Nouvelle piste de réflexion ? Pas autre choix

Répondu

Bonjour,
J’ai récemment posé une question qui interrogeait quant à l’usage correct de la formulation suivante : je n’avais pas autre choix (sans le d’ devant autre)

La majorité n’a pas semblé trouver l’utilisation de celle-ci correcte et j’en ai donc bien sûr pris note.

Cependant, comme je l’avais également indiqué en réponse, je ne pouvais pas me sentir entièrement satisfaite. En effet, si j’avais (depuis très longtemps) retenu la possibilité d’écrire indifféremment, et ce, de manière appropriée, les deux formulations (avec le d’ ou sans le d’) … c’est que très logiquement, je l’avais vu quelque part.

Le modérateur d’un forum, consacré à la langue française, vient de m’envoyer un lien.
Sur ce lien, on constate que la tournure  » pas autre choix que » (sans le d’) est retrouvée à l’intérieur de plusieurs ouvrages (plus d’une dizaine).

Lien ici

Qu’en pensez-vous s’il vous plaît ?
Merci par avance

NB le post de la question initiale a été clôturé (dans le sens où tout y a été dit). C’est la raison pour laquelle je pose ici cette nouvelle question ou voie de réflexion.

Cocojade Grand maître Demandé le 18 juin 2023 dans Question de langue

Bug du site qui rend impossible de publier une réponse au bon endroit, je vous la donne donc en commentaire (puisque là ça marche).

 

C’est donc un fait indéniable que des occurrences de cette formulation existent, si on les regarde de plus près (à tout le moins pour les ouvrages dont le contenu est accessible), on constate :

qu’une forte proportion provient d’ouvrages dont les auteurs sont africains, on peut donc supposer que c’est là un africanisme (qui est bien évidemment parfaitement légitime, mais qui risque d’être ressenti comme fautif par un lecteur français, ou issu d’autres espaces de la francophonie qui ne sont pas familiers de cette tournure).

On voit aussi quelques ouvrages québécois, ils sont nettement plus restreints, alors québécisme ? ou erreur ?

D’autres sont écrits par des auteurs étrangers ; les derniers sont des autoéditions (ce qui limite considérablement leur légitimité*).

Je vous laisse conclure à votre guise.

 

 

* Vous pourrez en juger en parcourant les premières page de ce récit (auto-édité, donc) dont l’auteur se révèle être également étranger – lusophone).

 

Hypothèse – Cette absence d’article est peut-être le résultat d’une confusion avec / contamination de : nul autre choix / aucun autre choix.

le 18 juin 2023.

Bonjour Marcel1 🙂

Ce que je conclue de tout ceci ?

Que les faits sont :
– Qu’il est indéniable que les occurrences de cette formulation existent puisque nous les avons trouvées (peu importe là que ce soit à tort ou à raison, c’est juste un fait)
– Qu’effectivement, on les retrouve majoritairement dans des ouvrages dont les auteurs ne sont pas d’origine française.
– Que malgré tout, ces derniers ouvrages ont bien dû être traduits vers la langue française (et que je doute que les traductions vers le français aient pu être effectuées par des étrangers)
– Qu’une auteure française (Nathalie Pivert Chalon, française, publiée par les Éditions du Panthéon) a employé cette formulation et que celle-ci n’a pas été modifiée/corrigée avant impression.
– Que la totalité des correcteurs orthographe/grammaire testés, n’ont pas relevé cette formulation comme étant incorrecte et ne l’ont pas soulignée comme fautive (environ une dizaine de correcteurs)
– Qu’à ce jour, je n’ai pas trouvé règle précise sur cette tournure précise validant ou invalidant formellement le non-emploi du d’.

Ce que j’en pense ?

