et le XIe siècle » (c’est-à-dire : « le Xe siècle et le XIe siècle »)
    – « XeXIe siècles » (au sens de : « Xe et XIe siècles »)
    –  et aussi : « Xe-XIe siècle » (au sens de : « Xe ou XIe siècle »)
    –  et encore : « Xe-XIIe siècle » (c’est-à-dire : « du Xe siècle au XIIe siècle »)

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  • Maître Demandé le 8 janvier 2017 dans Question de langue

    La phrase mériterait sans doute d’être un peu développée ou reformulée.

    Pourriez-vous éventuellement nous confier toute la phrase, en incluant ce qui précède ? Cela permettrait d’ajuster nos observations à l’ensemble de l’énoncé.

    En restant au plus proche de votre proposition, il serait éventuellement possible d’envisager, par exemple :

    « [(…) il était depuis si longtemps resté] insensible aux événements de la vie. Ces épreuves lui ont permis de découvrir des sentiments que, jusqu’à présent, il ignorait. Il devient ainsi véritablement un homme aux yeux des lecteurs. »

    Il ne s’agit toutefois ici que d’un simple exemple pour engager l’échange avec vous, et non d’une possible « solution ».

    Tout cela reste en effet largement tributaire de la partie qui précède l’extrait présenté, voire de l’ensemble du récit (et du style).

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  • Maître Demandé le 8 janvier 2017 dans Accords

    patrickjean a dit :

    « L’expression ‘les yeux grand fermés’ est une façon de caractériser ceux qui ne veulent vraiment pas voir ! »

    Vu sous cet angle, je trouve que l’expression « les yeux grand fermés » est, en effet, des plus pertinentes.

    C’est une figure de style intéressante qui éveille les sens. De telles associations paradoxales, lorsqu’elles sont intentionnelles et aussi judicieuses, piquent l’esprit, et c’est un plaisir que de pouvoir y goûter.

    Merci patrickjean pour ce présent.

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  • Maître Demandé le 8 janvier 2017 dans Accords

    Pour aller un peu plus loin, je propose ici d’apporter un éclairage un peu moins formel sur le sujet.

    La notion d’« exception grammaticale » est en effet toujours délicate à manier. On ne saurait à cet égard justifier des accords malvenus simplement au motif qu’il s’agirait d’exceptions.

    Dès lors qu’un accord ne se justifie pas, il convient de s’interroger sur la notion d’exception.

    *

    Ainsi, au vu des éléments que j’ai pu développer plus haut, l’ajout d’un « s » à l’adverbe « grand » dans l’expression « les yeux grand ouverts » ne se justifie guère grammaticalement.

    En revanche, pour des questions de prononciation, on pourrait ici alléguer l’intérêt de faciliter la liaison entre « grand » et « ouverts ». Il peut en effet sembler moins « dérangeant » de prononcer [les yeux grand-z-ouverts] que de prononcer [les yeux grand-ouverts].

    Cette « gêne » se justifierait ici simplement par l’envie de trouver ici l’adjectif « grands » plutôt que l’adverbe « grand ». Il s’agirait d’une sorte d’attraction liée à la rareté de l’emploi de « grand » comme « adverbe ».

    En réalité la prononciation [grand-ouvert] est tout aussi aisée que celle de [grand-z-ouverts] et ne pose pas difficulté.

    *

    On qualifierait ici ce « s » de « ‘s ‘ euphonique » (c’est-à-dire destiné à faciliter la prononciation).

    Ce « s » euphonique devrait alors normalement être distinct du mot dont il modifie la prononciation : on devrait ainsi a  priori écrire « grand-s-ouverts » au lieu de « grands ouverts », comme dans « va-t-il venir ». Mais ici l’attraction de l’adjectif « grand » est trop forte, et donc le « s » vient se coller naturellement à l’adverbe « grand », comme s’il s’agissait de l’adjectif.

    Au final, on obtient alors l’expression « les yeux grands ouverts », avec un « s » euphonique collé au « d » de l’adverbe « grand ».

    *

    Il ne s’agirait donc ici guère d’une exception grammaticale, mais d’une simple justification phonétique, par « désir » (par attraction) de voir ici l’adjectif « grands », au lieu de l’adverbe « grand », et ce en raison même de la rareté de l’emploi de « grand » comme adverbe.

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  • Maître Demandé le 8 janvier 2017 dans Question de langue

    Merci Aly.

    Pour engager un travail d’approfondissement de ses connaissances sur la langue française, les ouvrages de références les plus accessibles sont, par exemple :

    – les grands dictionnaires usuels : Le Robert, Larousse, Littré (dictionnaire de référence du XIXe s., actualisé depuis 2004 sous le nom de Le Nouveau Littré), Bordas, Hachette, etc. ;

    – les ouvrages (sous forme de dictionnaire ou non) présentant les pièges et difficultés de la langue française (par exemple : Joseph HANSE, Jean GIRODET, etc.) ;

    – les précis grammaticaux, en particulier ceux de Maurice GREVISSE.

    Pour les dictionnaires, si vous avez le choix, autant privilégier les plus fournis (ceux en plusieurs volumes).

    Sans oublier bien sûr les ressources en ligne, en particulier celles proposées par les grandes institutions : Académie française, Office québécois de la langue française (OQLF, avec sa banque de dépannage linguistique), CNRS (avec, en particulier, le Trésor de la langue française [TLF]), etc.

    * N.B. : l’OQLF est cependant, comme son nom l’indique, québécois et fait état de pratiques langagières recommandées au Québec ; il faut donc, comme toujours, examiner les choses avec circonspection.

    Les grands éditeurs de dictionnaires proposent du reste en général une version numérique accessible en ligne de leurs dictionnaires de référence (gratuitement ou sur abonnement). Le TLF est également consultable en ligne.

    Le Bon usage de Maurice GREVISSE (qui est une des grandes grammaires de référence de la langue française) est par ailleurs également consultable en ligne (sur abonnement).

    D’innombrables ressources pourraient bien sûr ici encore être mentionnées, mais cela dépasserait le cadre d’un simple billet.

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