« Se faire l’écho »

Je ne comprends pas l’accord de « fait » dans la phrase suivante :

« Les professeurs se sont fait gloire, à juste titre, de la réussite des cérémonies, les médias nationaux même s’en sont faits l’écho, et seuls…. »

« Se  sont fait gloire » est invariable. Ca c’est OK.
« S’en sont faits l’écho ». ??? Est-ce le fait qu’il est précédé de « en » ?

Merci et bonne journée.

Cordialement.

Elsa Amateur éclairé Demandé le 16 mars 2017 dans Accords

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4 réponse(s)
 

Bonjour,

Dans l’expression se faire l’écho de le participe passé fait est toujours invariable.

Ils se sont fait l’écho de ces calomnies.

Remarque:

On écrit écho au singulier dans l’expression suivante :
Ses avis restent sans écho.

À lire

Ce qu’en pense le projet voltaire

czardas Grand maître Répondu le 16 mars 2017

Bonjour,

Bon à savoir : « se faire l’écho » est un sujet de polémique inépuisé.

Les spécialistes sont partagés sur le cas de se faire l’écho de : Ils se sont fait l’écho de cette rumeur (invariabilité selon Girodet, Thomas et Larousse) mais Ils se sont faits l’écho de cette rumeur (accord selon Hanse, Grevisse et Georgin : Ils ont fait eux-mêmes l’écho, où écho est attribut du COD se).
(Source : parler-francais.eklablog.com).

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Evinrude Grand maître Répondu le 16 mars 2017

Cher Czardas,

À la lecture du lien que vous proposez, je me sens obligé de réagir à plusieurs imprécisions :

  1. Rendre à Goosse ce qui appartient à Goosse

L’article du site Langue-fr.net ne cite que la 14e édition du Bon Usage et attribue les positions que l’on y trouve tantôt à Grevisse et Goosse, tantôt à Grevisse seul.

Or André Goosse, qui se charge des rééditions depuis la 12e, a presque intégralement réécrit l’ouvrage, à tel titre que je n’ai trouvé à ce jour aucun paragraphe identique entre la 11e édition —  la dernière publiée du vivant de Grevisse —  et la 14e. Il est d’ailleurs un certain nombre de questions sur lesquelles Goosse défend une position différente de celle de son prédécesseur.

C’est pourquoi un grammairien comme Marc Wilmet, quand il cite la 12e édition du Bon Usage ou les éditions ultérieures, se contente de mentionner le nom de Goosse et fait appel à la 11e édition lorsqu’il veut donner l’avis de Grevisse.

Le site affirme ainsi que dans l’expression se faire l’écho de, « l’écho est ici attribut du complément d’objet se ». C’est l’avis de Goosse. Mais Grevisse, quant à lui, soutenait qu’il est attribut du sujet (cf. son Cours d’analyse grammaticale). Vous trouverez les citations à cet effet dans mon intervention sur le fil suivant :

https://www.question-orthographe.fr/question/accord-de-fait-dans-se-faire-lecho/

  1. L’accord du participé passé des verbes cru, su, dit, voulu et de leurs synonymes

Langue-fr.net dit ensuite : « Mais au nom de la règle fixée par Vaugelas au XVIIe siècle, Grevisse lui-même accepte aussi l’invariabilité dans un tel cas (complément d’objet direct avant le participe, mais attribut du COD après). »

Mais ni Grevisse ni Goosse n’acceptent l’invariabilité dans le cas de se faire l’écho de. L’auteur de l’article a mal compris un passage de la 14e édition du Bon Usage.