Au niveau « global »  j’en pense, comme je l’ai parfois constaté à l’usage, qu’il faut toujours se garder des affirmations péremptoires qui, sans preuve établie du contraire, peuvent s’avérer, parfois, incomplètes (voire non fondées)

Au niveau « précis » de la formulation objet de la question, j’en pense que, bien que j’emploierai certainement à l’avenir la tournure communément admise, je n’ai pas eu preuve que l’autre formulation est assurément et formellement incorrecte.
Et… qu’en ce sens, je ne dis pas que je me l’interdirai à jamais.
Et… que votre hypothèse n’est pas dénuée de logique.
Et… que ma propre question initiale, incluant ses dérivés, m’aura littéralement épuisée 😉

Bonne fin de dimanche Marcel1  (et bonne fête des papas, si tel est votre cas 🙂 )

le 18 juin 2023.

Merci Cocojade, bon fin de dimanche également. 🙂

le 18 juin 2023.

Bonsoir,

Vous écrivez : « Qu’à ce jour, je n’ai pas trouvé règle précise sur cette tournure précise validant ou invalidant … ».

Il vous est de même impossible de trouver une règle précise portant sur la tournure autre met qui validerait ou invaliderait la phrase suivante : « Je n’ai jamais mangé autre met aussi délicieux ».
Les règles sont génériques, et s’il devait y avoir une exception à la règle vous trouveriez cette règle précise rapidement comme un recherche fort simple permet d’afficher le cas « autre chose (sans article) »
Le fait que vous ne trouviez pas  de règle précise pour ce cas signifie simplement que ce cas ne souffre pas d’exception.

le 19 juin 2023.

Bonsoir Ouatim,

Si je reprends votre exemple  » je n’ai jamais mangé autre met aussi délicieux », même moi, j’écrirais « je n’ai jamais mangé d’autre met aussi délicieux ».

Pourquoi ? Parce qu’ici la phrase induit clairement une comparaison.

La phrase « je n’ai autre choix », induit une annonce, une conclusion. Aucune notion de comparaison n’y a place.

C’est la nuance que je ressens.

Merci pour votre retour Ouatim

le 21 juin 2023.

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

8 réponse(s)
 
Meilleure réponse

Le rôle de l’article est très complexe.
Elle était accablée, sans autre choix possible : tout le monde acceptera cette formulation et en effet, il n’y a pas d’article.
Je pense que si nous avons d’emblée refusé votre « je n’ai pas autre choix », c’est peut-être parce qu’il n’était pas en contexte.
Comme on n’accepterait pas  hors contexte : Mon oncle avait un accident. On voudrait : mon oncle a eu/eut/avait eu.. un accident. Mais on accepterait : ça y était, mon oncle avait un accident !

Je n’ai pas autre choix  : article zéro- je n’ai pas un autre choix/ d’autres choix : article indéfini.
Je crois comprendre qu’il y a une différence d’aspect.
La reprise anaphorique est impossible avec l’article zéro. On ne peut pas écrire (ou dire)  : je n’ai pas autre choix et celui-ci est difficile alors qu’on peut dire : je n’ai pas d’autres choix et celui-ci est difficile.
Alors ?
Avec l’article zéro il semble que le nom COD « fasse partie » du verbe, qu’il prenne une valeur progressive , si j’ai bien compris l’article dont je vous transmets le lien.
Je suis dans la situation , dans l’état sans autre choix.

L’article zéro en français : un imparfait du substantif? – Persée

Peut-être l’article vous éclairera un peu.

Tara Grand maître Répondu le 18 juin 2023

Bonjour Tara,

De mémoire (question sur un post précédent), la phrase originelle était  » Elle m’a informée, qu’au vu de la situation, il n’y avait pas autre choix »

Franchement, et ce même si effectivement je vous rejoins sur l’importance d’un contexte donné, je crois que celui-ci ne changera rien à la « récusation » générale 😉 qui a été donnée à la tournure « pas autre choix ».

J’ai donné mon sentiment, avis ainsi que ma conclusion personnelle dans un commentaire en réponse à Marcel1. Je sais quelle est la formulation admise et sa raison d’être et je ne remets pas en cause celle-ci. Toutefois, je n’ai pas eu matière (texte ou autre réf) m’indiquant clairement, formellement et définitivement que la formulation que j’ai employée n’est pas correcte.

Je vous remercie d’avoir cherché à faire avancer ces échanges ainsi que pour votre lien que je vais consulter.

