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Grand maître
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  • Grand maître Demandé le 3 mars 2019 dans Général

    Sous son aspect anodin, votre question me semble cacher un intéressant problème de linguistique. Ma réponse est un peu longue, mais j’y consigne le travail de recherche que je viens de faire.

    En effet, l’absence d’article devant le nom dans un certain nombre de tournures de ce type ne semble pas « naturelle » et les formes modernes ne la reprennent pas : avoir peur a de rares équivalents avec article, ou populaires comme avoir la trouille ou avoir la pétoche.

    Il en va de même pour avoir confiance. chaud, cours, faim, froid, honte, mal, nom, pied, pitié, raison, soif, sommeil, tort  (et j’en oublie sans doute).

    Je n’ai pas trouvé de réponse académique toute faite, mais j’ai une hypothèse qui est que toutes ces formes anciennes (souvent Xe au XIIe siècle) transcrivent ce que l’on appelle en langue latine des verbes déponents (ou semi-déponents). Le français n’ayant pas repris ce type de forme, il a utilisé ce que l’on appelle un verbe copule (avoir) avec un nom dans une locution (un syntagme) fixe et sans déterminant.
    Avoir peur se dit en latin (avec des nuances) : paveo, timeo, vereor .  Ces verbes, à cheval entre les forme active (je balise ) et passive (je suis effrayé), n’ont que des traductions transitives (craindre,  appréhender, redouter)  qui ne rendent pas vraiment l’idée d’un état (avec être).

    L’analyse d’autres verbes confirme cette hypothèse :
    – avoir mal : patior (passion, patience)
    – avoir faim : esurio  (sans descendance moderne)
    – avoir soif : sitio (sitiophobie)
    – avoir froid : algeo (algide) ou frigeo (réfrigérer)
    – avoir confiance : fido 
    Il semble en aller de même pour plusieurs autres.

    Sans prétendre à la rigueur scientifique, cette explication est plausible sur un plan linguistique.

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  • Grand maître Demandé le 1 mars 2019 dans Question de langue

    Il n’y a pas d’hésitation à avoir : dans honte, le h est aspiré et l’a toujours été. Il n’y a donc ni liaison ni élision, même si cela « s’entend » parfois (mais on entend aussi les z-haricots…).
    Il s’agit d’un mot médiéval d’origine allemande – langue dans laquelle le h est un vrai phonème –  avec une racine que l’on retrouve dans le verbe honnir
    N.B. Faire attention à la tournure toute honte bue.

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  • Grand maître Demandé le 28 février 2019 dans Général

    Bannir par principe tous les nombres écrits en chiffres au titre d’un ouvrage littéraire est excessif.  Il en existe des exemples partout et l’on serait bien mal avisé de systématiquement écrire en lettres dates, heures, latitudes et autres quantités physiques.
    La typographie est un art d’exécution, pas une série de considérations théoriques stériles. On adapte le choix de ses caractères au genre de l’ouvrage et à son contenu. C’est souvent plus l’éditeur qui tranche que l’auteur. Si l’ouvrage ou le passage contient de nombreux éléments chiffrés, de nature plutôt technique, pour des quantités importantes ou complexes, il est de bons sens d’utiliser des chiffres. Certains passages de Jules Verne deviendraient illisibles sans cela. Inversement, une mention isolée  ou sans vrai caractère arithmétique amènera l’écriture en lettres (typiquement l’âge d’un personnage ou une durée dans un roman).
    L’apparition de fractions est l’un des éléments conduisant à utiliser des chiffres, surtout s’il y en a plusieurs.  Mais si vous y tenez, vous pouvez aussi écrire « trois kilomètres et six-cents mètres » ou « neuf mètres et vingt centimètres ».
    N.B. Ne pas oublier que le nombre en chiffres est séparé de l’unité (symbole invariable) par une espace insécable.

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  • Grand maître Demandé le 26 février 2019 dans Général

    Le principe générique d’utilisation du trait d’union est inchangé depuis bien longtemps et devrait inspirer les dictionnaires de manière uniforme.
    Entre deux (ou plusieurs mots), il amène une « lexicalisation » de l’ensemble qui a un sens spécifique dépassant le sens des éléments qui le constituent. C’est à  ce titre que ce nouveau vocable figure alors en général comme entrée dans un dictionnaire. Sinon, avec l’un des deux en apposition, l’association n’est mentionnée que comme illustration d’un des constituants, comme une association plus ou moins occasionnelle. Le second élément joue alors plutôt le rôle de qualificatif alors que dans un nom lexicalisé les deux composants sont à égalité de traitement et intimement liés.
    Cela devrait suffire à pouvoir traiter la majorité des cas sans recourir à des dictionnaires, de nombreuses différences existant d’ailleurs entre eux et à travers le temps.

    Exemple lié à votre question :
    Un artiste est éventuellement peintre mais peut avoir d’autres domaines d’activité (ah, le violon d’Ingres !) : on ne va pas tous les mettre dans un dictionnaire ! On trouve aussi artiste  sculpteur, écrivain,.  Il s’agit souvent d’éviter des confusions (avec peintre en bâtiment, sculpteur graveur ou écrivain public). Inversement, on note  peintre miniaturiste, verrier,  imagier, aquarelliste, décorateur, etc.

    Au total, le trait d’union ne devrait être que l’exception dans ce type de formation :
    – soit pour des appellations historiques  : La Société des peintres-graveurs indépendants, fondée en 1923 .
    soit pour dégager ponctuellement un concept spécifique : La notion d‘auteur-compositeur-interprète est souvent considérée comme spécifiquement française.
    Pour les artisans ayant des enseignes publiques, il me semble que le trait d’union a souvent été introduit pour de pures raisons graphiques, sans doute par des peintres… en lettres.

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  • Grand maître Demandé le 26 février 2019 dans Question de langue

    La francisation des mots d’origine étrangère (noms communs ou propres, adjectifs) est un vrai sujet de préoccupation en France car on ne sait pas qui en décide.
    Venezuela n’est qu’un exemple parmi d’autres : Guatemala, Belize, Sierra Leone posent aussi un problème d’accent, ainsi que certains États états-uniens comme l’Oregon ou la Georgie.
    Vous avez donc le choix, mais à titre personnel, je pratique l’accentuation. Le ministère des Affaires étrangères préconise d’ailleurs en général les accents (sauf curieusement pour Sierra Leone). La liste des graphies recommandées se trouve ICI (je n’en ai plus vu depuis cette publication de 2010).

    Cette réponse a été acceptée par S2ndreal. le 26 février 2019 Vous avez gagné 15 points.

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