PP avec un infinitif sous-entendu

Répondu

Bonjour,
J’aurais besoin d’une petite explication sur deux exemples de phrase :
– Nous avons fait les escales que nous avions prévu (« de faire » est sous-entendu)
– Nous avons fait les escales que nous avions prévues hier soir
Pourquoi faut-il accorder dans la seconde phrase ? « De faire » y est bien sous-entendu également me semble-t-il ..

Je vous remercie pour vos réponses ! 🙂

Cyril17 Grand maître Demandé le 11 janvier 2018 dans Accords

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Dans les deux cas « escales » est bien C.O.D. de prévoir, verbe transitif, et l’accord du participe se fait normalement : Nous avons fait les escales que nous avions prévues  ou  […] prévues hier soir. Il n’est pas besoin de recourir à un sous-entendu pour comprendre.

Il ne faut pas faire la confusion avec le cas ou le participe passé est celui d’un verbe semi-auxiliaire comme pouvoir ou devoir :  Nous avons fait les escales que nous avons pu. Dans ce cas-là, escales n’est pas le C.O.D. de pouvoir (on ne signifie pas « pouvoir des escales » !), mais de faire qui est effectivement sous-entendu.

Chambaron Grand maître Répondu le 11 janvier 2018

Merci pour votre réponse Chambaron.
Mais c’est étonnant qu’il faille accorder dans les deux phrases, car BDL écrit :
– Nous avons fait les escales que nous avions prévu (en sous-entendant faire)
Quant à la deuxième phrase,
– Nous avons fait les escales que nous avions prévues hier soir
Là je pensais qu’en effet nous avions prévu quoi ? De faire les escales mais vu qu’il y avait une suite à la phrase, j’accordais

le 11 janvier 2018.

Merci Chambaron. Le texte de l’OQLF m’avait fait douter mais, effectivement, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas écrire : « nous avons prévu des étapes » sans qu’il y ait besoin de considérer qu’un verbe est sous-entendu. Tout ce dont j’étais sûr (autant qu’on peut l’être !), c’était que les deux phrases devaient être traitées de la même façon.

le 11 janvier 2018.

Ah oui j’ai compris, on peut considérer :
– Nous avons fait les escales que nous avions prévu (de faire)
Ou
– Nous avons fait les escales que nous avions prévues (nous avons prévu des escales)
De ce fait, les deux constructions sont possibles selon l’auteur.
Merci à tous pour vos analyses !

le 11 janvier 2018.

@Cyril17
Je n’avais pas lu assez en détail l’article de l’OQLF.
L’exemple donné pour « prévoir » est maladroit et prête à confusion. Si le sens le commande, c’est le nom en C.O.D. qui prime sur un hypothétique verbe sous-entendu. Si le complément verbal est exprimé, c’est lui qui prend le pas, ledit nom devenant son complément. On a donc, sans variantes possibles :
— Nous avons fait les escales que (C.O.D.) nous avions prévues ;
— Nous avons fait les escales que nous avions prévu de faire  (C.O.D.) .

Ce raisonnement est cohérent mais représente le summum de la torture mentale que l’on peut infliger à un rédacteur. Il existe une école de grammairiens préconisant la simplification drastique de l’accord du participe passé après avoir. Je ne suis pas loin de penser qu’on devrait les subventionner…

le 11 janvier 2018.

Nous sommes d’accord Chambaron !
Je partage votre avis quant à l’école de grammairiens, cela sauverait bon nombre de cerveaux ..

le 11 janvier 2018.

Bonjour,

L’ OQLF  trouve ses sources d’inspiration dans le B.U. de Grevisse. On peut donc s’y fier.

Voici ce que Grevisse écrit à ce sujet : (douzième édition §913 p.1374)

Les participes cruditdésiréosépensépermisprévu,promispusu, voulu et autres semblables restent invariables lorsqu’ils ont pour objet direct un infinitif ou une proposition à sous-entendre après eux.
Le pronom que qui précède est alors objet direct du verbe à sous-entendre et non du participe.