Bonne fin de dimanche Tara 🙂

le 18 juin 2023.

Dix occurrences de « pas autre choix », dix fautes.

CParlotte Grand maître Répondu le 18 juin 2023

Étonnant vote négatif pour cette réponse parfaitement exacte.

le 18 juin 2023.

Intéressant, vous écrivez : je n’ai pas trouvé règle précise sur cette tournure précise validant ou invalidant formellement le non-emploi du d’.
Vous avez omis là aussi le déterminant, volontairement ou spontanément. Le fait est que cette omission passe très bien.
Je vois une nuance entre : je n’ai pas trouvé de règle précise et je n’ai pas trouvé règle précise. L’absence de déterminant  incline vers l’abstraction.  La preuve est l’impossibilité anaphorique.
Je n’ai pas trouvé de règle précise, une règle qui…
Je n’ai pas trouvé règle précise, *une règle qui… (faux).

Tara Grand maître Répondu le 19 juin 2023

Bonjour Tara,

Alors là, vous avez mis le doigt sur un autre point encore ! (merci de l’avoir relevé)

En effet, j’ai écrit de manière spontanée (fluide dans ma petite tête 😉 ), ceci sans m’en apercevoir, ni pendant, ni après «  je n’ai pas trouvé règle précise« .
À croire que les déterminants ne sont pas toujours obligation pour moi, même dans des cas où ils sembleraient incontournables. (vous voyez là-encore, de manière naturelle, je viens de m’en passer)

Moi aussi, je vois une nuance entre « je n’ai pas eu règle précise » et « je n’ai pas eu une règle précise ». Inappropriée, peut-être, ridiculement subtile, peut-être, mais je la ressens.

Certes, la phrase initiale, objet du délit 😉 , est différente, mais je crois que c’est exactement la même nuance que je ressens en l’écrivant sans déterminant.

Merci Tara 🙂

le 19 juin 2023.

Je reviens vers vous Tara, car vos propos me font cheminer.

En fait, en y réfléchissant plus avant, quand j’emploie les tournures

-« Je n’avais pas autre choix » cela sous-entend effectivement, pour moi, une sorte de conclusion définitive. C’est vraiment (en résumé) Pas d’autre solution. Point.
Dans cette formulation, il n’y a pas place à option, ni matière à comparaison avec d’autres choix existants.
Je ne dis pas  : « Je n’avais pas d’autre choix…sous-entendu parmi d’autres, parmi ceux proposés ».
Je dis juste définitivement que je n’ai pas eu autre choix que celui que j’annonce. Aucun.

– « Je n’ai pas trouvé règle précise » sous-entend là aussi une conclusion définitive. En effet, je ne dis pas que je n’ai pas trouvé de règle précise parmi un panel de règles.  Je dis que je n’ai trouvé aucune règle précise. Point
Si j’avais écrit   » je n’ai pas trouvé de règle précise », cela aurait sous-entendu pour moi… parmi les règles expliquées, lues, entendues, en vigueur, etc.
Et, ce n’est pas ce que je cherche à dire, là.

À tort ou à raison, c’est peut-être effectivement bien
1 – Une notion d’abstraction des possibles dans l’annonce d’une conclusion
ou bien au contraire
2 – Une matière à comparaison que je souhaite expliquer/sous-entendre pour mon choix
qui me dirige naturellement vers l’une ou l’autre des formulations (avec ou sans « de » ou « d’« )

Je ne suis pas certaine que mes propos soient très clairs, j’espère que vous me comprendrez 😉 

le 19 juin 2023.

Oui oui, c’est très juste ce que vous dites. Il y a un « absolu » dans l’absence de déterminant en ce cas. Je n’ai pas trouvé règle précise -les déterminants ne sont pas toujours obligation pour moi (pas que pour vous) –   il n’y a pas place à option, ni matière à comparaison (encore une fois ! ).
Il me semble qu’on est dans un indéfini total (puisqu’il est impossible de poursuivre par une anaphore) et … définitif.
« Une matière à comparaison.. » Je retiens le mot matière qui nous renvoie à l’abstraction : savoir ce qu’on en fera de cette abstraction est, me semble -t-il, autre chose. Un tremplin vers une explorations des possibles ou au contraire un rejet de tous les possibles.

le 20 juin 2023.

