Verbe transitif ou intransitif

Bonsoir, j’ai un doute sur le verbe dans la phrase suivante:

« Les rayons du soleil se faufilaient entre les masses grises et blanches des nuages »

Est ce qu’il est bien intransitif? Parce que je vois pas de complément autour.

Merci!

Bonne soirée

Mana13 Membre actif Demandé le 21 février 2024 dans Général

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9 réponse(s)
 

Bonsoir,
Le verbe faufiler possède d’abord un emploi transitif évident. Au sens propre, on faufile un vêtement (on le coud provisoirement à longs points). Au sens figuré, on faufile quelqu’un ou quelque chose (on l’introduit subrepticement dans une foule, dans un espace encombré). Le premier emploi est technique, le second est vieilli ; on rencontre donc ces formes assez rarement.
Il en a cependant découlé dans le langage habituel une forme pronominale réfléchie : se faufiler (c’est-à-dire faufiler soi-même). Comme cette forme est devenue la seule employée couramment, il n’apparaît plus comme évident de percevoir la fonction initiale de complément d’objet direct du pronom se,  car en effet on ne dit généralement pas  : *Je te faufile ! En revanche, on peut dire : Le soleil faufilait ses rayons entre les  nuages.

Bruno974 Grand maître Répondu le 21 février 2024

Pour répondre à la question du COD, si on considère que « se faufiler » est un verbe pronominal de sens réfléchi, alors oui « se » est COD : pronom réfélchi, le sujet fait l’action sur lui-même. Comme pour se laver : je me lave = je lave moi-même.

joelle Grand maître Répondu le 21 février 2024

Donc « se » est un COD? Parce que se faufilaient quoi? Les rayons de soleil, c’est ça?
Et comment on fait pour reconnaitre un verbe transitif et intransitif alors?

Mana13 Membre actif Répondu le 21 février 2024

Selon moi, se n’est pas COD et se faufiler est intransitif.

le 22 février 2024.

Un verbe peut avoir une construction transitive ou intransitive.

La construction intransitive.

Un verbe intransitif se construit sans COD ou COI.

Pierre marche dans la rue.

Le verbe « marcher » n’a pas besoin d’un complément pour exister et avoir un sens.
= Pierre marche.
= « Dans la rue » est un CC de lieu.

La construction transitive.

 Un verbe transitif se construit avec un COD ou un COI.
Ce complément est imposé par la construction (et, donc, le sens) du verbe.

1er cas : le verbe n’a qu’une seule construction et, donc, qu’un seul sens.

Si vous supprimez le COD ou le COI, votre phrase n’aura plus de sens.

Paul distribue un document.
= « Paul distribue » ne veut rien dire.
= « Distribue » est donc un verbe transitif. Il a besoin d’un COD pour être employé.

2ème cas : le verbe a plusieurs constructions et, donc, plusieurs sens.

Si vous supprimez le COD ou le COI, le verbe change de construction et donc de sens.

Pierre manifeste sa joie.
= Pierre montre sa joie.
= « Manifester » est un verbe transitif. S’il veut conserver le sens de « montrer », il doit avoir un COD (« sa joie »).

Si vous supprimez « sa joie ».

Pierre manifeste.
= Pierre participe à une manifestation.
= « Manifester » est devenu un verbe intransitif. Il a changé de sens.

Ludo Grand maître Répondu le 21 février 2024

C’est une question casse-tête et ça ne me surprend donc pas que les réponses divergent, ce qui me surprend davantage, c’est qu’une question si subtile soit posée dans un QCM (je pense que même les linguistes ne seraient pas forcément d’accord sur la façon d’analyser ce verbe –  certains excluent d’ailleurs les pronominaux des catégories transitive/intransitive).

Voici ce que j’en pense : le sens/la construction d’un même verbe peut varier en fonction du type de sujet (animé + doué de raison, de volonté, d’intention, etc. et non animé).
Ainsi, si on prend le verbe vendre à la forme pronominale, selon le type de sujet – agentif = doué de volonté/intention (1)  ou pas (2) -, on aura un pronom réfléchi analysable comme COD (> verbe vendre = transitif) et un pronom réfléchi non analysable (> verbe vendre = intransitif).
(1) L’infâme traître s’est vendu au parti opposé = Le traître a vendu lui-même au parti opposé ; se = COD, vendre = transitif direct.
(2) Le dernier roman de Biduluche s’est très bien vendu = Le dernier roman a très bien vendu lui-même ; se = inanalysable, vendre = intransitif (on a ici un verbe pronominal de sens passif : Le dernier roman de B. a été très bien vendu).

