Hypothèse ou doute = conditionnel ?

Bonjour,
J’ai vu une question posée sur ce site et lu les réponses s’y afférant.
La question portait sur le choix du temps à employer sur la 2 ème partie de la phrase. Personnellement, j’aurais purement et simplement reformulé la phrase (comme cela a été évoqué) ou bien préféré l’emploi de l’infinitif (ça c’était juste moi 😉 )
A défaut, dans les choix suggérés par les réponses, j’aurais opté pour  »risquent ou risquaient »
Je ne vais pas redévelopper ici, je ne souhaite pas faire de doublon.

La phrase était (peu importe le temps retenu, c’est pour l’exemple)
Peut-être avaient-ils peur, qu’en prenant la défense de leur frère,  ils risquent/risquaient/risquassent,/aient risqué /de devenir les nouvelles victimes de l’agresseur

Chemin faisant… Je me suis demandée, après coup, pourquoi le conditionnel (présent comme passé) n’avait pas du tout été suggéré.

Peut-être avaient-ils peur, qu’en prenant la défense de leur frère,  ils risqueraient de devenir les nouvelles victimes de l’agresseur.
(ou bien ils prendraient  le risque de  » ou bien encore  »ils s’exposeraient au risque de »)
ou
Peut-être avaient-ils peur, qu’en prenant la défense de leur frère,  ils auraient risqué devenir les nouvelles victimes de l’agresseur.
(ou bien ils auraient pris le risque de  » ou bien encore  »ils se seraient exposés au risque de »)En effet, rien n’indique dans la phrase qu’ils deviendront (futur) sans aucun doute les nouvelles victimes en aidant leur frère.
La phrase indique une peur uniquement supposée (emploi du peut-être) de s’exposer à un risque (que rien n’assure être une évidence ou un fait avéré à venir)
Et de même, rien ne semble indiquer, que la défense du frère ait déjà été prise/réalisée. Elle fait partie de l’extrapolation. Elle n’est pas un  »fait ».

La phrase entière semble exprimer doute comme supposition, extrapolation, etc.
Ne sommes-nous pas là dans l’hypothétique (à 100 % ) qui justifierait l’emploi du conditionnel ?

Je ne réussi pas à trouver, seule,  justification ou réponse pour ce cas de figure.

Pourriez-vous m’apporter votre éclairage s’il vous plaît ?
Merci d’avance…

Cocojade Grand maître Demandé le 9 juin 2022 dans Question de langue

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4 réponse(s)
 

J’ai / avais peur qu’il vienne, qu’il mange, qu’il crie, qu’il fasse.
Après j’ai peur que, c’est le subj. comme pour l’expression des sentiments et émotions : je suis heureuse que vous soyez là…
La concordance la plus stricte exige l’imparfait du subj. mais aujourd’hui, le subj. présent est admis (j’avais peur qu’il vînt, qu’il mangeât, etc.).

joelle Grand maître Répondu le 9 juin 2022

Merci Joelle pour ce retour,

J’ai / avais peur qu’il vienne, qu’il mange, qu’il crie, qu’il fasse.
je suis heureuse que vous soyez là…
C’est logique pour moi, je n’aurais eu aucun doute (enfin je crois^^)

En fait, je pense que c’est la tournure de la phrase (qui était exemple)  qui ne me va vraiment pas.
Elle m’embrouille la réflexion et m’empêche de comprendre/trouver, le temps adapté.
Comment trouver un temps dans une phrase dont la construction vous apparaît illogique écrite ainsi ?

Même en essayant de changer de personne   »peut-être avais-je peur. qu’en…je risque de »
Je sais que c’est le bon temps mais cela me gène et ne me résonne toujours pas correctement. Je crois vraiment que c’est, avant tout,  parce que  je ne perçois pas du tout, la phrase entière, écrite avec cette construction.
(Du coup, si je devais absolument la garder ainsi,  je me demande si je n’essaierais pas d’intégrer une forme à l’infinitif sur la dernière partie de la phrase)

Mais bon… je conçois tout à fait être également souvent illogique 😉  )

le 9 juin 2022.