Merci Tara,

C’est très rassurant de savoir que d’autres personnes peuvent comprendre mon cheminement. Surtout quand il n’est pas simple à expliquer 😉 et encore plus quand certaines règles tendraient à le rendre non avenu.

Dans notre cas précis, notons que ce sont des règles ‘autres‘ qui excluent la nuance que nous percevons (par ricochet et non pas directement)

Je crois que le tour du sujet a été fait… Plusieurs avis m’ont été donnés et démontrés par A + B. Tous quasi identiques. Cela ne se dit pas. Point.
Je les ai entendus et compris mais… Je reste convaincue que ma nuance existe. Parce que l’on ne peut pas écarter d’un revers de la main que :

– Même rares, les occurrences existent (là où l’on m’affirmait au début l’inverse)
– Au moins une auteure française l’emploie. (elle est éditée par une maison d’édition)
– Des auteurs étrangers également (textes traduits en français par des Français pour les lecteurs français et pourtant… Non corrigés avec l’emploi du d’)
– Aucun correcteur orthographe grammaire ne relève notre cas précis « faute ou inapproprié »
– Et que, j’ai par ailleurs également trouvé les expressions  » à personne autre » et ‘rien autre à vous offrir » auprès du Larousse et du CNRTL.(même si elles ont été remplacées aujourd’hui par « d‘autre », il n’en demeure pas moins que cela a existé et qu’il n’est pas indiqué fautif d’employer, encore ce jour, ces expressions.)

Bref… Cela fait tout de même pas mal d’éléments qui, même s’ils sont écartés de manière individuelle, forment, une fois rassemblés, matière.

À bientôt Tara 🙂

le 21 juin 2023.

 

Ce sujet m’intéresse. Donc je fouille un peu.
Voici ce que je lis dans « Absences d’article et zones d’empiètement » de Samir Bajric

 

———-
– français : Mon père me contait comment, certaine nuit, […] il avait surpris du Temps les insectes rongeurs
[…]

 

En français, l’adjectif indéfini certaine (certaine nuit) détermine le nom sans que n’intervienne l’article une (une certaine nuit). En même temps, certaine nuit commute avec une nuit, y compris sur le plan de leurs valeurs sémantiques. Sans doute l’auteur a-t-il cherché dans certaine nuit une plus grande expressivité stylistique.
———
Je n’ai pas autre choix  : nous avons ici aussi un adjectif indéfini.
L’adjectif indéfini est en effet proche du déterminant et s’emploie généralement devant le nom dépourvu de déterminant

Et peut-être de façon plus générale, l’adjectif peut parfois suffire, et permettre l’absence d’article pour une « plus grande expressivité stylistique » : Votre  » je n’ai pas règle précise ».

Tara Grand maître Répondu le 19 juin 2023

Merci Tara,

Ce que j’apprécie chez vous, c’est votre manière de chercher à « comprendre », ce même si cela fait sortir un peu des sentiers battus. Cela fait tellement avancer…

Vos cheminements vont à nouveau en ce sens sur ce post et cela m’est très enrichissant.
Je me doute passer parfois pour une personne « têtue » qui ne voudrait pas admettre se tromper et/ou qui voudrait avoir raison à tout prix.
Il n’en est rien.

Ce qui est vrai en revanche, c’est que j’aime « comprendre » et que tant que « je » ne comprends pas, je cherche.

Ce que je recherchais en publiant ce post, c’était plus que des règles (dont je connaissais la plupart, même si j’en ai appris d’autres au passage, ce qui est très bien) et c’était également plus que des postulats de type « c’est ainsi et puis c’est tout ».

Vous l’avez perçu et participé activement à chercher d’autres voies de réflexion, je vous en remercie 🙂

le 19 juin 2023.

