Verbe « penser » : ressenti, affirmation ou hypothèse ? Présent ou subjonctif ?

Bonjour,

Un peu (beaucoup) long mais bon… 😉

J’ai dû faire un choix sur une phrase, les options étaient :
a) – je ne pense pas qu’il est malade
b) – je ne pense pas qu’il soit malade

J’avais choisi naturellement l’option « b » qui me sonnait logique à l’oreille comme à la compréhension.

Puis…(allez savoir pourquoi 😉 ), j’ai voulu m’assurer de mon option en transformant la phrase (réflexe que nous avons sur beaucoup de règles)
Pour ce faire, j’ai mis la phrase en mode affirmatif (là encore, allez savoir pourquoi 😉 ) et j’ai donc obtenu  » Je pense qu’il EST malade ». Et du coup… le doute m’est venu.

– Je pense (présent) qu’il est (présent) malade.
Sous entendu je pense (là, maintenant, tout de suite) qu’il est présentement (là, maintenant, tout de suite) malade
C’est une affirmation exprimée (au moment présent) sur quelque chose (une situation ou autre) qui EST existante ou de mise au moment même où la phrase est dite. Donc présent pour l’ensemble des verbes = ok

– Je ne pense pas (présent) qu’il soit ( subjonctif donc hypothèse) malade.
revient à dire qu’au moment où la phrase est exprimée, la personne représentée par « Je », pense et s’exprime au présent sur quelque chose d’actuel (qui a lieu dans le même temps donc au présent).

Pourquoi diable passer du présent au subjonctif dans le deuxième cas…?

Dans les 2 cas « je pense » ou bien « je ne pense pas » reste exprimé au temps présent
Dans les 2 cas le « je » s’exprime sur un évènement actuel qui a lieu là, maintenant, tout de suite (donc au temps présent)

Le fait de passer à la forme négative reviendrait-il à concéder ne pas savoir si la personne est malade donc emploi du subjonctif ?…sous-entendu  » Je ne pense pas » = je ne sais PAS = donc hypothèse sur le reste de la phrase ? (sens dans lequel j’abonde naturellement)

Mais si tel est le cas….quand une personne dit « JE PENSE (affirmatif) qu’il EST malade », en dehors d’exprimer sa propre pensée avec affirmation, n’est-ce pas tout de même n’affirmer …. qu’une hypothèse ?
Le verbe « penser » n’exprime qu’une conviction personnelle et  non pas un fait, alors pourquoi l’emploi du subjonctif à suivre ne serait-il pas toujours de mise (forme affirmative ou négative)… ?

Bon, vous l’aurez compris, j’ai changé mon choix de réponse et j’ai pris la mauvaise option.
J’aimerais cependant qu’une âme charitable m’indique la/les règles qui me seraient inconnues en la matière et/ou m’explique le pourquoi de tout cela.

Bienvenus 😉

Cocojade Grand maître Demandé le 17 novembre 2022 dans Question de langue

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4 réponse(s)
 

En effet, avec les verbes d’opinion (croire, penser, juger…), la forme négative + interrogative est au subj. et la forme affirmative est à l’indicatif.

joelle Grand maître Répondu le 17 novembre 2022

Bonsoir Joelle,

Merci pour votre retour qui me pose un cadre (je n’en avais pas sur ce point)

Mais…

Pouvez-vous m’expliquer pourquoi la forme affirmative implique le présent au lieu du subjonctif pour ces verbes-là, s’il vous plaît?

Parce que, quelles que soient les règles admises (que je suivrai dans le but de respecter notre langue)  les verbes d’opinion expriment une opinion « personnelle » et non des faits.

Et si nous sommes d’accord sur ce postulat (je vois difficilement quiconque le remettre en cause de manière étayée),
…   au bout de la chaîne… cela se résume à dire que le subjonctif devrait toujours être de mise et ce,  autant sous la forme affirmative que négative.

J’ai vraiment envie d’avoir logique en moi d’où mon insistance 😉
Merci par avance pour votre avis éclairant sur le sujet Joelle

le 17 novembre 2022.

