Participe passé de ressurgir
Bonjour,
Pouvez-vous m’aider sur cette phrase:
Il aimait ces images ressurgi de son passé.
Faut-il accorder le participe passé?
Merci !
Bonsoir,
Oui on accorde le participe passé utilisé comme adjectif attribut de images, donc ressurgies.
— Dit-on « la question a ressurgi » ou « la question est ressurgie » ?
— On dit « la question a ressurgi ».
— Mais alors, si ne peut pas dire « la question est ressurgie », peut-on dire « une question, ressurgie… » ?
— Non.
— Et donc « des images ressurgies du passé » est une formulation incorrecte ?
— Oui.
— Et pourtant ça se dit quand même ?
— Si c’est le cas, c’est que l’adjectif « ressurgi » existe, et alors on l’accorde, mais a priori, selon nos dictionnaires, on ne peut plus dire qu’une chose est ressurgie. On ressurgit, mais on n’est pas ressurgi.
— Cela explique pourquoi un correcteur m’a dit que « ressurgi » ne s’accorde pas ?
— Effectivement. Il ne voulait pas dire que c’est un adjectif invariable, il voulait dire que jamais ce participe passé ne peut se trouver en situation d’être accordé, puisque si tout peut ressurgir, rien n’est jamais ressurgi.
— Et si je dois quand même l’écrire, pour transcrire les paroles enregistrées : « des images ressurgies du passé » ?
— Dans ce cas accordez. Ce sera une façon de parler peu conventionnelle, justifiable par l’usage, autrement que sur la base de l’adjectif dérivé d’un participe passé.
— On dit bien « des gens surgis de nulle part » ?
— Il arrive qu’on le dise.
— Donc les gens sont surgis ?
— Non, ils ont surgi.
— Donc il ne faut pas accorder ?
— Si votre question ne concerne que l’orthographe, accordez quand même, puisque le mot, même employé improprement, ne peut se référer qu’aux gens.
— Même si j’ai lu quelque part que ce participe passé est invariable ?
— Oui. Une fois la frontière de l’interdit franchie, un nouveau monde grammatical s’ouvre à nous. On peut ainsi dériver « des hommes surgis de l’ombre » de « des hommes ont surgi de l’ombre ». Une syntaxe parallèle prend doucement le contrôle de nos phrases.
Bref, on peut tout écrire, juste ou faux : pas de référence, pas d’argument sauf celui – approximatif – du « nouveau monde grammatical » et de la « syntaxe parallèle », mais on ne saura pas ce que c’est.
Dans la mesure où surgir accepte aussi bien l’auxiliaire avoir que l’auxiliaire être, il n’y a rien de surprenant à ce que re(s)surgir puisse en faire autant. Et cet emploi n’est pas exactement récent. Extrait de Littré :
- 2Il se dit d’une source, d’une eau qui jaillit. La terre fut ébranlée, et l’eau surgit à l’instant.
- Fig. On a vu tout à coup surgir la réputation de cet écrivain. De nouvelles difficultés surgirent.
- Il se conjugue avec avoir, quand on veut marquer l’action : la fontaine qui a surgi tout à coup ; avec être, quand on veut marquer l’état : cette fontaine est surgie depuis hier.
Extrait d’un dictionnaire édité en 1846 :
Et un exemple avec resurgir, extrait de cet ouvrage publié en 1899 :
Contre cette domination farouche de l’Église , l’insurrection républicaine écrasée par Polavieja à Nasug , à Novaleta et à Bulacan , est resurgie de ses cendres à l’heure de crise où la jeune flotte américaine …
Excellente réponse avec références à l’appui.