les bonnes gens

Bonjour,

Le genre de « gens » me pose ici problème :

« C’est ce que font les bonnes gens, elles/ils refusent… et l’un/une d’elles/d’eux, inquiet/ète comme on peut l’être… »

Je vous remercie pour votre aide.

zisa Érudit Demandé le 11 octobre 2021 dans Accords

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3 réponse(s)
 

BONSOIR ZIZA,

Le Bon usage éléctronique actuel, § 490 :

« a)
Gens ɑ̃] (prononc. pop. °ɑ̃s]), nom pluriel désignant un nombre indéterminé (voir cependant § 510ade personnes (le sexe n’a pas de rôle), est ordinairement du masculin. H1
Quoique déchus de leurs honneurs et de leur fortune, ces gens paraissent heureux (Ac. 1932)— Quels sont ces gens ? (RomainsHommes de b. vol., t. VIII, p. 226.) — Quels que soient ces gens-là, il faut les secourir. — Tous les gens âgés que j’ai connus. — Ignorants et ravis , ces pauvres gens en avaient repeint leurs isbas (L. WeissCombats pour l’Europe, 1979, p. 18)— Toujours un peu agaçants , du reste, ces gens qui racontent leurs malheurs (M. Nicolaï , dans la Revue générale, août-sept. 1997, p. 94)— Si j’avais eu devant moi un de ces jeunes gens (MontherlantTreizième César, p. 47)— Un de mes gens [= domestiques] , expression vieillie.

Cependant, s’il est précédé immédiatement d’une épithète ou d’un déterminant ayant une terminaison différente pour chaque genre, on met au féminin cette épithète et ce déterminant ainsi que toute épithète attachée ou tout déterminant placés avant gens , et faisant partie du même syntagme, — mais on laisse au masculin tous les autres mots dont gens commande l’accord (épithètes détachées ; pronoms redondants ; adjectifs, participes et pronoms placés après gens ) :
Certaines gens n’aiment pas ce style (Ac. 2001)— Toutes les vieilles gens (ib. )— Quelles honnêtes et bonnes gens ! [Mais : Quels bons et honnêtes gens ! ] — Il s’accommode de toutes gens (Ac. 1932, supprimé en 2000 [parce que peu naturel ?])— Dieu est le milieu ambiant qui nous relie à toutes choses et à toutes gens (Jouhandeaucit. Grand dict. enc. Lar., art. Jouhandeau )— Il nous faudra […] tuer le temps en étudiant […] les visages des premières gens qui passeront (ButorModification, 10/18, p. 58)— L’assemblée unique de toutes les petites gens qu’il avait célébrés (BordeauxParis aller et retour, p. 95)— J’écris pour ces petites gens d’entre lesquels je suis sorti (DuhamelDéfense des lettres, p. 47)— Je ne tolère les vieilles gens que courbés vers la terre, crevassés et crayeux (ColetteNaissance du jourSel., p. 26)— Mes amis étaient de vieilles bonnes gens pleins de saveur antique et fruste (HenriotTemps innocents, p. 188)— Instruits par l’expérience, les vieilles gens sont soupçonneux (Ac. 2000)— Qu’est-ce qu’ils diraient toutes ces bonnes gens de ne pas me voir revenir ? (ProustRech., t. I, p. 508.) — Les oreilles indiscrètes de certaines gens qui s’y verront démasqués (R. LévesqueAttendez que je me rappelle…, p. 130)— Ces pieuses gens plutôt méfiants (ib. , p. 209).

D’après les grammairiens, la règle ci-dessus s’applique aussi quand l’adj. qui précède immédiatement gens n’a une forme distincte au fém. que dans l’écriture : La fréquentation de pareilles gens (Flaub.Éduc., I, 6)— Les journalistes seraient une caste à part, […] loin des vraies préoccupations des vraies gens (A. Rémond , dans Marianne, 4-10 sept. 2004, p. 98)Mais il y a sur ce point beaucoup d’hésitation dans l’usage H2  : Quels gens malpropres, répugnants ont dormi sur ces matelas ? (Maupass.C., Sœurs Rondoli, I.) — Pour de tels gens, cela n’est qu’un jeu (BernanosGrands cimet. sous la lune, p. 5). [ Pl., p. 359 : telles. ] — Quel dommage que tu ne puisses pas faire mon métier seulement une semaine ! Tu entrerais chez les vrais gens (H. ParmelinMonde indigo, p. 283)A
D’une manière générale, la règle n’est pas simple, et on conçoit que les auteurs y fassent parfois des accrocs. Ce sont presque toujours des fém. irréguliers : Toutes ces gens (Maupass.Fort comme la mort, II, 3)— Toutes les gens de la colline (BarrèsColline insp.xvii )— Quelles drôles de gens […] ! (LarbaudBarnabooth, Journal intime, Pl., p. 254.) — Chez telle de ces petites gens avec lesquelles Odette gardait des relations (ProustRech., t. I, p. 319)— Bonnes genspieuses même pour la plupart (BremondDivertissements devant l’arche, p. 230)— Quelles que fussent les gens dont l’importunité devenait impuissante à me divertir de ces songes (BoscoJardin des Trinitaires, p. 258)— Les petites gens étaient également hantées par l’idée de l’omniprésence du Seigneur (FaralVie quotid. au temps de s. Louis, p. 227)Etc. R1