Qu’auriez-vous envie de répondre à ma démarche dans le commentaire précédent s’il vous plaît Joelle ? Votre réponse m’aidera certainement. Merci par avance

le 9 juin 2022.

Intéressant.
Je change de phrase pour renouveler notre attention, et j’énonce au présent :
Oui :
1 Peut-être a-t-il peur qu’en montrant ses sentiments, on le rejette
2 Peut-être a-t-il peur que, s’il montre ses sentiments, on le rejette.
Non :
*Peut-être a-t-il peur que, s’il montre ses sentiments, on le rejetterait.
Oui :
A Peut-être a-t-il peur qu’en montrant ses sentiments, on le rejetterait.
B Peut-être a-t-il peur que, s’il montrait ses sentiments, on le rejetterait.

1 et 2 : l’incertitude porte sur la peur. Si on a le subjonctif sur le troisième fait (rejeter), c’est que l’information porte essentiellement sur le premier fait : la peur (le deuxième fait « montrer » est explicatif de la situation de ce premier fait donc au présent de l’indicatif lui aussi). Le troisième fait est sous la coupe de l’information principale « avoir peur » et c’est le rôle du subjonctif que de le montrer.

B : Cette fois-ci, il y a une marque d’incertitude sur le premier fait et, ce qui nous intéresse,  de façon claire (avec « si » et l’emploi de l’imparfait modal « montrait ») sur le deuxième fait (montrer), ce qui implique l’emploi du conditionnel sur le troisième fait.
A : le gérondif peut avoir une valeur modale ici aussi et exprimer l’hypothèse, comme vous le dites:  en ce cas tout fonctionne comme en B.

Ai-je été assez claire ?

Reste à voir ce que cela donne dans un énoncé au passé :
Oui :
1 Peut-être avait-il peur qu’en montrant ses sentiments, on le rejetât
————–imparfait                gérondif (simultanéité)                         subjonctif imparfait
2 Peut-être avait-il peur que, s’il avait montré ses sentiments, on le rejetât.
————-imparfait                            PQP valeur modale                      subjonctif imparfait

Non :
* Peut-être avait-il peur que, s’il avait montré ses sentiments, on l’aurait rejeté.
oui :
A Peut-être avait-il peur qu’en montrant ses sentiments, on l’aurait rejeté
—————imparfait                gérondif (valeur hypothèse)        conditionnel passé
B Peut-être avait-il peur que, s’il avait montré ses sentiments, on l’aurait rejeté.
—————imparfait                PQP (valeur modale)        conditionnel passé

Eh voilà ! Assez complexe non ?

Tara Grand maître Répondu le 9 juin 2022

Complexe ? Je ne serais pas loin d’employer à nouveau une expression dont nous avions parlé il y a peu…  » Diabolique perversité » !  😉

Votre réponse étayée force mon admiration Tara.
(Je reconnais cependant qu’il me  faudra la relire à plusieurs reprises pour être sûre de tout comprendre tellement, effectivement,  cela me semble …complexe.)

Les options semblent la plupart aussi valables les unes que les autres selon…  le contexte et/où le point souhaité être mis en avant dans la phrase.
Sur l’instant, je retiendrai 1 point
– Une règle de base déjà évoquée : Toujours rechercher le personnage principal et bien vérifier le degré d’importance des rôles attribués à chacun des acteurs d’une phrase.

Même si cela m’apparaît la plupart du temps évident, la conjugaison n’est pas mon fort, loin de là. Comme pour beaucoup de règles, je fonctionne selon ma logique, mon écoute de ce qui me semble  »clocher » ou pas dans une phrase si je la prononçais à haute voix, etc. (d’où nombre de mes questionnements) Je n’ai pas votre connaissance et je l’avoue, je ne me souviens que peu du meilleur de la mienne, acquise il y a  trop longtemps (J’en ai l’impression ^^) Je fonctionne donc sur mes ressentis (via des règles apprises un jour tout de même ^^) mais non plus sur des règles que je serais forcément capable de développer dans le sens parfait de leur terme. Etayé comme il se devrait.

