Plus que parfait et présent dans une même phrase

Bonjour à toutes et à tous,

Je vous soumets une question de correspondance des temps par le biais de la phrase suivante  » Paul avait pris ses fonctions, il y a trois ans ».  Le présent de la seconde partie de phrase me gêne après un plus que parfait dans la première partie.  Je corrigerais bien en « Cela faisait trois ans que Paul avait pris ses fonctions » ou « Paul avait pris ses fonctions, il y avait trois ans », ou « Paul avait pris ses fonctions trois ans auparavant » . Existe-t-il une règle et si oui, quels ouvrages puis-je consulter ? Je vous remercie par avance de votre réponse. Bien cordialement, MFC

Cogoreux Érudit Demandé le 27 décembre 2023 dans Question de langue

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4 réponse(s)
 

Bonsoir,

L’utilisation de l’expression « il y a »  indique que le récit est obligatoirement ancré dans le présent. L’emploi du plus-que parfait pour marquer une antériorité par rapport à cette référence « il y a trois ans » est donc incorrect. Soit on reste dans un référentiel présent : « Paul a pris ses fonctions il y a trois ans.« , soit il s’agissait en fait  d’un référentiel passé : « Paul avait pris ses fonctions trois ans auparavant.« 

On peut cependant envisager cette formulation dans un système complexe où l’antériorité est exprimée par rapport à un passé intermédiaire : « Paul a démissionné l’an dernier de son poste de directeur. Il avait commencé à exercer cette fonction il y a trois ans.« 

Bruno974 Grand maître Répondu le 27 décembre 2023

Bonjour Bruno,

Même dans un tel système, je ne l’écrirais pas comme cela mais plutôt comme ceci :

« Paul a démissionné l’an dernier de son poste de directeur. Il y avait (ou cela faisait)  trois ans qu’il avait commencé à exercer cette fonction .« 

le 27 décembre 2023.

Bonsoir Ouatitm,
Eh non, dans votre système, par rapport à mon énoncé , cela aurait fait : « Il y avait deux ans qu’il avait commencé à exercer cette fonction. »
On peut parfaitement utiliser un plus que parfait dans un référentiel présent : Il m’a dit qu’il m’aimait hier ; il me l’avait déjà dit avant-hier.

le 27 décembre 2023.

Vous écrivez « Et non !  » pour ensuite me proposer ce que j’ai exactement écrit ?

le 27 décembre 2023.

La différence est dans le nombre d’années. Pour une même information, dans la première proposition le plus-que-parfait marque l’antériorité par rapport à la démission et  le temps est décompté par rapport au présent, dans la deuxième proposition, le plus-que-parfait marque toujours l’antériorité par rapport à la démission mais le temps est compté par rapport à cette démission.

Paul a démissionné l’an dernier de son poste de directeur. Il y a trois ans, il avait commencé à exercer cette fonction .
Paul a démissionné l’an dernier de son poste de directeur. Il y avait deux ans qu’il avait commencé à exercer cette fonction .«

le 28 décembre 2023.

Bonjour,

Cette expression temporelle est effectivement utilisée pour signifier que l’on se réfère à un moment du passé où l’action du verbe s’est achevée.

Le passé composé est d’usage, le plus-que-parfait est pour moi incorrect. de même que la combinaison plus-que-parfait / imparfait.

« Paul a pris ses fonctions, il y a trois ans « . -> On informe dans un discours au présent sur le moment ou Paul a mangé la pomme soit 3 ans avant aujourd’hui.

« Cela faisait trois ans que Paul avait pris ses fonctions » ou « Paul avait pris ses fonctions trois ans auparavant » signifie 3 ans avant un point situé dans le passé.

Ouatitm Grand maître Répondu le 27 décembre 2023

Il faut vraiment un contexte plus large pour pouvoir décider, mais ce qui est certain, c’est que le plus-que-parfait n’est pas obligatoirement le temps de l’antériorité par rapport à un autre passé * :
Paul vient de démissionner, il avait pris ses fonctions il y a trois jours / hier / ce matin
est très correct, très usité, et peut-être même meilleur que le PC :
Paul vient de démissionner, il a pris ses fonctions il y a trois jours / hier / ce matin
en tout cas, il produit un effet que ce dernier temps n’est pas capable de rendre. Là où le PC donne un énoncé plat, factuel, le PqP introduit quelque chose de l’ordre de l’opposition voire de la concession, d’une discordance entre ce qui est attendu et ce qui se produit.

 

marcel1 Grand maître Répondu le 27 décembre 2023

En effet, Paul vient de démissionner  fournit un point de repère temporel de passé proche  et c’est l’antériorité par rapport à ce fait qui autorise l’emploi du plus-que-parfait, tout en conservant les déictiques du présent, position temporelle de l’énonciateur. On pourrait même utiliser le plus-que-parfait pour marquer l’antériorité d’un fait passé par rapport à un futur prévisible : Paul démissionnera demain, il avait pris ses fonctions il y a trois jours, mais il faut nécessairement un rapport temporel d’antériorité avec un autre fait. Si l’on donne une suite d’informations sans contraste temporel, le plus que parfait n’est pas justifiable.  Si vous dites : Paul est marié, il aime la choucroute , il avait pris ses fonctions il y a trois jours, cette information appelle nécessairement à la question : Alors que lui est-il arrivé par rapport à sa prise de fonctions ?

le 27 décembre 2023.

J’étais exactement en train d’ajouter un édit sur l’antériorité de prendre ses fonctions par rapport à démissionner.
Quoi qu’il en soit on manque de contexte, on ne peut rien décider à partir du bout de phrase que nous donne Cogoreux.

le 27 décembre 2023.

Merci Marcel, Bruno974, Katitm pour vos réponses. Apparemment la question n’est pas simple à trancher. Je n’ai malheureusement pas d’autre phrase à vous soumettre. Il s’agit de la présentation d’un personne par un tiers.
Merci encore d’avoir pris le temps de me répondre. Je vous adresse à tous les trois mes meilleurs voeux pour la nouvelle année ! Bien cordialement, MFC

le 29 décembre 2023.

Le plus que parfait marque l’antériorité et, j’ai envie de dire : un point c’est tout (en dehors de sa valeur de courtoisie puisqu’il met à distance).
Il indique un retour en arrière et n’a pas forcément besoin d’un indicateur qui le signale.
Dans un texte au passé :
Il se dirigea vers la porte d’un pas hésitant. Il avait longuement pensé à ce moment.
Mais aussi dans un texte au présent :
Il ouvre la porte et s’arrête : il pense au jour lointain où il l’avait franchie das l’autre sens.
Le retour en arrière est plus loin qu’avec le passé composé qui lui, reste « accroché » au présent.

Pour il y a : l’expression temporelle Indique simplement un moment antérieur au moment de l’énonciation. Le verbe se conjugue sans problème.
Je l’ai rencontré il y a exactement dix ans.
Je l’avais rencontré il y avait exactement dix ans.

Et donc : Paul avait pris ses fonctions, il y avait trois ans ou Paul a pris ses fonctions, il y a trois ans 

Tara Grand maître Répondu le 30 décembre 2023

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