Goosse y dit (p. 1178) :

« Le participe suivi d’un attribut du pronom réfléchi s’accorde ordinairement avec ce pronom […]. Mais, comme on l’a vu au § 950, il y a dans l’usage une hésitation assez compréhensible : Ces sangs qui s’étaient cru adversaires (Malraux, Espoir, p. 250) [crus, Pl., p. 723]. — La littérature s’est surtout voulu cela (Barthes, Degré zéro de l’écriture, II, 5). »

Quiconque se référerait seulement à ce paragraphe pourrait s’imaginer que cette hésitation existe pour tout participe suivi d’un attribut du pronom réfléchi. Mais si l’on consulte la section 950 à laquelle nous renvoie le texte, on comprendra que cela ne concerne en vérité qu’un petit nombre de verbes (p. 1173) :

« Le participe passé accompagné d’un attribut d’objet direct s’accord ordinairement avec cet objet si celui-ci précède le participe : Tous ceux qu’ils avait faits grands (Bloy, Âme de Napol., p. 90). […]. Toutefois, l’usage est assez hésitant pour les participes cru, su, dit, voulu et leurs synonymes […], pour lesquels le véritable objet direct est l’ensemble formé par le nom et l’attribut. »

Notez au passage que Goosse ne fait pas figurer faire (que l’on retrouve dans se faire l’écho de) au rang des verbes pour lesquels l’usage est indécis.

Le gendre de Maurice Grevisse ajoute une note historique dans laquelle il est effectivement fait mention de la règle fixée par Vaugelas :

« Le partic. passé suivi d’un attribut de l’objet est un des cas où l’invariabilité était recommandée par les grammairiens du XVIIe s., notamment par Vaugelas, pp. 277-278 : Les habitans nous ont rendu maistres de la ville. Le commerce l’a rendu puissante. »

Mais cette règle (formulée en 1647 et contestée par Thomas Corneille dès 1687) est obsolète, et à aucun moment André Goosse ne dit que c’est la raison pour laquelle il y a hésitation aujourd’hui dans l’accord des participes des verbes croire, vouloir, etc.

La vraie raison, il nous la donne : c’est qu’avec ces verbes, « le véritable objet direct est l’ensemble formé par le nom et l’attribut ».

Ce cas est bien connu chez les grammairiens :

Joseph Hanse

Nouveau Dictionnaire des difficultés du français moderne (cf. Participe passé, 5.2.5) :

« Le complément d’objet direct a un attribut, réel ou prétendu. Dans Les lectures qu’on a appelées futiles, On l’a trouvée inanimée, On les a portés (inscrits) manquants, Je l’ai vue inquiète, Cette robe ne vous va pas, on l’a faite trop large, On l’a appelée Virginie, il est logique de voir un complément d’objet direct (déterminant l’accord) et un attribut de ce complément. On a beaucoup disserté sur cet accord au XVIIe siècle et on a préconisé l’invariabilité.

Aujourd’hui la logique ferait plutôt une distinction entre les exemples qui viennent d’être cités et les cas où le complément est en réalité une proposition et où le participe devrait donc rester invariable. On ne peut voir un objet direct et son attribut dans On la dit malade, qui signifie : On dit qu’elle est malade. Il serait donc normal de laisser le participe invariable et d’écrire : On les a dit (ou cru) malades. »

Maurice Grevisse

Le Bon Usage, 11e édition, p. 920 :

« Sans doute, si l’on porte la question sur le terrain de la logique, on pourra observer : 1° que l’accord est demandé quand le pronom qui précède le participe est réellement un complément d’objet direct : Cette robe, vous l’avez faite large [vous avez fait quoi ? — l’, c.-à-d. la robe] ; — Les livres que je vous avais donnés propres sont souillés [j’avais donné quoi ? — que, c.-à-d. les livres] ; — 2° que l’accord ne devrait pas se faire quand le pronom qui précède n’est pas réellement et au sens plein un complément d’objet direct : Cette robe, vous l’avez cru belle [vous avez cru quoi ? — l’ (c.-à-d. la robe) être belle : l’objet direct est toute la proposition] ; — Les livres que j’ai cru utiles [j’ai cru quoi ? — que (c.-à-d. les livres) être utiles]. »

Ibid., p. 936 :

« Puisqu’il n’est pas rare qu’on laisse le participe invariable dans des phrases du type Ces personnes, je les ai cru mortes (n° 1920), on pourrait écrire aussi : Elles se sont cru belles.Comme l’inépuisable grondement de ces avions mêlait bien ces sangs qui s’étaient cru adversaires (A. Malraux, L’Espoir, p. 250). [Dans l’édit. de la Pléiade, on a : … qui s’étaient crus adversaires.] — Ils se seraient cru déshonorés (Fr. Chalais, dans le Figaro litt., 29 déc. 1973). »