Je suis toutefois heureuse que le conditionnel (passé) puisse également être employé (selon la tournure de la phrase). Je n’aurais pas du tout compris qu’il puisse être totalement écarté dans une phrase, étant à elle seule,  une suite d’hypothèses.

Eh voilà ! 🙂
Merci pour votre retour Tara.

le 9 juin 2022.

Vous écrivez : « Toujours rechercher le personnage principal et bien vérifier le degré d’importance des rôles attribués à chacun des acteurs d’une phrase. »
Eh bien non Cocojade ! Surtout pas. Vous mélangez deux plans :
Quand vous dites « personnage principal » vous parlez de narratologie (technique du récit) alors qu’il s’agit ici de syntaxe.
– la syntaxe est l’ensemble des relations qui existent entre les unités linguistiques
– la narratologie (science de la narration) est la discipline qui étudie les techniques et les structures narratives mises en œuvre dans les textes littéraires (ou toutes autres formes de récit).

Le choix à effectuer entre ces phrases se fait souvent à l’oral « sans qu’on y pense ». L’écrit demandant plus de temps, une  distance par rapport à la langue, la langue écrite étant aussi assez différente de la langue orale, les questions s’imposent.
Le choix entre ces formes temporelles dépend bien sûr du sens et de l‘intention que nous avons :
Veut-on présenter deux faits dans l’intention d’informer de leur réalité ?
Par exemple : je sais quelque chose et la chose que je sais est qu’il vient >> deux indicatifs. Je sais qu’il vient.
Veut-on informer sur un fait qui en suggère un autre qui n’est pas avéré ?
Par exemple je veux quelque chose et ce que je veux  est sa venue >> un indicatif et un subjonctif : je veux qu’il vienne.

le 10 juin 2022.

Bon…Eh bien j’ai encore du chemin à faire.
Merci pour ce complément de réponse Tara

le 10 juin 2022.

C’est parfait !

Prince (archive) Débutant Répondu le 9 juin 2022

Bonsoir Prince,

Parfois, de manière incompréhensible, les réponses s’intercalent entre elles dans un sens différent que celui vu précédemment

Je me doute que votre  »c’est parfait » ne s’adresse pas à mon cheminement quant à l’emploi du  conditionnel (hahaha! 😉 )
Pouvez-vous indiquer à quel argument ou réponse il était destiné s’il vous plaît ?

le 9 juin 2022.

Les phrases (1), (A), (B) au présent, et les phrases (1), (2), (A), (B) au passé, présentées par Tara comme correctes, sont incorrectes. Seule la (2) au présent est correcte.

Pie Débutant Répondu le 10 juin 2022

Bonsoir Pie,

Puis-je retenir pour la phrase précise citée en exemple :

Peut-être avaient-ils peur, qu’en prenant la défense de leur frère, ils risquent de devenir  les prochaines victimes de l’agresseur

ou, mieux à mon oreille…

Peut-être avaient-ils peur, qu’en prenant la défense de leur frère, ils deviennent les prochaines victimes de l’agresseur (voire ils ne deviennent…?)

Je vous serais reconnaissante si vous me donniez votre  point de vue Pie. J’aimerais en finir avec ce sujet   😉

N.B. Je laisse tomber mon histoire d’emploi possible du conditionnel .Visiblement la seule présence du ‘qu‘en » implique la suite au subjonctif…Point
(Malgré l’hypothèse énoncée dans la phrase)

le 10 juin 2022.