C’est aussi ma démarche. Comprendre.
Les règles ne sont que des béquilles, sinon, ce ne sont pas des règles mais la mise en évidence du fonctionnement de la langue.
Je trouve passionnant les sujets de réflexion que vous nous proposez. Vous avez l’esprit aigu. Je n’avais pas vu l’intérêt de cette absence de déterminant à première lecture.
Merci à vous, Cocojade.

le 20 juin 2023.

Tara… Vous dites « aigu » là où mon esprit me souffle lui-même sans cesse, les mots  » tordu, fatiguant… épuisant »
Aurions-nous là un premier point de divergence ?  😉

Bonne fin de soirée Tara

le 21 juin 2023.

Il suffit de lire l’intégralité de l’extrait de Mina Kleich-Dray pour enfin accepter que ce n’est pas parce que l’on trouve, avec l’aide de google-machin, une ou plusieurs occurences d’une locution que celle-ci s’en trouve légitimée.
Quelle que soit la justification invoquée, cette tournure est erronée.

Ouatitm Grand maître Répondu le 18 juin 2023

Google-machin est un très bon outil de recherche, il suffit juste de garder son petit esprit critique en se penchant (particulièrement) sur le nombre d’occurrences et la qualité des sources. Ici, le nombre restreint des occurrences et la qualité très discutable des sources permet de conclure que l’on peut rejeter cette tournure.

le 18 juin 2023.

Il est évident que google-chose est un bon outil…de recherche.

Et le nombre d’occurrences est effectivement à prendre en compte, non pas en valeur mais et en pourcentage.

Quant à la qualité des sources, l’esprit critique veut que ce ne soit pas parce que Hugo écrivit une seule fois une tournure dans sa carrière que cette tournure soit  validée.

le 18 juin 2023.

Concernant votre dernier point, c’est bien évident, je crois qu’aucun linguiste un tant soit peu sérieux ne prétendrait valide une tournure manifestement contraire au fonctionnement de la langue au seul prétexte qu’elle a été employée une fois par un auteur aussi renommé frivole, euh fût-il. Si ladite tournure s’avérait très usitée, autant par les « grands » écrivains que par le très vulgus pecum, aucun linguiste un tant soit peu sérieux la rejetterait au seul prétexte qu’elle semblerait manifestement contraire au fonctionnement de la langue.

le 19 juin 2023.

Bonjour Marcel1 🙂

Je viens de m’y reprendre à deux fois pour lire votre commentaire, car à première lecture, il m’a semblé dire une chose et son contraire.
J’en comprends le sens, mais cela me laisse perplexe…
Seriez-vous en train de dire que le bon fonctionnement de la langue française est soumis à variabilité… Selon cas de figure ?
Une tournure prétendue/entendue non valide et inverse au bon fonctionnement de la langue française pourrait s’entendre au seul prétexte que celle-ci est usitée par le plus grand nombre ? (ceci même en étant contraire au bon fonctionnement de la langue française ?)

Je dois mal comprendre…

le 19 juin 2023.

Bonjour Cocojade,

Une langue évolue sans cesse, on ne s’en aperçoit pas toujours parce que les évolutions sont souvent subtiles, il faut donc un peu de recul pour constater des changements ; également parce que l’écrit et les grammaires normatives tendent à la figer. Et si  la langue évolue, c’est parce qu’elle est façonnée par les usages (par les usagers, donc). La tournure qui vous (nous) occupe tant depuis quelques jours était correcte à une époque, elle ne l’est plus à présent, donc oui selon le cas de figure (en l’espèce selon l’époque et l’état d’une langue à un moment t de son évolution – à comprendre de façon neutre, sans idée de progrès, d’amélioration, seulement de changements / modifications), une tournure sera jugée correcte ou incorrecte, en accord ou non avec le fonctionnement de la langue. Le système (embryonnaire) des articles autorisait en ancien français qu’on s’en passe devant un substantif dans tous les cas de figure, ce n’est plus le cas à présent que ce système s’est fort développé et nuancé.

le 19 juin 2023.

Non, je ne pense pas qu’il s’agisse d’un archaïsme. L’absence de déterminant est finalement assez courant dans une langue un peu soutenue. Depuis que nous nous intéressons au sujet, j’en ai relevé un certain nombre d’exemples où, comme pour l’expression de Cocojade, on a le choix entre présence et absence d’article. Un sujet négligé par les grammaires traditionnelles.

le 20 juin 2023.

