« Ici » et « ci » dans un contexte passé

Bonjour,
est-ce que l’emploi de « ici » et « ci » est fautif ou gênant dans un texte au passé ? Je suis tentée de remplacer par des tournures comme celles entre parenthèses. Voici des exemples :
– Comment quelqu’un avait-il pu lui dire d’aller autre part alors qu’il se sentait manifestement heureux ici (à Paris)?
-Je me rendis compte que le départ allait être douloureux ; je me sentais comme chez moi ici (dans cet endroit).
-J’étais heureuse de passer une dizaine de jours dans un lieu comme celui-ci ().

Merci.

Balovi Érudit Demandé le 28 juin 2023 dans Général

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

2 réponse(s)
 

Bonjour,
Pour vos deux premières phrases, si le contexte permet de situer la scène, ici est suffisant et il n’est pas utile de préciser à nouveau l’endroit où la personne se trouve au moment où elle parle. L’imparfait indique une action du passé qu’on voit s’accomplir.
Dans la dernière, vous posez la question de distinguer celui-ci de celui-là ?
Ci marque la proximité à l’inverse de là.
Si la personne qui s’exprime est encore sur les lieux, on emploiera celui-ci, mais celui-là si la personne a quitté les lieux.

PhL Grand maître Répondu le 28 juin 2023

Merci ! Je vais donc conserver « ici » dans ces contextes.

le 28 juin 2023.

Il est vrai que ce qu’on appelle les déictiques (personnels, spatiaux, temporels) sont utilisés en fonction de la situation de communication.
Ici ne devrait être possible qu’en situation : où es-tu ? je suis ici. Autrement dit, si « je » se déplace, « ici » se déplace aussi. Par conséquent, dans un récit, ici ne devrait pas indiquer l’endroit où se trouvent les personnages mais toujours l’endroit où se trouve le narrateur.
Pourtant, ici fait exception :
Ici, un déictique pas tout à fait comme les autres Marcel Vuillaume – extrait (c’est moi qui souligne):

« Quant aux emplois d’ici dans les narrations fictives, leur étude reste à faire. On sait que, par la vertu de la fiction, le lecteur, avec le narrateur à ses côtés, peut se déplacer librement dans l’espace de l’univers narré et être le témoin oculaire des événements qui s’y déroulent  – ce qui ouvre en principe la possibilité de référer au moyen d’ici à un lieu qui englobe la position qu’il est censé occuper. En voici un exemple : 

(Quand il [= Rohan] descendit le grand escalier, la porte de la cour fut ouverte à deux battants et montra son cheval noir, harnaché comme pour une bataille. […] On eût dit, à le voir, un soldat breton des compagnies de Mercœur, au temps de la Ligue. Rohan s’était habillé ainsi pour rendre visite au comte de Toulouse.
Là-bas, parmi ces courtisans à perruques immenses et à chapeaux plats empanachés, il allait faire naître plus d’un sourire […].
Ici, dans la salle basse du manoir, le contraste était moins frappant, parce que les serviteurs de Rohan ne suivaient pas la mode de beaucoup plus près que lui. La maison était vieille et tenait aux vieux us ; hommes, meubles et murailles, tout parlait du passé. (Féval, La Louve, 1878) »
—-
Il en va de même pour -ci et, le lecteur étant censé occuper l’espace fictif, vous pouvez parfaitement écrire dans un récit :
– Comment quelqu’un avait-il pu lui dire d’aller autre part alors qu’il se sentait manifestement heureux ici ?
-Je me rendis compte que le départ allait être douloureux ; je me sentais comme chez moi ici
-J’étais heureuse de passer une dizaine de jours dans un lieu comme celui-ci

Si ce n’est pas un récit, il en va évidemment autrement

Tara Grand maître Répondu le 28 juin 2023

Merci beaucoup pour le détail de votre réponse.

le 28 juin 2023.

Je vous en prie.

le 29 juin 2023.

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.