Suivent des exemples :

J’ai fait tous les efforts que j’ai pu.
Elle m’a donné tous les renseignements que j’ai voulu.
A-t-elle connu tous les succès qu’elle avait prévu ?
Il n’a pas obtenu les indemnités qu’il avait prévu.

À l’exception de pouvoir, ces verbes peuvent aussi avoir un objet direct placé avant eux et commandant l’accord du participe. Il est donc important de consulter le sens.(en général  l’infinitif ne peut pas être sous-entendu)

Elle a remboursé les sommes qu’elle avait dues.
Il débita des histoires que nous n’avons pas crues.
Il a cité toutes les paroles que j’avais dites.

Écrivez donc en toute sérénité :

Nous avons fait les escales que nous avions prévu.

czardas Grand maître Répondu le 11 janvier 2018

Cela signifierait que, quand on écrit : « nous avons prévu des escales », escales n’est pas COD mais qu’il faut comprendre « nous avons prévu (de faire) des escales ».
Vous, ou plutôt Grevisse, avez sûrement raison. Mais, alors, pourquoi prévoir serait-il un verbe transitif dont la qualité serait de ne jamais avoir de COD mais d’annoncer un verbe (explicite ou sous-entendu) introduit de surcroît par un de ?

le 11 janvier 2018.

Prévoir est un verbe transitif.

le 11 janvier 2018.

Où il se confirme que dialoguer n’est pas simple et ce fil s’embrouille…
« Il n’a pas obtenu les indemnités qu’il avait prévu », écrivez-vous. Il n’a pas obtenu les indemnités qu’il avait prévu d’obtenir. Qu’est-ce qu’il avait prévu ? D’obtenir (les indemnités). Très bien, là, nous sommes d’accord, les indemnités ne sont pas COD, du moins de prévoir.
Mais quid, par exemple, de la phrase : « Il n’a pas obtenu les indemnités qui avait été prévues » ? Dans ce cas, il n’y a aucun verbe sous-entendu : qu’est-ce qui avait été prévu : les indemnités.

Prévoir est transitif, et c’est bien ce que j’ai mis (dès le premier post, d’ailleurs).
La question que je pose dans mon commentaire est :  pourquoi ne pourrait-il pas y avoir « escales » comme COD ? Dans la proposition : « Les escales que nous avons prévues« , à la question « qu’est-ce qui a été prévu ? », il est tout à fait licite de répondre « des escales ».

Mais, comme je l’ai dit plus haut, ce fil s’embrouille… La question surgira à nouveau tôt ou tard.

le 11 janvier 2018.

Je viens de voir votre commentaire Czardas.
Je vois que les experts du site ne sont pas tous d’accord à ce sujet. J’avoue être carrément perdu .. Je vais demander à l’Academie ce qu’elle en dit. Je vous tiendrai tous informés ! 🙂

le 11 janvier 2018.

Je ne comprends pas bien pourquoi vous êtes affirmatif sur le fait que l’accord n’est pas le même dans les deux situations. Dans chacun des cas :
1) Nous avions prévu quoi ?  faire les escales.
2) Hier soir, nous avions prévu quoi ?  faire les escales.
(En passant, prévoir est transitif : « les escales que nous avions prévu faire » : c’est précisément l’exemple donné sur le site de l’OQLF, http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?t1=1&id=1861.)

L’analyse est la même dans les deux situations. Toute la question revient donc à savoir s’il est licite de dire : « Nous avions prévu une étape ». Si la réponse est oui, alors pas besoin de considérer que « faire » est sous-entendu et on accorde dans les deux cas. Si la réponse est non, alors il faut considérer que « faire » est sous-entendu et il n’y a accord dans aucun des deux cas.