Il suffit de lire l’intégralité de l’extrait de Mina Kleich-Dray pour enfin accepter que ce n’est pas parce que l’on trouve, avec l’aide de google-machin, une ou plusieurs occurences d’une locution que celle-ci s’en trouve légitimée.
Quelle que soit la justification invoquée, cette tournure est erronée.

Ouatitm Grand maître Répondu le 18 juin 2023

Bonjour Ouatim,

Je vous rejoins sur la non-légitimité de ce que l’on peut parfois trouver sur « Google-machin ».

Toutefois, une occurrence reste une occurrence. Elle existe ou pas.
Cette recherche faisait partie intégrante du sujet, car il convenait de vérifier si une formulation donnée avait pu ne serait-ce qu’exister. Et, de fait, elle existe. (nous ne parlons pas ici de sa légitimité, juste de son existence)

Je ne vous rejoindrai pas sur votre dernière phrase.
En effet, je ne pense pas que l’on puisse affirmer qu’une tournure est erronée,  « quelle que soit » la justification invoquée. » Au contraire, il m’est d’avis que de temps en temps, certaines justifications, faits ou angles de vue différents peuvent nous amener à nuancer.

Désolée pour mon avis divergent sur ce coup-là 😉

Bonne fin de dimanche Ouatim

le 18 juin 2023.

Bonsoir Cocojade,

Je me référais à « cette tournure » et non à « une tournure ».
L’absence de déterminant n’amène aucune nuance réelle, l’intégralité des occurrences listées si nous les remplaçons par la tournure complète « un autre choix » donnent à la phrase la même signification, sans apporter aucune nuance perceptible, sans qu’il existe une acception différente reconnue.

le 18 juin 2023.

Cocojade,

Je rejoins les autres avis sur un point en particulier : le lien que vous nous donnez n’est pas très sérieux en tant que référent pour la langue française…………………… Les livres de grammaire sont bien plus fiables, croyez-moi !

D’autre part, il faut vraiment cesser de citer les grands auteurs des siècles passés, pour la bonne raison que la langue française a évolué, et que certaines tournures autrefois appropriées ne le sont plus du tout aujourd’hui.
De plus, il faut se méfier également des citations mal retranscrites, des fautes de frappe, etc.

Je me souviens de votre phrase originelle « Elle m’a dit qu’au vu de la situation, nous n’avions pas autre choix« .
Et pour cause, c’est moi qui vous ai signalé que la tournure était inappropriée.

Je crois savoir d’où vient votre confusion, vous confondez sans doute avec les tournures « J’ai autre chose en tête / J’ai autre chose à faire », car « autre chose » s’emploie sans article.
Voici ce qu’en dit l’Académie :
Autre chose (sans article, toujours au masculin), une réalité différente. J’ai autre chose à faire que de vous recevoir. Je n’ai pas écouté, je pensais à autre chose. Parlons d’autre chose. Autre chose est d’affirmer, autre chose de prouver. C’est autre chose que ce qu’on attendait. Pop. Voilà autre chose ! Par emphase. De mon temps, c’était autre chose.

Mais avec un autre nom commun, l’article s’impose !
Et si vous ne vous appelez pas Maître Yoda, vous ne pouvez pas dire (et je ne pense pas qu’on ait pu le dire dans les siècles précédents non plus) : Je n’ai pas argent / Je n’ai pas soucis / Je n’ai pas choix 
Tournures appropriées les plus courantes :
J’ai d’autres soucis / J’ai d’autres chats à fouetter / Tu as le choix / Je n’ai pas le choix / Je n’ai pas d’autre idée / Je n’ai pas de solution à ce problème / Nous n’avons pas d’autre solution / choix.

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 19 juin 2023

Peut-être peut-on dire : je n’ai pas autre souci – je n’ai pas autre argent que celui que tu m’as donné –
La présence d’un adjectif, et particulièrement d’un indéfini peut changer la donne, l’adjectif indéfini étant assez proche du déterminant.

le 19 juin 2023.

