RE: Futur simple et futur antérieur à la voix passive
Bonjour,
Dans la phrase ci-dessous, quelle est, selon vous, la différence entre « sera validé » et « aura été validé » ?
Vous transmettrez ce document une fois qu’il sera/aura été validé.
Pour moi, les deux sont corrects, mais j’aurais tendance à privilégier le futur antérieur après la conjonction « dès que ». J’ai aussi du mal à comprendre pourquoi le futur fonctionne dans les deux parties de la phrase, en particulier pourquoi le second futur est achevé comme avec le futur antérieur.
Merci d’avance pour votre aide.
Bonsoir,
Denis Creyssels (L’emploi résultatif de être + participe passé en français) interprète la forme « il est validé« , non comme la forme passive de « [actant] valide« *, mais comme un « résultatif correspondant à un accompli passif » . Cette interprétation est possible en raison de la forte valeur « télique » du verbe valider qui comporte un soi un concept d’achèvement. De fait, la tournure « il est validé » devient donc de sens quasiment équivalent à la véritable forme passive du fait accompli « il a été validé« , correspondant à « [actant ] a validé« .
Transposées dans une projection future, les deux tournures « il sera validé » et « il aura été validé » expriment donc une même réalité, la première tournure se contentant du résultat, la seconde rappelant par sa forme que ce résultat est l’aboutissement d’un processus.
*Vous noterez en effet que pour exprimer à la forme passive qu’une action de validation est en cours, on emploie toujours la construction : « Ceci est en train d’être validé« .
Je n’ai malheureusement pas accès au papier de Creyssels, néanmoins je doute que le futur antérieur puisse avoir dans le cas présent une valeur résultative/stative contrairement au futur simple. Prenons par exemple être levé/réveillé :
Quand tu seras levé/réveillé, on en reparlera.
Ici, seras levé est résultatif/statif et peut être remplacé par un X (ici un adverbe) a valeur d’attribut.
> Quand tu seras debout, on en reparlera.
Quand tu auras été levé/réveillé, on en reparlera.
Ici on voit (mieux peut-être qu’avec le document validé) que le futur antérieur marque non pas le résultat/l’état, mais le procès, avec tu qui est clairement le patient du levage/réveil effectué par un agent non exprimé.
> Quand on t’aura levé/réveillé.
Dans ce cas, la tournure attributive n’est pas possible :
Quand tu auras été debout, on en reparlera.
Idem avec être lavé :
Quand tu seras lavé, on en reparlera.
> Quand tu seras propre, on en reparlera.
Quand tu auras été lavé, on en reparlera.
> Quand on t’aura lavé.
Quand tu auras été propre, on en reparlera.
Voilà pour les petites manipulations syntaxiques, mais cet impossible est finalement sémantiquement logique, puisque le futur antérieur marquant l’aspect accompli, cela signifierait que l’état ne serait plus vrai. Cette valeur du futur antérieur ne me semble possible que dans son emploi « bilan », donc dans le passé et non dans le futur :
Après sa douche, il n’aura été lavé / propre que bien peu de temps : 5 minutes après il se roulait dans la boue !