Revenons à se faufiler, ce verbe existe à la forme non pronominale avec pour sens (les définitions sont celles données par le Tlfi) :
Introduire, glisser adroitement où l’on voit que ces sens impliquent obligatoirement un agent animé + doué d’intention.
À la forme pronominale, le verbe a trois sens (a, b, c), proches, mais néanmoins différents, a) et b) sont quasiment des équivalents de la forme non pronominale, le deuxième étant souvent connoté péjorativement :
a)Faire habilement son chemin dans, à travers.
b) S’introduire habilement dans un milieu, entrer en relation avec des personnes plus ou moins estimables.
Ces sens ne correspondent clairement pas à celui de notre phrase,
b) pour une évidente raison de signification (les rayons du soleil ne s’introduisent pas dans un milieu, n’entrent pas en relation avec d’autres personnes) ;
a) en raison de l’idée d’habileté qui implique obligatoirement un agent doué d’intentionnalité, ce qui n’est pas le cas des rayons du soleil (sauf à les personnifier, ce qui n’est a priori pas le cas dans la phrase de ce QCM).
Le sens c) est : Se frayer un passage, se glisser, se couler, sans idée d’habilité, qui correspond à celui de notre phrase. Ce sens n’existant pas à la voie non pronominale (puisque l’idée d’habilité n’y est pas obligatoire, contrairement à la forme non pronominale), ça suffit à permettre de conclure qu’on est en présence d’un verbe autonome (ou subjectif). Dans ce type de verbe, le pronom se n’est pas analysable, il fait partie du verbe, on a donc un verbe intransitif (avec accord du participe passé avec le sujet). Cette analyse est éventuellement critiquable (en estimant que le  non présence du sème d’habilité dans la forme non pronominale par rapport à celle pronominale ne serait pas déterminante) avec un sujet agentif, en revanche avec un sujet inanimé, je pense qu’elle est entièrement recevable. Donc :
L’infâme traître se faufilait entre … = plutôt intransitif, mais la transitivité peut se défendre.
Les rayons du soleil se faufilaient entre … = intransitif.
(Puisqu’on a vu avec par exemple se vendre que selon le type de sujet (agentif ou non) le verbe était ou non transitif.)

marcel1 Grand maître Répondu le 22 février 2024

En effet, on se trouve ici dans ce que certains grammairiens (comme également Riegel) interprètent comme la construction pronominale neutre. On reste cependant dans une zone grise, d’une part parce que l’évolution sémantique est plutôt facile à comprendre et qu’il subsiste un certain continuum de sens et d’usages, d’autre part parce que ces mêmes grammairiens se gardent de trancher absolument (on se « rapproche » des verbes intransitifs).

le 23 février 2024.

Oui.

le 23 février 2024.

Tout d’abord merci beaucoup pour vos réponses, je vois que cette question à l’air vraiment complexe.  Pour ceux qui sont curieux, ce QCM est posé dans le cadre de l’évaluation de la licence Sciences du langage en première année.
En résumé d’après ce que j’ai  compris, le problème principale c’ est de savoir si « Le soleil se faufilait lui même » a un sens ou pas, si on  considère que c’est correct alors « se » peut être un COD et donc un verbe transitif. Mais si on considère que comme le soleil ce n’est pas un humain ou quelque chose de vivant « se » n’est pas considéré comme COD et donc c’est un verbe « intransitif ». Est-ce que j’ai bien résumé?

Mana13 Membre actif Répondu le 23 février 2024

Merci Sofia pour l’info. Si vous réussissez à obtenir la réponse et surtout l’explication, je suis très preneur !

Et, oui, vous avez bien résumé (en tout cas mon point de vue, qui n’est pas celui de tous).

le 23 février 2024.

Attention, ce n’est pas parce qu’un verbe n’a pas de complément dans une phrase, qu’il est intransitif.*
Et d’ailleurs, celui-ci en a un : le pronom réfléchi « se ».
Les rayons du soleil se faufilaient

Ne me dérange pas, je mange.  Le verbe manger n’a pas ici de COD exprimé. Il en demeure pas moins transitif ; je mange une pomme.

Tara Grand maître Répondu le 21 février 2024

Donc « se » est un COD? Parce que se faufilaient quoi? Les rayons de soleil, c’est ça?

Non.

Les rayons du soleil se faufilent entre… =
Les rayons du soleil faufilent eux-même entre…

La phrase peut sembler étrange. Mais elle fonctionne comme:

Paul se lave.
= Paul lave lui-même.

Ludo Grand maître Répondu le 21 février 2024

Les réponses sont nombreuses et variées et m’ont amenée à me poser cette question :
Le problème est : se faufiler est-il ou non essentiellement pronominal ?

Un verbe essentiellement pronominal ne s’emploie jamais sans le pronom personnel réfléchi. Il ne peut être mis ni à la voix active, ni à la voix passive :

Je m’enfuis. (On ne peut pas dire : *J’enfuis ni *Je suis enfui.)
Je me souviens. (On ne peut pas dire : *Je souviens ni *Je suis souvenu.)
Or, se faufiler ne correspond pas entièrement à ce cas puisqu’on peut dire : le soleil faufile ses rayons entre les volets –  Marie faufile ses longues jambes… – Je faufile la corde entre deux rochers – C’est un espion qu’on a faufilé dans notre société. (Littré)   Le sens est « introduire »
Et donc : je me faufile peut être lu comme : je faufile moi-même…

Que le pronominal soit toujours réfléchi ne signifie pas que le deuxième prénom soit inanalysable. Il est COD.
Voilà quel a été mon raisonnement.

Remarque : Plaquer un -1 quand on pense qu’une réponse est fausse est périlleux. Il vaut beaucoup mieux échanger ses raisonnement plutôt que de vouloir fermer la bouche de façon péremptoire à son vis à vis. Il se peut qu’à plusieurs on parvienne à nuancer ses analyses.

Tara Grand maître Répondu le 22 février 2024

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