C’est bien d’approfondir … j’ai tendance à suivre les règles sans y réfléchir…
Pour ce cas, il m’a toujours semblé que – pour un verbe d’opinion – la forme affirmative donne plus de « réalité » que la forme interrogative ou la forme négative ; ce ne sont pas des faits donc on ne peut pas dire si c’est juste ou faux, il s’agit d’exprimer notre perception de façon nuancée.
Je crois qu’il a été heureux de te voir. J’affirme, sa joie est plutôt « réelle » à mes yeux (dans mon opinion).
Je ne pense pas qu’il puisse être heureux.Je nie l’hypothèse de son bonheur.
Penses-tu qu’il soit content de ses résultats ? Peut-on envisager cela ? Si je questionne c’est que je ne suis pas certain.

le 17 novembre 2022.

Merci Joelle

Effectivement tout n’est pas si simple. Je remarque qu’en ce qui me concerne, je devrais parfois m’abstenir de trop réfléchir sur certains points, parce que de fait, cela me fait souvent douter là où précédemment j’avais évidence.

Du coup…Je pense que parfois il me faut moins me questionner ET/OU je ne pense pas qu’il me faille autant me questionner, parfois. 🙂 😉 😉 

le 18 novembre 2022.

Bonsoir Cocojade,

Vous écrivez « les verbes d’opinion expriment une opinion « personnelle » et non des faits. »

C’est vrai mais le factuel n’est pas pris en compte : c’est le fait d’être certain qui l’est.

« Je pense qu’il est malade » -> C’est ce que je pense. Je suis certain, même sans pouvoir le prouver, qu’il est malade.

En revanche,

Je ne pense pas qu’il soit malade » ->  Je doute, même sans pouvoir le prouver, qu’il est malade.

C’est la différence qui explique, si je me rappelle bien, cette différence de mode pour les verbes d’opinion.

Quand j’affirme mon opinion, j’en affirme la certitude.

 

Ouatitm Grand maître Répondu le 17 novembre 2022

Bonjour Ouatim,

Je vous rejoins en partie.
Je pense qu’il est malade. En fait, dans l’absolu, peu importe s’il est ou pas malade. Ce qui compte c’est l’opinion qui est affirmée.
Je ne pense pas qu’il soit malade. Je suis également ok sur la notion de doute qu’induit le « je ne pense pas » donc sur l’emploi du subjonctif (et c’est ce qui me convenait avant de poser la question et qui me sonne toujours juste)

Il me reste tout de même un doute sur une autre option
Je ne pense pas qu’il est malade
Si j’affirme ici mon opinion sans le moindre doute, avec certitude (je ne pense PAS et c’est mon avis et j’en suis certaine)…il ne me semble alors pas faux que  « le fait »  que j’affirme (il n’est pas malade) puisse être indiqué au présent….
Tordu je sais mais…;)

Quoi qu’il en soit, merci pour votre retour Ouatim

le 18 novembre 2022.

Votre question est extrêmement intéressante Cocojade.
« La concurrence du subjonctif et de l’indicatif demeure envers et contre tout l’un des trois ou quatre filons
inépuisables de la linguistique française »Wilmet (1997)

Les situations d’alternance provoquent des discussions de deux ordre parmi les linguistes : d’une part des
discussions à propos de la réalité de l’alternance : peut-être sous l’influence d’une vision prescriptive, ou
peut-être sous l’influence des cas particuliers étudiés par les uns ou les autres, il y a fréquemment débat sur
les données elles-mêmes (sur le fait que les formes en alternance sont ou non également grammaticales,
ou sur les effets sémantiques ou leur absence, etc.). Il y a bien sûr aussi discussion sur l’explication du
phénomène : cela dépend évidemment de la première discussion, mais dans beaucoup de cas il s’agit de
chercher une explication unifiée, catégorique, du phénomène.