René Georgin

Problèmes quotidiens du langage, p. 132 :

« Quand le participe des verbes dire, croire, sentir, penser, vouloir, juger, est suivi d’un attribut du complément d’objet, les uns accordent le participe : Une voix qu’on eût dite venue du ciel (Duhamel). Les autres le laissent invariable : Ces sons du cor que jamais je n’ai trouvé tristes (Mauriac). Évidemment, dans ces phrases, le relatif n’est pas vraiment le complément du verbe voisin, mais plutôt le sujet d’un infinitif sous-entendu. Cependant l’accord est plus conforme à l’habitude instinctive, puisque le relatif complément précède le verbe et le voisinage de l’attribut peut influer sur l’orthographe du participe. Il me semble donc préférable de faire l’accord sans compliquer une règle qui ne pèche pas déjà par sa simplicité. »

Jeux de mots, p. 97 :

« Reste le cas des verbes pronominaux suivis d’un attribut dans lesquels j’inclinerais personnellement à accorder le participe avec le pronom réfléchi. C’est ce que faisait André Gide : Combien de gens, pour s’être crus dévots ou amoureux, sont devenus bientôt des dévots ou des amoureux sincères, tandis que Jean Giono écrit : Ils s’étaient cru vainqueurs. S’il existe de tels flottements dans l’usage des écrivains, si les grammairiens professionnels en discutent, comment veut-on que le public non spécialisé s’y retrouve ? Il convient donc, dans ce genre de phrases, de se montrer fort libéral et d’admettre les deux orthographes. »

Georges et Robert Le Bidois

Syntaxe du français moderne, p. 190-191 :

« Il nous semble que sur le terrain purement grammatical les arguments pour et contre l’accord s’équivalent sensiblement. Mais ici, comme du reste dans beaucoup d’autres questions, la grammaire pure — c’est-à-dire la stricte correction — n’est pas seule en jeu. La parfaite justesse d’expression y est intéressée également. Or il semble bien que le participe, dans ce cas, ne demande point à attirer le regard. Il n’a pas ici son indépendance ordinaire, il est engagé dans un complexe syntaxique où, malgré son importance, il le cède en intérêt à un autre élément tout à fait primordial, l’attribut, le prédicat ; celui-ci seulement a droit au plein éclairage. Aussi, pour notre part, l’écririons-nous volontiers sans accord, comme a fait Maupassant dans cette phrase : « Derrière la maison qu’ils avaient cru abandonnée » (Deux amis). Avec le participe ainsi construit, nous sommes « au milieu d’un sens », et il n’y a pas lieu, là, de retenir l’attention. D’ailleurs, l’objet de avaient cru, c’est, non pas « la maison », mais l’élément complétif-prédicatif (que la maison était abandonnée). »

Les personnes intéressées pourront également se référer à M. Wilmet, Le Participe passé autrement (p. 58-60) et à J. Damourette et E. Pichon, Des mots à la pensée (tome IV, p. 24-25), auteurs qui disent sensiblement la même chose mais en s’émancipant de la terminologie de la grammaire traditionnelle.

  1. Conclusion

Langue-fr.net conclut son article en disant : « Autrement dit : vous avez le choix ! » Le choix de suivre ou non les nombreux grammairiens qui prônent l’invariabilité ? On peut en convenir. Mais il est faux de prétendre que la 14e édition du Bon Usage accorde aux usagers une telle latitude.

André Goosse y édicte qu’il « n’est pas exact » de dire qu’il faut laisser le participe passé invariable. Dans la 12e édition, il affirmait que c’est « à tort » que certains dictionnaires soutiennent une telle position.

Est-ce ainsi que parle quelqu’un qui « accepte aussi l’invariabilité dans un tel cas » ?

Guillaume Amateur éclairé Répondu le 14 janvier 2018

J’ai une question assez similaire:

Doit-on écrire : – ils se sont fait nombreux
ou bien – ils se sont faits nombreux ?

 

Etant donnée l’attribution « ils sont nombreux », je pense à une sorte de sens réfléchi …

Merci d’avance !

Frenhofer Débutant Répondu le 3 janvier 2019

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