RE: Diphtongue
Bonjour, excusez moi de vous déranger,
mais je m’intérèsse aux diphtongues et j’ai bien compris qu’en français moderne il n’y en avait plus, cependant je vois pleins de mots en français qui ont deux voyelles l’une à coté de l’autre tel que « fait » -> »ai » correspond bien à un seul son et dans la même syllabe, donc pourquoi on n’est pas une diphtongue ?
les associations de voyelles tel que « ou » « oi » « eu » ne sont donc pas des diphtongues ?
j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi ? je me doute bien qu’il y a une explication dont la logique m’échappe
merci beaucoup
» je m’intéresse aux diphtongues et j’ai bien compris qu’en français moderne il n’y en avait plus, »
Cela dépend de la définition et donc des auteurs !
Le Bon usage actuel :
Il faut savoir, en tout cas, que « la plupart des linguistes réservent le nom de diphtongue au groupe formé de deux voyelles réunies en une seule syllabe, comme dans l’allemand Baum [baum] et dans l’anglais boy [ bɔi] et que dans ce sens, il n’y a pas de diphtongues en français. »
Le Petit BON USAGE de la langue française (2018) ne nie pas, lui, l’existence de diphtongues en français (Louis).
Dict. de l’Ac. française :
« La grammaire méthodique du français » (dite souvent « le Riegel »), dont j’ai souvent fait l’article ici, ne comporte même pas le terme « diphtongue » dans on index, ni le texte de son corps (sauf omission de ma part).
En tout état de cause, si l’on tient à traiter de la diphtongue en français, il faut indiquer l’existence d’une pluralité de définitions (au moins) et à quelle définition on se réfère ! Car
« S’il n’y a pas diphtongue dans « chaos », il y a certainement du chaos dans la définition de la diphtongue ! » S. JOURDAN
Voilà. il faut déjà définir le sens des mots qu’on emploie ou alors on n’y comprend plus rien.
Diphtongue : voyelle qui, au cours de sa tenue (ou émission), subit une variation de timbre et qui, de ce fait, peut être considérée comme la fusion en une seule syllabe de deux éléments vocaliques perçus comme différents, successifs, et dont l’un est plus fermé que l’autre.
Remarque : L’hiatus (ex. chaos) ne saurait être assimilé à une diphtongue.
Hiatus : rencontre de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes, à l’intérieur d’un mot (hiatus interne) ou dans la succession de deux mots
TLF
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Digramme : assemblage de deux signes (généralement deux lettres dans un alphabet), diacritiques non comptés, qui forme un unique graphème et ne peut pas s’interpréter par la valeur de chacun des signes pris isolément. Il peut ainsi représenter un unique phonème, ou bien une suite de phonèmes différente de la succession des phonèmes représentés par chacun des signes. Dans le cas d’un assemblage de trois caractères, on parle d’un trigramme.
Wikipédia
Appeler certains diagrammes « fausses diphtongues » a comme vertu, uniquement de porter à confusion.
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et Robert le Petit a écrit:
diphtongue : voyelle dont la tenue comporte un changement d’articulation produisant une variation de timbre. Et il ajoute : « La diphtongue peut être considérée comme formée d’une voyelle et d’une semi-consonne. »
Cette semi-consonne est souvent un yod (le [ i ] ou le [ j ] mouillé), ou bien les sons [ w ] et [ u ]. De plus, on distingue les diphtongues ascendantes (semi-consonne + voyelle) et descendantes (voyelle + semi-consonne).
Des exemples ? En première approximation : travail, œil, oui, aïe, hiatus, Priape, iambe, ouate, quoi, yeux, Yole, yoyo, youyou …; mais aussi tous les verbes en –oir, en –uire, et j’en oublie bien sûr.
On peut distinguer les diphtongues vraies des autres selon qu’elles sont clivables ou non en versification : ainsi y-eux, ti-are, etc. ne sont pas réellement des diphtongues (elles sont toutes ascendantes). De même, les sons qui bénéficient d’une représentation phonétique conventionnelle reconnue, ne sont pas des diphtongues : ainsi les sons ou, an, au, on etc., pris isolément, puisqu’ils ne contiennent pas de variation vocalique (ceux-là-mêmes que les grammairiens qualifiaient de diphtongues il y a cinquantes ans, comme le rappelle P’tit Prof).
A contrario, je propose de considérer comme diphtongues « authentiques » celles qui répondent à ces deux caractéristiques : être insécable en versification et nécessiter plus d’un signe pour sa représentation phonétique. Certains sons comme le [wa] de loi et le [wi] de oui remplissent ces critères.
Le cas de oui [wi] est particulier puisqu’il est composé de deux semi-consonnes : serait-ce la diphtongue parfaite ? Il convient d’ailleurs de distinguer oui / [wi] de ouï /[ui] : celui-ci est sécable, celui-là insécable; c’est évidemment le tréma qui fait la différence. Mais ail et aïe [aj] sont des diphtongues vraies (sauf à dire, comme en pays d’Oc : » Aï-eu, tu m’as fait mal-eu ! » ).
[…]
Ainsi, le chien aboie en diphtongue (ouah !) et le chat miaule en triphtongue (miaou !). Mais noyé , ployé, ayant, bayant, seyant, ouailles sont-ils des triphtongues ?
La question mérite d’être posée : on coupera ayant, soit [?j-ã], soit [?-jã], mais on conserve l’association d’une voyelle avec une diphtongue (répondant à notre définition), donc pas de vraie triphtongue. Le cas de ouailles est intéressant : il se phonétise en [waj] (soit trois signes), et je ne sache pas qu’il puisse se scinder dans un vers.