Le pronom relatif dont

Répondu

Bonjour,

Le pronom relatif dont est-il correctement employé dans les deux phrases suivantes ?

• Il avait souvent des pertes de mémoire, et parlait de gens dont il ne se souvenait plus des noms.

• C’est un poète dont on célèbre le centenaire de la naissance.

czardas Grand maître Demandé le 18 octobre 2019 dans Question de langue

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

4 réponse(s)
 
Meilleure réponse

Bonjour Czardas, compte tenu de votre statut et de votre présence historique sur ce site, je soupçonne qu’il s’agisse d’une question rhétorique et que vous en connaissiez déjà la réponse 🙂 . Je vais cependant me risquer à y répondre car il s’agit pour moi d’un sujet intéressant bien que (ou justement parce que) très épineux…

La réponse courte est : non, ces deux phrases ne sont pas correctes au sens strictement grammatical. Voici ce que nous rappelle la BDL :

Enfin, dans la subordonnée relative, il faut éviter d’employer dont avec un complément introduit avec la préposition de ou avec le pronom en, qui « cache » toujours un de […]

C’est exactement le cas ici :

des gens dont il ne se souvenait plus du nom : par construction, dont se rapporte normalement à des gens, alors que le complément de il se souvenait n’est pas les gens mais le nom. Il faudrait écrire des gens du nom desquels il ne se souvenait plus.

un poète dont on célèbre le centenaire de la naissance : même chose, dont se rapporte à poète alors que ce qui est célébré n’est pas le centenaire du poète mais celui de sa naissance. Il faudrait écrire : c’est un poète de la naissance duquel on célèbre le centenaire.

Dans la pratique, ces tournures, au demeurant parfaitement compréhensibles à défaut d’être grammaticalement sans reproche, sont très fréquemment utilisées et je pense aujourd’hui généralement admises (sauf peut-être par certains puristes invétérés 😉 ).

ChristianF Grand maître Répondu le 18 octobre 2019

Bonjour Chris

Je vous remercie d’avoir répondu avec brio à cette question que j’avais déjà posée il y a  plusieurs mois…  et qui n’avait suscité que peu d’intérêt.

le 19 octobre 2019.

Christ

Vous écrivez : « … les constructions avec dont, bien que fautives stricto sensu, soient couramment utilisées sans susciter le moindre haussement de sourcil. »
En espérant que nous soyons nombreux dans mon cas : oh si, elles suscitent un vrai haussement de sourcil. Et les tournures correctesdes gens du nom desquels il ne se souvenait plus.
c’est un poète de la naissance duquel on célèbre le centenaire.

sont très agréables à entendre, car justes et si rarement utilisées. Elles deviennent presque une prouesse.

Dhumeau Érudit Répondu le 29 mars 2020

Bien que dans le top 3  (comme il se la pète !), je ne suis pas un contributeur historique – tant d’en faut !
ChristianF, je pense donc avoir droit de votre part à une réponse. La phrase suivante est-elle correcte ?  Prince, si affable, dont nous surveillons pourtant  jusqu’aux moindres écrits….    🙂

Prince (archive) Débutant Répondu le 18 octobre 2019

Bonjour Prince, oui, cette phrase est parfaitement correcte : nous surveillons les écrits de Prince -> Prince, dont nous surveillons les écrits. Ne le serait pas, en revanche, la phrase : Prince, si affable, dont nous admirons la beauté des écrits car on retrouve ici la fameuse double relation d’appartenance (nous n’admirons pas la beauté de Prince — encore que… 🙂 — mais la beauté des écrits de Prince. La construction est donc incorrecte stricto sensu.

le 18 octobre 2019.

La correction c’est une chose, mais c’est bien lourd … et je ne suis pas une puriste.

– Il avait souvent des pertes de mémoire, et parlait de gens dont il avait oublié le nom.

– On célèbre le centenaire de la naissance de ce poète.

• C’est un poète dont on commémore  la naissance. (Votre avis sur cette dernière suggestion).

joelle Grand maître Répondu le 18 octobre 2019

Tout à fait d’accord avec vous, Joelle, les constructions à base de duquel, desquels, etc. sont passablement lourdes et peu élégantes, ce qui explique probablement le fait que les constructions avec dont, bien que fautives stricto sensu, soient couramment utilisées sans susciter le moindre haussement de sourcil. Il est bien sûr aussi possible de reformuler comme vous le faites pour contourner l’écueil, au risque parfois d’une certaine perte d’information (dans votre dernière phrase, par exemple, il n’y a plus la précision du centenaire de la naissance).

le 18 octobre 2019.

Bonjour Joelle,

Commémorer, c’est rappeler par une cérémonie le souvenir d’une personne ou d’un événement.

Commémorer l’armistice, commémorer une naissance, commémorer une mort.

On ne commémore pas un souvenir qui est une tournure pléonastique. On ne commémore pas davantage un anniversaire ou une fête. On célèbre un anniversaire, une fête, un centenaire

Quant à la faute de frappe (de pour des ), je la passerai sous silence. En revanche je ne peux m’ empêcher de signaler la réponse que vous aviez proposée à cette question il y a déjà dix mois ! Réponse qui était manifestement fausse .

Bonjour Christ

Dont qui signifie de qui, de quoi duquel, etc. , s’emploie plus souvent que le pronom relatif précédé de la préposition de.

On dira plus volontiers :
L’homme dont je t’ai parlé habite à Poitiers.
plutôt que 
L’homme de qui je t’ai parlé habite à Poitiers.

Mais…
On emploie de qui ou les formes composées du pronom relatif quand le pronom relatif est complément d’un nom lui-même précédé d’une préposition :

Ainsi on n’écrit pas :

La maison dont on voit une girouette sur le toit est la mienne.

Il faut écrire :

La maison sur le toit de laquelle on voit une girouette est la mienne.

Le pronom relatif de laquelle est complément du nom toit qui est précédé de la préposition sur.

le 18 octobre 2019.

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.