Votre première phrase :
— Peut-être avaient-ils peur, qu’en prenant la défense de leur frère, ils risquent de devenir les prochaines victimes de l’agresseur.
(a) Cette phrase est une mauvaise base de travail, parce qu’on évite de dire « avoir peur de risquer… »
(b) Cette phrase est également un mauvais exemple, parce qu’on évite de dire « j’ai peur que je sois », et on préfère « j’ai peur d’être » quand le sujet de la principale et le sujet de la complétive sont les mêmes.
Votre deuxième phrase :
— Peut-être avaient-ils peur, qu’en prenant la défense de leur frère, ils deviennent les prochaines victimes de l’agresseur.
(c) Déjà, vous avez tenu compte de l’objection (a), ce n’était donc pas la peine de proposer une phrase que vous saviez dès le départ maladroite si c’était pour la rectifier trois lignes plus bas, ça fait perdre du temps à tout le monde.
(d) Sur le « ne » explétif, non il n’est pas utile ici, on va donc poursuivre sans ; par ailleurs, n’introduisez jamais une nouvelle question au détour d’une question en cours ; on dirait que ce qui vous motive est d’empêcher une réponse claire en mélangeant les problèmes au lieu d’au contraire chercher à les isoler.
(e) Puisque vous voulez des explications sur le subjonctif final, je ne peux pas vous proposer de garder le même sujet et de mettre un infinitif au deuxième verbe :
— Peut-être avaient-ils peur, en prenant la défense de leur frère, de devenir les prochaines victimes de l’agresseur.
mais je peux vous proposer de changer la personne de la proposition principale :
— Peut-être avais-je peur qu’en prenant la défense de leur frère ils deviennent les prochaines victimes de l’agresseur.
Eh bien voila, on a supprimé les deux problèmes qui rendaient la phrase bancale.
— Peut-être avais-je peur qu’en prenant la défense de leur frère ils deviennent les prochaines victimes de l’agresseur.
Cette phrase est parfaite.
(f) Si elle est encore trop compliquée pour vous, simplifiez en supprimant les adverbes, les compléments, les subordonnées circonstancielles, et tout ce qui dépasse… :
— J’avais peur qu’ils deviennent les prochaines victimes.
(g) Si c’est encore trop compliqué, écrivez :
— J’ai peur qu’il pleuve, j’avais peur qu’il pleuve.
Je ne peux vraiment pas imaginer ce qui vous dérange dans ces phrases ?
(h) Après « avoir peur », on met la complétive au subjonctif. Point. C’est donc la concordance des temps qui vous chagrine ? La question sur laquelle vous vous êtes greffée, celle de Reverieval, porte en effet sur la concordance des temps. En gros, il demande comment on met « j’ai peur qu’il pleuve » au passé. Il n’y a pas reçu de réponse, mais il semble très content quand même, tant mieux pour lui.
Alors la concordance des temps du subjonctif, quand vous mettez le verbe de la principale au passé, comment ça se passe ?
* Depuis un siècle, on n’applique plus la concordance des temps au subjonctif, et ça donne :
— J’ai peur qu’ils deviennent les prochaines victimes. J’ai peur qu’il pleuve.
— J’avais peur qu’ils deviennent les prochaines victimes. J’avais peur qu’il pleuve.
* Si vous voulez écrire comme au XIXe siècle, passez le subjonctif présent au subjonctif imparfait :
— J’ai peur qu’ils deviennent les prochaines victimes. J’ai peur qu’il pleuve.
— J’avais peur qu’ils devinssent les prochaines victimes. J’avais peur qu’il plût.
(i) Bien content que vous abandonniez cette histoire de conditionnel, qui n’a rien à faire dans une subordonnée complétive de « j’ai peur que ».
(j) De toute façon rien ne va dans votre titre : « Hypothèse ou doute = conditionnel ». Aucun problème d’hypothèse, de doute, ni de conditionnel. On ne dit pas « j’ai peur qu’il viendrait, c’est tout, c’est comme ça, il n’y a que vous et Tara pour imaginer de telles choses. Souvent quand elle fait une réponse courte, la réponse est juste, mais quand elle se met à délirer sur les modalités, les intentions, les irréels du passé portant sur un présent hypothétique selon un point de vue, et toutes ces sortes de choses, je la soupçonne de prendre les mêmes produits que Prince.
(k) Non, ce n’est pas le « que » qui rend obligatoire le subjonctif, comme dans « je veux qu’il vienne », « je crains qu’il vienne »… car avec d’autres verbes, on dit « je sais qu’il vient », « je crois qu’il vient ». Contentez-vous de savoir qu’on met le subjonctif après « j’ai peur que » et le « l’indicatif » après « je sais que »… Et d’ailleurs vous le savez très bien, vous utilisez ce genre de phrase tous les jours.

le 11 juin 2022.

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