« Une bien drôle façon de montrer ses sentiments »

Bonjour,

J’ai trouvé cette phrase dans une traduction d’un roman de Simone van der Vlugt, Bleu de Delft, et elle attire mon attention.

Après tout, en français, les adjectifs sont censés pouvoir être mis avant ou après le nom qu’ils qualifient. Je peux aussi bien dire « une bien gentille façon de montrer ses sentiments » que « une façon bien gentille de montrer ses sentiments ».

Mais il me semble que si je peux écrire : « c’est une façon drôle de montrer ses sentiments », on n’écrira pas « c’est une drôle façon »,  mais bien plutôt « une drôle de façon ». Y a-t-il un livre dans lequel soit référencé un usage particulier de cet adjectif ? Parce que stricto sensu, même si ça agace mes oreilles, pourquoi ne pas écrire « une bien drôle façon » ?

Merci de votre aide,
Amicalement,
Karine

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3 réponse(s)
 

Un façon bien drôle (étrange) de montrer ses sentiments, je suis d’accord avec vous. Une étrange façon de montrer …
Vous trouverez ici à la partie B) une série d’emplois de « drôle de ».

Le livre que vous citez est très agréable à lire (je l’ai emporté pour un voyage à Amsterdam), mais il est traduit et apparemment mal relu.

joelle Grand maître Répondu le 8 juin 2025

En anglais et en allemand les adjectifs qualificatifs sont quasiment toujours placés avant le nom. En français, la place derrière n’intervient que « le plus souvent » car il existe de nombreuses raisons  pour inverser : historique des tournures, longueur des adjectifs (les adjectifs monosyllabiques repassent souvent devant, comme beau, bref, court, etc.), construction de la phrase, On peut ajouter à cette liste le cas spécifique des changements de sens d’un même adjectif selon sa position. Cela a été étudié, montrant qu’on passe souvent du sens propre après le nom (une affirmation certaine, un homme grand) au sens figuré avant (une certaine affirmation, un grand homme). Dans vos exemples, une guerre drôle n’a pas le même sens qu’une drôle de guerre.
Malgré ces flottements, l’usage hésite en général peu sur la place mais cela relève des idiomatismes ou de la stylistique, pas de la grammaire.

Chambaron Grand maître Répondu le 8 juin 2025

D’après un article du Grévisse : Construction indirecte de l’apposition

Dans un certain nombre de cas, l’apposition précède le nom et y est joint par la préposition « de ».
Dans des désignations affectives : elle était toute fière de voir son chef d’œuvre de robe mouillée
Dans des contextes péjoratifs ; Ce Cochon de Morin (titre d’un conte de Maupassant) :

Or, « drôle » a été un nom. L’emploi de « drôle de » pourrait s’expliquer ainsi : c’est un drôle de garçon
Remarque :
On ne trouve pas le féminin « drôlesse » c’est une drôle de femme et non *une drôlesse de femme:.
On peut trouvez des degrés : les plus drôles de confusions (Stendhal). Mais c’est peut-être par contamination (on prendrait drôle pour un adjectif).

Par ailleurs on rencontre des adjectifs ainsi employés ; Cet imbécile de Morin n’avait rien entendu

Tara Grand maître Répondu le 9 juin 2025

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