s’être cru/s

Bonjour,

L’accord de « croire » ici est-il correct ? « Ils ont tenté de s’acheter une bonne conduite, après s’être crus tout permis. »
Merci,

BBFolk Grand maître Demandé le 20 janvier 2024 dans Accords

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5 réponse(s)
 

C’est juste, ils se sont crus = ils ont cru eux-mêmes ==> s’être crus c’est l’accord.

joelle Grand maître Répondu le 20 janvier 2024

Voilà sans doute encore un coup tordu d’un verbe pronominal dit « autonome » (ou essentiellement pronominal par le sens).
Les auteurs et correcteurs semblent s’y être souvent pris les pieds car on trouve des attestations avec ou sans accord et cela depuis plusieurs siècles.
À la forme pronominale, le verbe croire peut avoir deux sens :
1. le sens réfléchi de s’imaginer soi-même, se prendre pour : elle s’est crue la reine de la fête. L’accord se fait avec le pronom C.O.D antéposé.
2. le sens spécifique (autonome) de penser, imaginer, croire. C’est en fait le même sens que la forme non pronominale et le pronom n’a aucune fonction grammaticale. Il s’agit selon moi d’un archaïsme hérité du latin médiéval, proche de ce que l’on nomme « datif éthique » : elle s’est crue tout permis. On accorde aussi avec le sujet comme pour pour tout verbe pronominal autonome (cf. elle s’est envolée).
P.S. Réponse modifiée au point 1 pour tenir compte du commentaire et de la suite de l’échange.

Chambaron Grand maître Répondu le 20 janvier 2024

Dans votre cas 1- si vous accordez avec le sujet, c’est que vous concluez que le pronom réfléchi est inanalysable, n’est-il pas COD ?

Dans votre cas 2- vous dites que la forme pronominale a le même sens que la forme non pronominale et vous concluez que le pronominal est autonome, n’est-ce pas contradictoire ? (Si je ne m’abuse, un pronominal est dit autonome quand son sens sens diffère de la forme non pronominale, non ?). Par ailleurs vous commencez par dire que le pronom n’a aucune fonction grammaticale, mais qu’il est proche d’un datif éthique (autrement dit il serait analysable, c’est bien une fonction le datif éthique, non ? (je vois pas trop la parenté avec le datif éthique, mais c’est encore une autre histoire)).

le 20 janvier 2024.

Sens 1 : le verbe est réfléchi, le sujet exerce l’action sur lui-même, le pronom est C.O.D. (le sujet se croit être ceci ou cela).
Sens 2 : la présence du pronom est archaïque, un gallicisme parfois condamné académiquement . On pourrait dire « elle croit tout permis ». Dans le datif éthique (exemple Je vais me le faire) le pronom (ici me) n’a pas de fonction grammaticale, il fait partie de la tournure. Le verbe est donc faussement pronominal, dans la forme pas dans le sens.

le 20 janvier 2024.

Cas 1- Donc l’accord ne se fait pas avec le sujet (je vous cite : Le verbe est attributif et l’accord se fait avec le sujet), mais avec le COD antéposé (soit ici le pronom réfléchi).

Cas 2- Elle se croit tout permis n’est pas équivalent à elle croit (que) tout (est) permis, mais à elle croit que tout lui est permis (comme cela a été dit par CParlotte et Tara), le pronom réfléchi n’est ni explétif, ni vide de sens, ni éthique et il est analysable.
Par ailleurs comment analysez-vous tout permis ?
Dans se faire quelqu’un, pensez-vous vraiment que se soit un datif éthique ? Il me semble que le datif éthique est toujours supprimable, or ce n’est pas possible dans le cas présent.

le 21 janvier 2024.

Je reconnais mon erreur de rédaction rapide et la corrige : le verbe est bien réfléchi et l’accord ses fait évidemment avec le complément C.O.D. antéposé (comme je le dis dans mon premier commentaire).
Pour le reste, je ne change pas de position et j’arrête le suivi de cette question.

le 21 janvier 2024.

Au risque de me voir attribuer un vote négatif à mon tour, je vous donne mon humble avis :
Ils se sont crus les plus forts –> ils se sont imaginés les plus forts
Ils se sont cru tout permis –> ils se sont imaginé que tout leur était permis

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 21 janvier 2024

S’imaginer pose en effet le même problème que se croire : deux cas souvent litigieux qui demandent une réflexion au second degré. Votre réponse va en tout cas dans le même sens que la mienne…

le 21 janvier 2024.

Les paires s’imaginer / imaginer et se croire / croire ne sont en rien comparables :

  • Chambaron s’imagine qu’il est le seul capable de saisir de tels subtilités (… de réfléchir au second degré  looool !)  ≃ Chambaron imagine qu’il est le seul capable de saisir de tels subtilités.
  • Chambaron croit tout permis* ≠ Chambaron se croit tout permis.

 

* Pour autant que cette syntaxe soit acceptable.

le 21 janvier 2024.

De saisir de telles subtilités, au moins, s’il vous plaît………………

le 23 janvier 2024.

La construction pronominale est ici accidentelle, c’est-à-dire qu’elle résulte d’une construction réfléchie d’un verbe se conjuguant avec l’auxiliaire avoir.
— Ils ont cru que ces choses étaient permises
— Ils ont cru cela
— Ils ont cru ces choses permises
— Ils ont cru tout permis (pour eux)
Le verbe « croire » a donc un COD, qui est la proposition complétive « que ces choses étaient permises ». Dans la construction sans subordonnée, on peut dire que « croire » est un verbe attributif, que le COD est « tout », et que l’attribut du COD est « permis ».
Mais en tout cas, il y a un COD.

On voit donc que, le COD étant derrière, il ne peut pas être devant, comme par exemple dans « ils se sont crus autorisés à tout ».
[En réalité, si dans cette phrase on accorde souvent, il est également possible de comprendre qu’ils ne se sont pas vraiment crus, mais qu’ils ont cru qu’ils étaient autorisés, et que le COD de croire n’est pas « se » mis pour « eux-mêmes » mais la proposition entière, ce qui n’entraîne pas d’accord, et permet « ils se sont cru autorisés à tout », comme dans une construction non pronominale où on a le choix entre « des personnes qu’on avait crues malades » et « des personnes qu’on avait cru malades ».]
Mais nous ne sommes pas dans cette situation.

Donc, le pronom « se » n’est pas COD car le COD est derrière. Mais peut-être, du fait que cette expression « se croire tout permis » ne s’utilise que réflexivement (elle n’est pas vraiment une déclinaison de « ils m’ont cru tout permis », « je vous ai cru tout permis »…), faudrait-il la rapprocher des verbes obligatoirement pronominaux et accorder le participe passé avec le sujet ? Non.
D’une part parce que même si « ils lui ont cru tout permis » ne se dit pas, cela reste concevable et analysable syntaxiquement, et le pronom est facile à catégoriser :
Ils ont cru que tout leur était permis : « leur » est un pronom de type COI
Il ont cru tout permis (à eux)
Ils se sont cru tout permis : « se » est un pronom de type COI
D’autre part parce que, par construction, il n’existe pas de verbe conjugué pronominalement permettant à la fois l’accord du participe passé avec le sujet et la présence d’un COD.

CParlotte Grand maître Répondu le 20 janvier 2024

après s’être cru tout permis. = après avoir cru que pour eux tout était permis.

Je suis d’accord avec CParlotte :  le COD n’est pas  « se » mais la complétive . On n’accorde pas avec « se ».

Tara Grand maître Répondu le 20 janvier 2024

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