b)
Cas particuliers.
Tous reste d’ordinaire au masculin lorsqu’il précède directement gens suivi d’une épithète, d’un complément ou d’une relative :
Le mal qu’on veut me faire, on le fera à mon mari, à mes deux pauvres enfants […] tous gens qui vivent de ma vie et qui mourront de ma mort (VignyMaréch. d’Ancre, IV, 8)— Tous gens bien connus. Tous gens d’esprit et de mérite (Ac. 2000)— Tous gens bien élevés (A. DaudetTart. de Tar., II, 11)— Tous gens de foi ardente (LotiDésert, p. 5)— Une dynastie de meuniers et de minotiers, tous gens de même farine (BernanosSous le sol. de SatanPl., p. 59).

Cependant, en cet emploi, tous se met parfois au fém. : On n’a vu chez nous cette année-là que médecins, pharmaciens, garde-malade [sic toutes gens qui, pour ruiner les maisons, en remontreraient au curé et au notaire (BernanosJoie, p. 123)H3

Lorsque gens est suivi de la préposition de et d’un nom désignant une qualité, une profession ou un état quelconque, il veut toujours au masculin les mots variables qui s’y rapportent.
Tel est le cas avec les expressions gens de cœur, gens de cour, gens d’honneur, gens de bien, gens du monde, gens de main, gens de sac et de corde, gens d’Église, gens de guerre, gens d’épée, gens de justice, gens de loi, gens de mer, gens de lettres, gens de finance, gens d’affaires, gens de maison et autres semblables. — Les vrais gens de cœur. De nombreux gens de lettres (Ac. 2000)— Certains gens d’affaires (Ac. 1932)— Les vrais gens de cinéma (CesbronUne sentinelle attend l’aurore, p. 108)— Pour de tels gens de mer (P. Leyristrad. de : H. MelvilleBilly Budd, marin, p. 157).

On fera attention que, dans une phrase comme Sans la peur, nous eussions été les plus heureuses gens du monde (Chat.Mém., II, vi , 2), on n’a pas affaire à l’expression gens du monde  : le complément du monde sert à renforcer le superlatif.

N.B.
1.  Gent est un nom féminin singulier signifiant « race » ; on l’emploie encore, surtout par badinage, avec une épithète, pour des personnes ou des animaux. H4
La gent canine (ColetteFanal bleu, p. 211)— Les aèdes homériques […] appartenaient déjà […] à la gent littéraire (BendaFrance byzantine, p. 153)— La nomination de Louis Périllier suscitait la grogne de la gent diplomatique (Edgar FaureMémoires, t. I, p. 357)— Locutions fréquentes : La gent féminine = les femmes. La gent masculine = les hommes (par ex. : Chr. Rochefortdans le Magazine littér., janv. 1982, p. 41).

2. L’expr. droit des gens H5 est un calque du latin jus gentium , droit des peuples, droit international, signification maintenue parmi les spécialistes. Mais on applique souvent à la locution la valeur ordinaire du pluriel gens = personnes. Confusion fâcheuse dans un tel domaine. Pourtant même le Vocabulaire juridique de G. Cornu (1994, art. droit , 1et 5) prévoit aussi l’application aux personnes, notamment dans deux cas : en temps de guerre ; à propos des étrangers. »

Prince (archive) Débutant Répondu le 11 octobre 2021

Je vous remercie. J’avoue avoir du mal à y voir clair, mais je vais m’y atteler !

zisa Érudit Répondu le 11 octobre 2021

Bonjour Monsieur,
Je vous remercie beaucoup pour cet éclairage qui m’aide beaucoup dans la résolution de mon problème.
Je vais prendre le temps de faire le tour de la question afin de bien comprendre tous les aspects de ce mot.
Bonne journée

zisa Érudit Répondu le 12 octobre 2021

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