Vous voyez que vous n’êtes pas la seule à vous interroger sur cette alternance, possible parfois, impossible d’autres fois, entre modes indicatif et subjonctif

Tout d’abord précisons ceci :
Je pense qu’il est malade – °je pense qu’il soit malade ne se dit pas
Mais
Je ne pense pas qu’il soit malade  – Je ne pense pas qu’il est malade : l’alternance est tout à fait possible

La question est donc : alors pourquoi ce choix entre indicatif et subjonctif à la forme négative seulement ?
Question très intéressante parce qu’elle nous permet d’approcher ce mystérieux subjonctif d’un peu près.

Une piste : ne serait-ce pas parce qu’à la forme affirmative on ne peut exprimer qu’un constat. Deux faits sont donnés : je pense  que et  il est malade
alors qu’à la forme négative on peut exprimer et un constat de deux faits : Je ne pense pas que et il est malade aussi bien qu’une concession : je ne pense pas  = fait donné et qu’il soit malade

J’avance (prudemment et modestement) ce début d’explication :
Le verbe penser pourrait prendre un sens différent à la forme négative  : je pense = je crois je ne pense pas  = je ne crois pas ou  bien j’ai un doute sur le fait.

Voici un site intéressant sur la question : Vers une analyse factorielle de l\’alternance indicatif/subjonctif – shsconf_cmlf14_01249.pdf
Il y a d’autres études bien sûr. Bonne lecture !

Tara Grand maître Répondu le 18 novembre 2022

Bonjour Tara,

Je vous remercie pour avoir exposé votre cheminement ainsi que pour le lien que j’ai trouvé très intéressant. (en revanche, j’ai un sérieux doute quant à la « bonne » lecture que j’ai pu en faire 😉 …C’est hyper pointu 😉 )

Je pense que je vais retenir qu’à la forme affirmative un verbe d’opinion « affirme »( … même si à la base ce n’est pourtant qu’un verbe d’opinion)
1 – Je pense (j’exprime ma pensée) 2 -qu’il EST malade (c’est ce que je pense)
1 – Je pense (j’exprime ma pensée) 2 – qu’il n’EST PAS malade (c’est ce que je pense)
En fait, sur le fond peu importe s’il est vrai qu’il soit ou qu’il ne soit pas malade, j’exprime ma pensée, mon opinion, MA CERTITUDE donc très logiquement j’affirme ce que je pense, point.

Pour la forme négative,
1 -Je ne pense PAS  (je ne crois pas, je ne sais pas vraiment, je doute, etc.) 2 – qu’il SOIT malade (qu’il puisse être malade).
L’emploi du subjonctif semble très cohérent car le fait d’exprimer un doute en tout début de phrase  la fait évoluer sur une hypothèse. ok (et c’est l’option qui me convient donc j’aurais tendance à dire tant mieux 😉 )

Mais pourtant (je me fais l’avocat du diable 😉 ) …  l’option suivante me semble tout-à-fait possible.
1 – Je ne pense PAS (j’exprime ma pensée dont je suis certaine) 2 – qu’il EST malade (présentement)
En effet, le fait de dire « je ne pense PAS  » n’implique pas obligatoirement un «  je ne crois pas, je doute« .
Je ne pense pas peut également exprimer clairement une pensée, une opinion et donc, au même titre que sous la forme affirmative, affirmer celle-ci avec certitude,  ce sans avoir le moindre doute.
Je ne pense pas, je ne crois pas et…J’en suis certaine, c’est mon avis et je l’affirme.
En ce sens, et bien que ma préférence aille (et ira) au subjonctif, il ne m’apparaît pas faux non plus de pouvoir dire
Je ne pense pas qu’il est malade.

Esprit retors,  je le reconnais 😉

le 18 novembre 2022.

Je pense qu’il est malade.

Je ne pense pas qu’il soit malade.

Prince (archive) Débutant Répondu le 17 novembre 2022

Bonsoir Prince,

Avec tout le respect que je vous porte, vous faites encore une fois du hors sujet dans votre réponse.

Avez-vous pris le temps de lire, et/ou encore mieux, de « comprendre » la question posée ?

Depuis que je suis sur ce site je n’ai aucun doute sur vos connaissances (ce que j’admire) et je vous remercie d’avoir pris le temps de m’éclairer maintes fois en me rappelant des règles mais…Je commence à avoir des doutes sur votre « compréhension ».

