Se laisser …

Elle s’est laissé(e ?) conduire par un taxi.

Mettre un E est-il correct ? Ne pas en mettre est-il correct ?
francais Grand maître Demandé le 8 février 2021 dans Accords

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

4 réponse(s)
 
Meilleure réponse

Laissé +inf.

(J’avais rédigé un topo, mais je l’ai malencontreusement  effacé. Je n’ai pas le courage de le refaire. Mais je vous donne  cet extrait du dict. de l’Ac. fr., qui permet de tout comprendre. Je résume tout d’ailleurs dans les deux lignes qui suivent.)

L’Académie française applique dans ses ex. la règle habituelle d’accord du participe passé laissé suivi d’un infinitif et admet l’invariabilité de laissé suivi d’un infinitif, inv. qui est recommandée par les R.O. (Cela vaut pour laisser et se laisser.)

Lisez ceci SVP (art. LAISSER, V, du dico de l’Ac. fr.) et ayez la curiosité de cliquer sur le losange (pas dans ma reproduction qui suit).

« V. Employé comme semi-auxiliaire devant un infinitif ou une proposition infinitive.

Ne pas empêcher de ; tolérer, permettre. Laisser passer quelqu’un, laisser quelqu’un passer. Laissez-le ou laissez-lui écrire quelques lettres. Un prisonnier qu’on a laissé échapper ou s’échapper. Laissez-moi vous aider. Des innocents qu’on a laissé condamner. On les a laissés  mourir. Par courtoisie. Laissez-moi me dire votre obligé. Laissez-moi vous signaler votre erreur.

[Le losange signale la possibilité de l’inv.]

▪ Pron. réfléchi. Ils se sont laissés  mourir de faim, de soif. Dans une construction réfléchie indirecte. Il se laisse pousser la barbe. Il ne s’en laisse pas conter, accroire. Pron. passif. Se laisser surprendre. Ils se sont laissé tuer. Cela ne se laisse pas décrire, est indescriptible. Se laisser tenter, accepter quelque chose d’agréable. Fam. Ce livre se laisse lire, on le lit sans fatigue, sans ennui. Cela se laisse boire, se laisse manger, on le boit, on le mange avec un certain plaisir.
▪ Loc. et expr. Laisser croire, laisser entendre une chose, l’insinuer, la faire comprendre sans la dire nettement. Laisser voir, laisser paraître, montrer, découvrir. Cette percée laisse voir une vaste plaine. Le brouillard qui se dissipe laisse paraître la campagne. Fig. Laisser voir sa pensée, laisser paraître son trouble, n’en rien laisser paraître.
▪ Laisser tomber, lâcher, ne pas empêcher de tomber. Laisser tomber ce qu’on a dans les mains. Pron. Se laisser tomber dans l’herbe. Fig. et fam. Laisser tomber une affaire, y renoncer. Laisser tomber une personne, l’abandonner, particulièrement quand elle est en difficulté. Pop. Laisse tomber, n’insiste pas.
▪ Laisser aller, ne pas retenir. Je les ai laissés  aller. Fig. Laisser aller les choses. Laisser tout aller (fam.), négliger entièrement ses affaires. Pron. Se laisser aller à la douleur,  s’y abandonner. Se laisser aller à mentir. Absolument. Se laisser aller, se relâcher, s’abandonner à ses penchants, à la paresse, à la mollesse, etc. Subst. Laisser-aller.
▪ Laisser faire quelqu’un ou, vieilli, laisser faire à quelqu’un, lui permettre d’agir à sa guise ou s’en remettre à lui. Je ne les ai pas laissés  faire. Laisser le temps faire son œuvre, ou laisser faire le temps. Pron. Se laisser faire du tort, souffrir qu’on vous en fasse. Fam. Se laisser faire, ne pas opposer de résistance, ne pas se défendre ; céder à des offres, à des avances. Elle ne s’est pas laissé faire.
▪ HISTOIRE. Laissez faire, laissez passer, expression née au xviiie siècle et recommandant la liberté du commerce, souvent reprise pour résumer les premières théories du libéralisme économique. Laisser dire, souffrir qu’on dise, ne pas se soucier de ce qui se dit. Laisser dire les mauvaises langues. Laisser dire, laisser faire, ne pas s’opposer à ce que dit ou fait autrui ; ne pas s’en mettre en peine. Expr. proverbiale. Bien faire et laisser dire. Loc. fam. Je me suis laissé dire que…, pour indiquer qu’on a entendu parler de quelque chose sans vraiment y croire, ou bien pour lancer une rumeur sans en prendre la responsabilité.
▪ Pron. passif. Se laisser mener, gouverner, permettre à d’autres de diriger votre existence, votre conduite. Fig. Se laisser mener par ses passions, par l’intérêt. Fam. Se laisser mener par le bout du nez. Dans une construction réfléchie indirecte. Se laisser tondre, manger la laine sur le dos (fig. et fam.),
[…]

Remarque

Les exemples ci-dessus respectent la règle habituelle d’accord du participe passé suivi d’un infinitif. Cependant, l’application de cette règle étant parfois malaisée, particulièrement dans les formes pronominales, et l’accord restant incertain dans l’usage, on pourra, comme pour le verbe faire, généraliser l’invariabilité du participe passé de laisser dans le cas où il est suivi d’un infinitif. Il est donc possible d’écrire : Elle s’est laissé mourir comme Elle s’est fait maigrir ; Je les ai laissé partir comme Je les ai fait partir.

Orthographe

◇ Peut s’écrire on les a laissé mourir ; ils se sont laissé mourir de faim, de soif ; je les ai laissé aller ; je ne les ai pas laissé faire, selon les rectifications orthographiques de 1990.

[règle §5] Participe passé de laisser suivi d’un infinitif. »

 

 

Prince (archive) Débutant Répondu le 8 février 2021

J’ai traité de cette question en m’appuyant sur la position de l’Académie française, du Bon usage et de la BDL.  Excusez du peu !

Prince (archive) Débutant Répondu le 8 février 2021

Merci Prince,
Donc on a le droit aux deux ?
C’est avec les R.O. de 1990 : « Le participe passé de laisser suivi d’un infinitif est invariable. » ?
Mais https://www.cordial.fr/enligne.php me dit que »Elle s’est laissée conduire par un taxi. » est faux. Donc, ils se trompent ?

le 8 février 2021.

On peut appliquer ou pas les rectifications mais il est malvenu de dire que l’un ou l’autre emploi est faux.

le 8 février 2021.

Merci Joelle Ravot pour cette confirmation.
Je vais donc contacter le site pour le leur dire.

le 9 février 2021.

Tout dépend, en fait, de qui fait l’action. « Elle s’est laissée (sic) conduire par un taxi » est faux parce que ce n’est pas « elle » qui fait l’action de conduire, c’est le chauffeur de taxi… et c’est en cela que la source que vous citez a raison.

Nous aurons donc : « elle s’est laissé conduire », « ils se sont laissé conduire », « elles se sont laissé conduire ».

Cela découle de la règle grammaticale traditionnelle.

Les recommandations de 1990, qui n’ont fait que conclure à une invariabilité « de complaisance » n’ont rien à voir en l’occurrence.

Toujours en se fiant à la règle traditionnelle, on ferait l’accord, par exemple, dans le cas de « Elle s’est laissée choir » puisque  c’est « elle » qui fait tant l’action de « choir » que celle de « se laisser choir ».

Azucena Grand maître Répondu le 17 mars 2022

C’est effectivement faux, « elle » ne faisant pas l’action de conduire.

Azucena Grand maître Répondu le 17 mars 2022

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.