que j’aurais souhaité(e)

Répondu

Bonjour,

Comment doit-on accorder le participe passé dans la phrase suivante ?

« Pourtant, je n’en éprouvais pas toute la joie que j’aurais souhaité(e). »

J’aurais souhaité quoi ? La joie. => souhaitée ?
ou
J’aurais souhaité éprouver quoi ? La joie. => souhaité ?

Merci !

BBFolk Grand maître Demandé le 22 juin 2019 dans Accords

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5 réponse(s)
 
Meilleure réponse

Bonsoir à tous;

Il existe une règle ; il suffit de l’appliquer intelligemment
(= il faut se méfier parfois de « l’application automatique » des règles, comme aime à écrire Chambaron).

La règle est la suivante.

Elle concerne les notamment PP désiré, souhaité, espéré, cru, dit, dû, permis, promis, pensé, su, voulu, pu, prévu. Ils peuvent être suivis d’un infinitif (ou d’un verbe conjugué : je laisse de côté le v. conjugué par simplification)) sous-entendu.

De deux choses l’une (cf. le « Hanse »,  3e éd., p. 647) :

– soit l’infinitif qui suit le participe (ici souhaité) est nécessairement à sous-entendre ; c’est de lui que dépend le C.O.D., et le PP ne s’accorde donc pas. J’ai fait tous les efforts que j’ai pu. On ne peut pas les efforts. En revanche, on peut faire des efforts ;

– soit le C.O.D. peut dépendre du PP ou de l’infinitif qui suit  ce participe ; on a le choix entre la variabilité et l’invariabilité du participe.  J’ai atteint les effets que j’avais espérés (j’avais espéré ces effets, comme on espère une réussite, par ex.).  Mais on peut écrire aussi… que j’avais espéré. Car on peut sous-entendre atteindre). On fait fréquemment l’accord. 

Conclusion
La phrase soumise par BBFolf relève du premier cas. Confirmation du responsable du Service du Dictionnaire de l’Académie française, ce jour (consulté en raison de l’importance de la question et car je n’étais pas d’accord avec tout le monde)  ==> Pourtant, je n’en éprouvais pas toute la joie que j’aurais souhaité. J’aurais souhaité quoi ? Toute la joie ? Que nenni ! J’aurais souhaité éprouver [toute la joie].  

 

Prince (archive) Débutant Répondu le 24 juin 2019

Bonsoir Prince, merci pour ce message abondamment argumenté et richement documenté (comme à l’accoutumée) qui conclut dans le même sens que celui, certes un peu plus concis, que j’avais posté il y a deux jours. Cependant je me permettrais d’être moins catégorique que vous et de maintenir que l’accord de souhaité(e) avec la joie (toute la joie que j’aurais souhaitée), bien qu’éventuellement discutable sur le plan sémantique (« tiré par les cheveux » selon ma propre expression) ne saurait en aucun cas être considéré comme fautif, et reste selon moi parfaitement correct sur le plan grammatical.

le 24 juin 2019.

Bonjour BBFolk, votre raisonnement est correct, je dirais que les deux accords sont grammaticalement possibles, cependant j’aurais personnellement une préférence pour l’accord avec « éprouver » (donc « que j’aurais souhaité » au masculin), « souhaiter la joie » me paraissant un peu tiré par les cheveux…

ChristianF Grand maître Répondu le 22 juin 2019

C’est plus qu’une préférence, c’est de la logique. J’ai pris toutes les choses que j’ai pu : lorsque le verbe est sous-entendu (par souci de ne pas lourdement le répéter), il est clair que l’accord n’a pas lieu de se faire.  Il s’agit d’un semi-auxiliaire. Dans cet exemple, joie n’est à l’évidence pas le C.O.D. de souhaiter mais d’éprouver.

le 23 juin 2019.

Merci, ChristianF ! Je pense la même chose, l’accord avec « éprouver » me paraît plus logique.  🙂

BBFolk Grand maître Répondu le 22 juin 2019

Pourtant, je n’en éprouvais pas toute la joie que j’aurais souhaité(e). »

J’aurais souhaité quoi ? La joie. => souhaitée ?
ou
J’aurais souhaité éprouver quoi ? La joie. => souhaité ?

Indubitablement il faut faire l’accord : Pourtant, je n’en éprouvais pas toute la joie que j’aurais souhaitée.
Pourquoi ?
Cette phrase est une phrase complexe formée à partir des deux éléments suivants :
1.Je n’en éprouvais pas toute la joie
2.J’aurais souhaité cette joie.
Dans la phrase que vous proposez on subordonne la 2 à la 1; on choisit un pronom capable de faire le lien et de reprendre le nom qu’on ne veut pas répéter, ici le nom « joie ». Il nous faut donc un pronom relatif.
Comme en 2 « joie » est COD, c’est donc le pronom relatif « que »,  toujours COD, qu’on utilisera.
Et comme nous obtenons : je n’en éprouvais pas toute la joie que j’aurais souhaitée, le pronom relatif COD qui prend le genre et le nombre du nom qu’il remplace, est placé avant le participe passé > on suit donc la règle d’accord.

En revanche :
Je n’en éprouvais pas une  grande joie, comme je l’aurais souhaité.
Cette phrase est construite sur :
1. je n’en éprouvais pas une grande joie
2. comme je l’aurais souhaité
Ici on a bien une subordination, mais cette fois-ci pas de pronom relatif mais seulement une conjonction « comme », pour lier les deux propositions. « Le » (ici l’) est utilisé pour reprendre tout le sens de  la proposition 1 : éprouver une grande joie.
Ce « le » est neutre puisqu’il reprend une idée : il n’y a donc pas lieu de penser à quelque accord que ce soit.

Tara Grand maître Répondu le 22 juin 2019

Oui, merci pour ces messages qui me permettent d’avoir une vue plus nuancée.  En effet, je ne sais pas si on peut souhaiter une joie, sans doute; mais le plus souvent on souhaite avoir une joie, la vivre. Si bien que dans le cas de l’exemple, certes il peut y avoir accord avec « joie » mais finalement, je pencherais sur l’absence d’accord, « que » reprenant l’idée et pas le mot.
D’autant que me gênait le « toute » placé devant le nom : « toute la joie » qui rendait le nom difficile à définir avec une relative.
Et à ce propos une question : pourquoi ? Je veux dire pourquoi étais-je gênée par ce « toute » ?

Tara Grand maître Répondu le 25 juin 2019

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