Cela fait plusieurs fois que vous avez des réponses « étranges » en regard de mes questions.

Alors certes, j’admets sans souci que parfois elles puissent être bizarres ou bien qu’elles puissent sortir du cadre des « règles » ou bien même encore qu’elles puissent être mal exprimées mais…quand même.

Relisez l’objet ET le déroulé de ma question entièrement, donc mon questionnement final et voyez votre réponse.

Je cite votre réponse :

Début
« Je pense qu’il est malade.
Je ne pense pas qu’il soit malade »
Fin

Vous avez vraiment l’impression d’avoir apporté réponse ou réflexion à mon questionnement … ?
(qui avait plus pour sujet un « cheminement » … d’où sa catégorie choisie  » question de langue »)

le 17 novembre 2022.

Depuis qq temps, j’ai le sentiment que je vous apporte des réponses qui n’en sont pas. Bien sûr, j’ai une excuse. Je vous demande pardon et je vais faire des efforts…. Bien à vous.

le 17 novembre 2022.

Prince, je suis vraiment désolée et triste d’avoir pu susciter ce message en retour…Le mien ne se voulait pas du tout vous amener à ce message et vraiment j’en suis …désolée. Vous n’avez aucunement à me demander pardon. AUCUNEMENT.

La vraie vie n’est pas simple tout court (donc ici, même si c’est virtuel c’est pareil, voire pire)

Je pose des questions souvent hors cadre donc « chelous » 😉 et ceux qui veulent bien, malgré tout, prendre la peine et le temps d’y répondre…font souvent l’effort de penser hors des cadres et règles admises qu’on leur a inculqués depuis toujours.  Et franchement ce ne doit pas être facile.
Pour moi c’est simple. Une interrogation = une question et peu m’importe les règles !  Parce que ce que je veux c’est « comprendre » dans le sens le plus propre et noble du terme.
Pour beaucoup d’entre vous, ici, défenseurs de la langue française depuis toujours, je comprends que certaines de mes démarches/questions puissent énerver.
Malgré tout, j’aurais tendance à dire que cela ne devrait pas.
Parce que oui certes, parfois (ce n’est pas toujours n’est-ce pas ? 😉 )je me pose des questions qui peuvent faire « ch… » mais mes questions sont de vraies interrogations et elles vont dans le sens de comprendre la langue française.

Je fais à mon tour ici une réponse certainement « hors sujet » (comme quoi vous n’êtes pas seul 😉 ) mais je tenais à la faire.

Je n’ai aucun doute sur vos connaissances Prince et votre message m’enjoint à penser que vous avez bien plus que celles-ci.
Mes respects
À très vite 🙂

le 17 novembre 2022.

NB. Quant à votre excuse, j’aurais tendance à dire que dans l’absolu nous en avons tous. Et donc je réitère ma question posée à maintes reprises…..sans avoir obtenu réponse.
POURQUOI n’y a-t-il pas de messagerie entre les membres de ce site, sur ce site… ?  Une volonté ? Une incapacité ? … Un rapport ou allergie ou incompatibilité avec la langue française… ? 😉 😉 😉

Pourtant l’échange fait bien partie de toute connaissance non ?

le 18 novembre 2022.

Que de questions !

Vous écrivez agréablement.

le 18 novembre 2022.

Je salue votre délicatesse Cocojade. Vous avez raison, une messagerie entre membres serait une bonne chose et permettrait de régler bien des malentendus.
Ces échanges virtuels sont souvent lourds de non-dits, s’embarrassent que quiproquos qui pourraient être résolus. On ne sait jamais ce que vit réellement la personne avec qui on interagit. C’est pourquoi il faut toujours rester bienveillant.
Nous savons tous que Prince a de grandes qualités et un savoir dans des domaines spécifiques qui est précieux. Nous devons nous voir ici comme complémentaires. Merci Cocojade.

le 18 novembre 2022.

Merci à vous Tara …

le 18 novembre 2022.

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