Encore une fois Tara, vous essayez d’explorer d’autres voies de réflexion. Et, vous faites bien.

De fait, même si j’ai conscience que les correcteurs ne font pas foi, les miens (env 6/8) ne révèlent pas non plus comme fautives les tournures suivantes :
– Je n’ai pas autre souci.
– Je n’ai pas autre argent que celui que tu m’as donné.
– Je n’ai pas trouvé règle précise.
– Je n’ai pas trouvé autre règle précise.

Ni… Je n’ai pas autre choix

Ceci reste pour le moins intrigant et, ajouté à d’autres éléments, me conforte quant à la possibilité « stylistique » de pouvoir se passer d’un déterminant dans certains cas, même si dans ceux-ci, il semble préférable et communément admis de l’utiliser.

le 19 juin 2023.

Bonjour Cathy Levy,

Je vous remercie pour ce retour et bien sûr, je prends bonne note des différents éléments et règles que vous y indiquez.

Cependant, non, je ne fais pas confusion avec certaines de vos propositions énoncées… et, avec aucune d’elles, en fait.
Je l’aurais préféré, ç’eut été plus simple.
(et je n’aurais donc pas posé ma question 😉 )

Je sais également que les livres dédiés aux pratiques et règles de la langue française sont plus fiables que certains sites ou propos trouvés sur internet. (nonobstant bien sûr le fait de posséder les derniers livres mis à jour, car de fait, c’est souvent plus réactif en la matière sur le net et, moins onéreux 😉 )

Je sais par ailleurs que la langue française a évolué et évolue encore. Que de ce fait, certaines règles ont changé ou ont été modifiées (ceci ne rendant pas obligatoirement fautives les versions antérieures).

Même cas de figure pour des formes ou des expressions considérées archaïques qui ne sont donc plus usitées, sans pour autant, pour certaines, tomber dans l’escarcelle de la faute ou du mal parler.

Si vous lisez mes différents commentaires, vous comprendrez que je ne cherchais pas uniquement un rappel de règles, voire leur découverte, même si je suis toujours à cet affut quand je ne sais pas.
(et en ce sens, je remercie toutes les personnes qui participent à mon enrichissement en répondant aux questions, dont les miennes).

En fait, je recherchais la démarche curiosité « collégiale »  « allons creuser pour en savoir un peu plus sur les possibles » (concernant le cas précis de ma question) plutôt que des énonciations de règles (certaines n’étant pas du tout liées au cas précis évoqué).

Quoi qu’il en soit, je vous remercie d’avoir souligné que, pour vous, il était inapproprié d’écrire « … pas autre choix » car cela aura suscité ma question et des échanges fort passionnants.

Bonne fin de journée 🙂

le 19 juin 2023.

Tara,
Cocojade,

Désolée, mais vous ne m’avez pas du tout convaincue, avec les tournures que vous proposez comme acceptables « J’ai autre soucis / je n’ai pas autre argent « .
À mon sens, c’est du charabia, du mauvais français.
Personnellement, j’ai toujours appris à dire « J’ai bien d’autres soucis en tête / Je n’ai pas d’autre argent« .

le 22 juin 2023.

Cathy Levy,

Il me semble que personne n’a essayé de vous convaincre.

Si vous avez pris le temps de lire autant les arguments en faveur de votre avis, que ceux qui en divergent et qui, pourtant, sont à considérer (si tant est que vous accordiez quelque crédit au Larousse ou aux autres membres par exemple) vous aurez bien sûr compris que ce post, cette question, ainsi que ses divers dérivés, ont eu pour but d’apporter… réflexion.

Indiquer, de manière péremptoire, je vous cite : « c’est du charabia, du mauvais français « , me semble dépourvu de tout sens de »réflexion ».
(Notez que je n’aborde même pas le sens de la « finesse »)

Nous avons déjà eu par le passé maille à partir pour la même raison. Vos « affirmations » excluant toutes discussions contraires à vos avis.
Je ne pensais pas que vous réitéreriez cette attitude.

