La bienséance impose-t-elle forcément l’emploi du « nous » au lieu du « je » ?

Faut-il absolument employer le « nous » et non le « je » lors de la rédaction d’un article, d’un mémoire, d’une thèse, etc.  ?
J’ai entendu un directeur de thèse dire : le « je » est détestable. C’est possible, mais lorsqu’il s’agit d’un travail strictement personnel, pourquoi s’effacer absolument au profit d’un « nous » généralement plutôt lourd. Pourquoi n’écrirait-on pas « j’ai procédé à… », j’ai pu constater que… » à la place de « nous avons établi que… », « nous avons effectué les vérifications suivantes… » ?
On lit souvent à la fin d’une thèse, pourtant la plupart du temps fruit d’un travail personnel : « Nous remercions Monsieur le Professeur untel », « Nous remercions Madame unetelle pour ses conseils précieux »…
Le « nous » se fait pesant et pour le coup c’est lui qui devient « détestable ».
Certes, on peut employer la forme impersonnelle :  « il a été procédé à… » mais ce n’est pas toujours possible et cela peut s’avérer aussi lourd, quant aux remerciements…
Alors, pourquoi pas le « je » qui devient ainsi plus moderne (tout en refusant les féminisations intempestives des noms de métier…)
Je serai ravi d’avoir un avis éclairé là-dessus.

jean bordes Grand maître Demandé le 4 décembre 2014 dans Question de langue

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3 réponse(s)
 

Les avis sont partagés, il faut suivre les conseils du directeur de thèse et s’enquérir des usages des membres du jury, ou de la profession exercée (pour un rapport professionnel), ou du destinataire. Certaines habitudes sont ancrées.
Le mieux est de rester proche de la réalité : si l’action (y compris celle de penser) est réalisée par une seule personne, éviter le « nous » un peu ronflant. Mais, le « je » peut être perçu comme prétentieux. Il est en revanche souhaité pour le témoignage, ou pour montrer son implication.
La formulation impersonnelle peut être allégée : au lieu de « il a été procédé à une analyse linguistique de… », il est préférable d’écrire « l’analyse linguistique de … démontre que ou met en exergue… »; cette formule permet de mettre en valeur les seules idées et la démonstration devant lesquelles le locuteur (je ou nous) s’efface.

joelle Grand maître Répondu le 4 décembre 2014

J’ai un peu de mal à comprendre vos réticences.

Ce « nous » conventionnel n’alourdit en rien votre document : ceux qui le lisent connaissent cette convention et la pratiquent eux-mêmes. Elle signifie que vous vous exprimez au nom du groupe que constituent l’institution pour laquelle vous travaillez, les gens qui vous ont aidé et les références utilisées. Cela rend votre discours plus « objectif », moins lié à la personne qui a mené la réflexion.

De plus, il vous permet ponctuellement de marquer votre différence si votre propre avis diverge de celui des autres sources ou si vous souhaitez souligner une démarche spécifique. Notes, renvois, annexes permettent la ré-individualisation de l’écriture.

Ici, sur le site question-orthographe.fr, les répondeurs peuvent aussi utiliser le « nous » : ils sont main dans la main avec Pierre Larousse, Emile Littré, Edmond Rostand, Malherbe, Vaugelas et tralala…

Chambaron Grand maître Répondu le 5 décembre 2014

D’accord lorsqu’on s’exprime au nom d’un groupe, d’une équipe, mais lorsqu’on s’exprime à titre personnel, pour un travail strictement personnel ?…

le 12 décembre 2014.

Lorsque vous utilisez le « nous », vous vous appuyez sur l’ensemble des personnes sans qui votre travail n’existerait pas.
Il y a deux avantages à cela :
– cela vous met en position de modestie et vous attire donc la bienveillance du jury, des lecteurs.
– cela sous-entend que votre travail, vos conclusions, bénéficient d’une première validation

SylvaineG Débutant Répondu le 7 décembre 2014

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