M’ont poussé ou me sont poussées ?

Bonjour !

Je suis tombée sur un os… « il me regarde comme si deux têtes m’étaient poussées ». J’ai tiqué en lisant ça, parce que j’aurais eu tendance à mettre « m’avaient poussé », mais à force de réfléchir à la question ça s’est emmêlé dans ma tête ! Qu’en pensez-vous ?

Andrehan7 Amateur éclairé Demandé le 27 février 2024 dans Question de langue

Question très intéressante.

le 27 février 2024.

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4 réponse(s)
 

Merci pour vos réponses !

Andrehan7 Amateur éclairé Répondu le 27 février 2024

Pour un certain nombre de verbes de mouvement, les deux auxiliaires peuvent s’employer selon que l’on exprime plutôt le déroulement (avoir) ou l’état qui en résulte (être) : « il a grandi rapidement, il est bien grandi désormais » ou « trois ans ont passé (sont passés) depuis l’accident ».
Force est de constater que l’auxiliaire être cède souvent à notre époque la place à avoir, la première conjugaison devenant peu à peu un archaïsme sans être pour autant une erreur.
NB L’ancienne comptine bien connue J’ai descendu dans mon jardin / Pour y cueillir du romarin… est un bon marqueur de cette évolution des auxiliaires. Là, c’est dans l’autre direction…

Chambaron Grand maître Répondu le 27 février 2024

Bonjour Chambaron,
Cette remarque générale ne semble pas concerner le verbe pousser pour lequel l’emploi historique de l’auxiliaire être n’est pas établi.

le 27 février 2024.

Certes, ce n’est pas le plus courant mais voici une sélection de textes du XXe siècle avec la forme « l’herbe est poussée » par exemple. On en trouve en nombre aussi au XIXe.
Pas de quoi promouvoir cette construction dans la vie courante mais ce n’est pas une erreur…

le 27 février 2024.

Si on quitte un peu la grammaire normative on peut essayer de comprendre pourquoi il est légitime d’hésiter entre comme si deux têtes m’étaient poussées et comme si deux têtes n’avaient poussé.
J’aurais choisi le premier énoncé.

L’emploi de l’un ou l’autre des auxiliaires n’est pas aussi systématique qu’on peut parfois le dire.
Ainsi on peut rencontrer :
– Selon que l’on veuille insister sur l’action ou sur le résultat : Il a passé devant chez moi – il est passé devant chez moi. 
–> cette distinction tend à disparaître mais est encore active.
comme si deux têtes m’étaient poussées : l’action est finie
La structure de l’énoncé : comme si deux têtes m’étaient poussées  est construit comme comme si deux têtes m’étaient venues/sorties : me réfléchi + auxiliaire + participe passé—– la structure signifie : comme si deux têtes avaient poussé à moi
L’auxiliaire être est employé par analogie

Noter que  comme si deux têtes m’avaient poussé change le sens : le pronom « me »  de COI devient COD  ! Il y a au moins ambiguïté.
Cette structure est rare. On peut citer : mes maux d’estomac me sont enfin passés, que l’on peut  rencontrer

Tara Grand maître Répondu le 27 février 2024

Bonjour Tara,

Je voudrais d’abord vous signaler mon désaccord sur votre interprétation du pronom m’. En aucun cas, le choix de l’auxiliaire n’influe sur son statut de COI : il n’est ni pronom réfléchi (le sujet n’est pas la même personne ) ni COD (ce n’est pas moi qui suis poussé). Deux têtes qui me poussent, ce sont  bien  deux têtes qui poussent « à moi » et non qui poussent « moi« .

Le seul argument éventuellement recevable est celui de la bivalence de certains verbes selon que l’on souhaite exprimer le déroulement ou le résultat. Il n’empêche que le dictionnaire de l’Académie française de manière constante depuis sa première édition ne connaît avec pousser même en emploi intransitif que l’auxiliaire avoir (les bleds ont poussé),  et le TLFI ne mentionne pas non plus d’emploi de l’auxiliaire être. Je ne suis guère convaincu par les exemples de Chambaron, tous issus d’ouvrages d’agronomie. Ils  commettent sans doute le même glissement analogique d’usage que celui « des deux têtes qui me sont poussées« .

Il faut peut-être considérer que l’usage est établi que l’on puisse aujourd’hui dire aussi bien une dent lui est poussée que une dent  lui a poussé. La logique ne suffit cependant pas à considérer que cet usage était d’emblée normal. Ainsi on peut dire Des larmes lui ont jailli des yeux ou Des larmes lui sont jaillies des yeux, mais vous remarquerez que l’emploi de l’auxiliaire être pour jaillir est bien noté dans les premières éditions du dictionnaire de l’Académie. En revanche, on ne dit que :  Des larmes lui ont ruisselé des yeux., jamais *Des larmes lui sont ruisselées des yeux. Pourtant,  le même raisonnement  aurait pu être appliqué.

le 29 février 2024.

Bonjour,
Vous avez raison. Le verbe pousser se conjugue avec l’auxiliaire avoir : Deux têtes avaient poussé > Deux têtes m’avaient poussé. L’emploi de l’auxiliaire être est incorrect.

Bruno974 Grand maître Répondu le 27 février 2024

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