Pour l’avenir, sauf à avoir capacité nouvelle à réflexion, je vous prie (et vous demande) de vous contenter, sur mes questions, d’énoncer des règles, sans donner votre avis… si ce dernier n’est que faire foi (la vôtre) au détriment de toute discussion.

Bien cordialement.

le 22 juin 2023.

Bonjour,

Que pensez-vous des formulations suivantes s’il vous plaît ?

– Je n’ai rien autre à vous offrir
-Je ne pensais pas que cela puisse arriver, ni à moi, ni à personne autre

Merci par avance

Cocojade Grand maître Répondu le 19 juin 2023

Extrait de cet article, qui confirme ce que j’avais évoqué précédemment (quant à l’usage des articles en ancien français et en français moderne) et qui peut expliquer que cette tournure ne vous est pas étrangère et sonne correcte.
Mais je crois que pour ce qui est du français tel qu’il est à ce jour, c’est se fourvoyer que d’accepter la tournure avoir Ø autre / ne pas avoir Ø autre (hormis + chose – peut-être quelques autres cas que je n’ai pas à l’esprit) et d’en chercher des justifications

le 19 juin 2023.

Je ne suis pas d’accord avec vous Marcel.
Certes, en ancien français l’article n’avait pas la place qu’il a en français contemporain. Il s’agissait d’une autre langue.
Cependant, même si c’était (et j’ai lu dans un ouvrage de linguistique qu’il n’en est rien) un vestige de l’AF, la question demeure : pourquoi y aurait-il vestiges si ce n’est parce qu’il y a pertinence à les conserver ?
Au passage « y aurait-il vestige » est en concurrence avec « y aurait-il des vestiges »  et j’ai choisi le premier : pourquoi ? la question reste posée !

le 20 juin 2023.

Tara,
La question reste posée, car de fait, selon mon ressenti, écrire ou dire « Pourquoi y aurait-il des vestiges si ce n’est… » me semble moins logique, ne m’apporte pas la même « nuance » et m’est moins « beau » que :  » pourquoi y aurait-il vestiges si ce n’est… »

Nous sommes au moins deux à ressentir cela.

Il me semble cependant que nous ne rallierons personne d’autre à notre sensibilité sur ce coup-là 😉
(voyez, là, le déterminant s’impose pour moi)

le 21 juin 2023.

Bonsoir Marcel 😉

Je vous remercie d’essayer d’élargir le « débat » 😉 en apportant votre voie de réflexion, c’est vraiment plaisant.

J’ai également trouvé d’autres références en sus des vôtres, ce auprès du Larousse ainsi qu’auprès du CNRTL. (voyez, là, j’ai employé naturellement notre cher « d’ »  🙂 et je serais capable aujourd’hui d’en expliquer la raison)

Je n’ai rien autre à vous offrir
et
à personne autre

Les deux références indiquent :

«  Rien d’autre et personne d’autre sont les formes les plus couramment empl.; cependant rien autre et personne autre se rencontrent parfois par arch. »

J’ai souligné volontairement couramment ainsi que se rencontrent parfois. Vous vous doutez évidemment pourquoi 😉

Au début du post, les réponses que j’ai « majoritairement » reçues (quand elles n’ont pas bifurqué sur des règles parallèles ou différentes du sujet), ont été catégoriques :
Cela n’existe pas
Pas d’occurrences
Faute 
Inapproprié

Les divers éléments assemblés ont, au contraire, démontré que :
Cela existe (répertorié)
Des occurrences existent
Des références existent (Larousse, etc.)
Les correcteurs orthographe grammaire l’admettent et ne le relèvent pas fautif
Idem pour certaines maisons d’édition (ouvrages initialement français ou étrangers traduits en français… par des Français)

Jusqu’à preuve précise du contraire (et non pas par ricochet) cela n’est donc pas considéré aujourd’hui comme fautif. Même si l’usage de “autre », ce jour, est minoritaire.

Je vous remercie d’avoir pris du temps pour me répondre à plusieurs reprises, même si, somme toute, ce sujet n’était pas non plus super important 😉
À bientôt Marcel1

 

 

le 21 juin 2023.

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