Place des pronoms

Répondu

Bonjour,

La règle dit qu’on est censé placer les pronoms COD (le, la, les ,l’) et les pronoms y /en devant le verbe à l’infinitif. C’est le cas ici:

Je vais aller au restaurant. Je vais y aller.
Je veux te parler de quelque chose.
ou même: je veux t’en parler.

Pourtant il y a des exceptions que je voudrais mieux comprendre.

  1. Pourquoi dit-on « je n’en ai jamais entendu parler » et non pas je n’ai jamais entendu en parler » alors en est bien le complément du verbe parler?
  2. Pour remplacer « au restaurant « dans la phrase « je vais aller manger au restaurant » comment doit-on placer le pronom?
    – Je vais y aller manger
    OU – je vais aller y manger

Merci d’avance.
 

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

2 réponse(s)
 
Meilleure réponse

La question mérite d’être posée, c’est le moins qu’on puisse dire !

Ce message de Ptit Prof à une question posée sur le forum ABC est intéressant.
Elle commente un texte dont je n’ai pas retrouvé la trace :
——————
La cohésion des 2 verbes renvoie au fait que l’auxiliaire et le participe passé qui le suit constituent une forme verbale unique, ils forment un bloc, appelé verbe complexe, car composé de deux mots. Cette cohésion est mise en évidence par le fait que les pronoms personnels conjoints, se placent à gauche de l’ensemble et non devant le verbe au participe passé :
Il nous a menti et non *il a nous menti

La reconnaissance de ces deux propriétés pour un verbe autre que « avoir » et « être » permet d’analyser comme semi-auxiliaire des verbes au statut moins grammaticalisé, dont ce n’est pas l’emploi premier : aller, venir de, faire, laisser…

Certains verbes dits de sensation (voir, sentir, entendre, regarder…) combinés à un autre verbe à l’infinitif peuvent perdre leur emploi plein (tout en gardant leur sens initial de verbe de sensation) pour fonctionner comme semi-aux dans les périphrases verbales :
J’entends siffler le train.
Le critère de cohésion permet de considérer ce type de verbe comme un semi-aux puisque les pronoms se placent devant l’ensemble et non entre les deux :
Je l’entends siffler et non * j’entends le siffler

Les auxiliaires de conjugaison sont suivis du participe, les auxiliaires aspectuels et modaux sont suivis de l’infinitif, c’est même à cela qu’on les reconnait. Le critère de cohésion, intéressant à signaler en FLE, pour induire la construction de phrases correctes, est ici superfétatoire.

Cela dit, le venin est dans la queue :

Certains verbes dits de sensation (voir, sentir, entendre, regarder…)

Je me mets sur mes gardes : les critères sémantiques sont inévitables, mais ii est préférable de s’en passer si on peut, et ici, on peut.

combinés à un autre verbe à l’infinitif peuvent perdre leur emploi plein (tout en gardant leur sens initial de verbe de sensation) pour fonctionner comme semi-aux dans les périphrases verbales :
J’entends siffler le train.

C’est déjà beau : tout le monde voit que le groupe siffler le train (que d’aucuns nomment une infinitive, beau débat en perspective) est tout bêtement le COD de j’entends, verbe qui n’a rien perdu de son emploi plein, p’tite tête ! J’entends le train, j’entends siffler, j’entends siffler le train.

Le critère de cohésion permet de considérer ce type de verbe comme un semi-aux puisque les pronoms se placent devant l’ensemble et non entre les deux :
Je l’entends siffler et non * j’entends le siffler

Le critère de cohésion ne marche pas ici, en raison de la polysémie d’entendre :
J’entends le train siffler, le train siffle et je l’entends : je l’entends siffler. Entendre a le sens de ouîr.
Quand entendre a le sens d’avoir l’intention, plus de cohésion :
j’entends finir ce travail demain, j’entends le finir demain.

D’ailleurs, nous nous aventurons ici dans un marécage : mes propos sont valables en synchronie, mais en diachronie, la langue a connu  : ils ont sur mes deux bras la main posée (Clément Marot, avant d’avoir inventé sa gggrrrrr de règle), d’une part, et je l’entends finir demain d’autre part.
Les choses ont évolué, elles peuvent encore évoluer, rien n’est absolu.

Cependant, une chose est sûre : ce n’est pas parce qu’un verbe est suivi d’un infinitif qu’il en devient auxiliaire pour autant. Il peut introduire une infinitive.

————————

On peut considérer que :
Je l’entends siffler  et non j’entends le siffler pour ne pas séparer le verbe « entendre » de son COD « siffler »

Mais je n’ai pas de réponse satisfaisante pour : je vais y aller et non j’y vais aller. Sinon ceci : la place du pronom en français est susceptible de  changer selon les cas ; pour preuve peut-être l’évolution à ce sujet dans le temps. On disait jadis : je le peux aimer – il la veut séduire, etc.
Quelqu’un pourra peut-être donner une réponse plus intéressante.

Tara Grand maître Répondu le 3 octobre 2021

Je vous remercie énormément pour cette réponse. J’ai toujours eu ce doute et jusqu’à maintenant c’est la réponse la plus satisfaisante.

 

Je comprends alors que dans « j’ai entendu parler de ces histoires » le groupe parler de ces histoires serait une sorte de complément direct du verbe entendre, n’est-ce pas? Au moment de remplacer, on place le pronom en avant le verbe entendre pour ne pas séparer entendre de parler.

Alors dans le cas de j’ai entendu parler la fille de ces histoires, on remplacerait de cette manière:

  • je l’en ai entendue parler OU
  • je l’ai entendue en parler
le 3 octobre 2021.

Oui. Votre dernier exemple est très intéressant à ce propos.
Je l’en ai entendu parler = j’ai entendu qu’elle en parlait
Je l’ai entendue en parler = j’ai entendu elle qui en parlait

J’ai souligné les COD.
Pour moi, en 1 il ne faut pas accorder avec  [L'[ puisqu’il n’est pas e COD, mais tout le monde ne semble pas d’accord…

le 4 octobre 2021.

Je vais aller y manger.

joelle Grand maître Répondu le 3 octobre 2021

Merci. Et pour j’en ai entendu parler?

Je peux comprendre le cas, par exemple, de la phrase  » Il laisse partir Chloé en Espagne », où on remplace comme ça:

  • Il la laisse y partir.

En effet, Chloé est le complément du verbe laisser et le complément de lieu correspond au verbe partir.

Pourtant, dans la phrase j’en ai entendu parler » en est bien le complément du verbe parler. C’est j’ai entendu parler de quelque chose ».  J’ai du mal comprendre pourquoi on place le pronom en avant le verbe entendre conjugué et non pas avant le verbe parler.
 

le 3 octobre 2021.

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.