Je vois bien que l’OQLF choisit d’estimer que « faire » est sous-entendu. Même si je ne suis pas convaincu, dans le doute, il vaut peut-être mieux suivre l’avis de gens en général extrêmement sérieux ! Et donc, contre mon opinion personnelle, je n’accorderai pas dans aucun des deux cas.

jbambaggi Grand maître Répondu le 11 janvier 2018

Merci pour votre analyse Jbambaggi. Je vois que c’est beaucoup au sens que l’on veut donner à sa phrase finalement. C’est comme :
– Paul récoltait les fleurs qu’il avait voulu (sous-entendu récolter)
Ou
– Paul récoltait les fleurs qu’il avait voulues ( en considérant qu’il voulait des fleurs, mais qu’il ne voulait pas les récolter)
Finalement, c’est discutable

le 11 janvier 2018.

D’où l’intérêt d’utiliser « de préférence » des sources françaises même si l’OQLF est plus que respectable. Cela fait plusieurs fois que des distorsions se font jour entre le Québec et l’Hexagone.

le 11 janvier 2018.

Je suis d’accord sur le fait que l’infinitif est sous-entendu dans les deux cas, et donc je n’accorderai pas non plus.
Par contre la transitivité vaut pour le complément nominal (« Nous avions prévu le chauffage »), mais pas avec un verbe! Ni suivi de que (« Nous avions prévu qu’il viendrait »), ni d’un infinitif (« Nous avions prévu de venir »).

Sarah2 Amateur éclairé Répondu le 11 janvier 2018

La question a été abordée sur le site québécois. Voici ce qu’ils en disent :
« Le verbe prévoir peut aussi être suivi d’un infinitif. Deux constructions sont alors en concurrence : on peut employer ou non la préposition de devant l’infinitif. L’usage varie selon les locuteurs mais, surtout, selon les régions de la francophonie. Au Québec, on tend à apposer l’infinitif directement derrière le verbe prévoir, tandis qu’en Europe, on semble privilégier la construction avec préposition. Curieusement, certains dictionnaires donnent la construction prévoir de + infinitif comme vieillie, alors que la tournure s’avère vivante. Quoi qu’il en soit, dans le cas de prévoir, il n’y a aucune raison de juger que l’une des deux constructions, avec ou sans préposition, est préférable à l’autre. »  http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=4746

C’est vrai que, en France, nous disons : « nous avions prévu de faire ». J’imagine mal, en effet, une phrase du genre « J’ai prévu manger au restaurant ce midi ». Nous mettrons plus volontiers : « J’ai prévu de manger au restaurant ce midi ».

Mais est-ce logique ? À l’encontre de la différence que vous faites entre complément nominal et emploi avec un verbe : aimer est aussi un verbe transitif. J’ai aimé ce film. J’ai aimé regarder ce film.

Il y aurait donc verbe transitif et… verbe transitif !

Pour en revenir à la question de Cyril17, dans la mesure où l’on peut dire « nous avons prévu une étape », il ne me paraît pas indispensable de considérer que « faire » ou « de faire » est sous-entendu.

La seule chose dont je sois (à peu près…) certain, est qu’il faut traiter les deux phrases de la même façon !

le 11 janvier 2018.

« L’analyse est la même dans les deux situations. Toute la question revient donc à savoir s’il est licite de dire : « Nous avions prévu une étape ». Si la réponse est oui, alors pas besoin de considérer que « faire » est sous-entendu et on accorde dans les deux cas. Si la réponse est non, alors il faut considérer que « faire » est sous-entendu et il n’y a accord dans aucun des deux cas. »
Voilà qui résume bien la règle. En gros, faisons simple (autant que possible) et suivons la logique!
Merci à jbambaggi et Chambaron pour vos explications et vos précisions très instructives!

Sarah2 Amateur éclairé Répondu le 11 janvier 2018

Vous avez raison Sarah2. En gros c’est selon le sens que veut donner l’auteur ..

le 11 janvier 2018.

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