La feminisation

Bonjour,
Je voudrais une réponse à cette question, s’il vous plaît.
Dans le passage suivant, Philippe Geluck choisit délibérément des féminisations peu réussies. Pourquoi le sont-elles ? Pouvez-vous proposer des formes plus conformes à la norme ?

Certains lecteurs courroucés m’ont fait remarquer l’emploi abusif, dans cette chronique de termes comme dessinateuse au journalisteresse.

rawad1 Débutant Demandé le 10 février 2024 dans Général

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5 réponse(s)
 

Bonjour,

Les formes plus correctes correspondent à « dessinatrice » et « journaliste ».

Cependant, je ne saurais expliquer ces utilisations, car je vois plusieurs justifications possibles. Je pense que seul l’auteur lui-même saurait répondre à cette question. Le texte duquel vous tirez cette citation ne l’explique pas ?

Maeva Amateur éclairé Répondu le 10 février 2024

Franchement, c’est une question posée dans mon examen de master et cette phrase est tiré du livre (Geluck se lâche, Textes et dessins impolis, Bruxelles, Casterman, 2009, p. 124) mais je dois acheter le livre pour le lire.

noha Débutant Répondu le 10 février 2024

Dessinateuse
Les noms de métier masculins en -Teur ont généralement leur féminin en -trice
instituteur/institutrice – agriculteur/agricultrice – acupuncteur/acupunctrice – aviateur/aviatrice – acteur/actrice – et donc auteur/autrice dessinateur/dessinatrice
Mais :
docteur /doctoresse  et chanteur.chanteuse
—> la suffixation de Geluck amuse parce qu’elle n’est pas conforme à celle que la langue a adoptée jusque là.

Ce sont les mots en -eur (et pas en -teur) qui sont suffixés en -euse :
danseur/danseuse –  blanchisseur/blanchisseuse –  serveur/serveuse

Journalisteresse.
Le mot journaliste est épicène (se finit par un « e » et peut se dire tel quel au masculin et au féminin) : la suffixation est superfétatoire.
un juge /une juge – une secrétaire/une secrétaire – un ministre/une ministre – une maire/une maire – un peintre/une peintre.

—> en suffixant ainsi ces deux noms de métier, Geluck se moque des tentatives maladroites pour féminiser les noms de métiers.
Ainsi, autrice existe depuis « toujours » en français. Inutile d’inventer autre chose (on a entendu « auteuse »).

Remarques :
– Jusqu’au XVIIe siècle, tous les noms de métiers, fonctions et dignités exercés par des femmes étaient nommés au féminin et inversement pour les hommes.
– les différents suffixes qu’utilise la langue à ce propos complique un  peu les choses. Il me semble que le suffixe en -esse devrait être abandonné parce qu’il est maintenant rare et vieilli. (On ne le ressent plus dans « princesse » mais il gêne dans « doctoresse »).

Tara Grand maître Répondu le 11 février 2024

Merci bien pour votre aide!

noha Débutant Répondu le 11 février 2024

Ce que votre examinateur a appelé « la norme » n’existe pas. Et ses préjugés n’ont aucune valeur.
Il n’a probablement aucune raison valable pour prétendre par exemple que « autrice » et « auteure » seraient des féminisations réussies, tandis que « auteuse » ou auteresse seraient des féminisations peu réussies.

Si vous êtes dans une formation de haut niveau, et que votre prof parle le latin et connaît toutes les langues intermédiaires entre le latin et le français actuel, alors d’accord, il a raison, mais dans ce cas vous n’avez pas besoin de notre aide. Il vous expliquera par exemple que selon les mots, selon leur usage, selon les régions et les époques, selon qu’ils ont un sens nominal ou adjectival, selon des considérations culturelles, selon le besoin ou non de métonymie, il sera parfois apparu une forme plus particulièrement féminine d’un nom, et laquelle.

Sinon, votre prof ne connaît en réalité au français rien de plus que vous et moi, mais il souhaite faire savoir que lui a le droit d’avoir une opinion sur le sujet (tel mot est plus beau que l’autre, tel mot est élégant, tel mot est vulgaire, tel mot est manifestement mal formé…) sans avoir à se justifier, et que vous feriez bien d’avoir la même opinion que lui si vous voulez deux points à la question.
C’est le cas de beaucoup d’enseignants. Et le droit qu’ils se donnent de décider quel féminin est réussi s’appelle un argument d’autorité. Sur les questions terminologiques, il est habituel qu’il n’y ait absolument aucun rapport entre l’idéologie officielle régnant au MÉN et la réalité linguistique. Vous devez surtout apprendre à ne pas vous en formaliser publiquement. Quand vous croiserez cette personne, vous devez lui dire « je vous dois beaucoup ». Dans quelques années, quand ces gens seront « partis », il sera à nouveau toléré de poser les bonnes questions et de répondre à votre question avec des arguments linguistiques.

Ce qui m’inquiète personnellement, c’est que même sur un site spécialisé, a priori réservé à des gens qui s’y connaissent un peu, on trouve toujours du monde pour soutenir et justifier les bêtises du prof, par principe et sans analyse.

CParlotte Grand maître Répondu le 12 février 2024

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