genre du mot spécialiste

Répondu

Bonjour,

j’ai un petit doute quant au genre du mot spécialiste à appliquer dans cette phrase :
« La société X est le (la) spécialiste français(e) de la distribution…
Merci de votre aide

Ivan Érudit Demandé le 10 juillet 2015 dans Général

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Un nom épicène, du latin epicoenus dérivé du grec ancien ἐπίκοινος « possédé en commun », est un nom non marqué du point de vue du genre grammatical. Est épicène un nom bisexué pouvant être employé indifféremment au masculin ou au féminin.

Si vous avez un doute :
WWW est la société française spécialiste de la distribution.

joelle Grand maître Répondu le 10 juillet 2015

Je vous remercie pour l’information et le terme épicène que j’ignorais, mais du coup, j’ai toujours un doute et ne peux inverser de sens les mots de la phrase.

Ivan Érudit Répondu le 10 juillet 2015

La spécialiste française comme une bonne élève.

joelle Grand maître Répondu le 10 juillet 2015

Attention !
Sans être fautif, l’emploi du féminin dans le cas des épicènes peut amener des problèmes : « Qui est la spécialiste de la distribution ? Le groupe XXX ». Cela sonne bizarrement, non ? L’inverse en revanche passe sans problème.
C’est exactement le même cas que la féminisation forcée des titres et fonctions : il faut assumer derrière, car le discours est mouvant et on peut se retrouver dans des situations cocasses.

Une fois de plus, en français , le « masculin » se confond avec le « neutre », genre qui doit reprendre le dessus en cas de flottement (cf. plusieurs règles grammaticales d’accords).

Donc,  « La société X est le spécialiste français de la distribution » me semble nettement préférable. D’ailleurs, les journalistes et commentateurs économiques privilégient nettement cette tournure.

Chambaron Grand maître Répondu le 10 juillet 2015

La société est le spécialiste : voilà qui est bizarre ! Journalistes et commentateurs économiques ne sont pas les meilleures références en matière de langue ni pour les progrès quant à la féminisation des titres.

Comme sont  épicènes bon nombre de titres de fonction et que les noms épicènes n’ont pas en soi une forme masculine ou féminine, c’est le déterminant (article ou autre) qui marquera explicitement le genre : chargé(e), responsable, spécialiste…
Pourquoi alors que « société » est féminin, vouloir accoler à un qualificatif épicène, un déterminant masculin !
J’en perds mon latin …
Quant au neutre, que vous donnez forcément comme masculin, je ne vois pas de quoi il est question… Peut-être une dentiste, une diplomate, une arbitre, etc.

le 10 juillet 2015.

Long et technique pour entrer dans tous les détails…

Mon expérience dans le monde économique me fait moins détester les journalistes que vous et il s’agit d’une pratique partagée par les meilleurs d’entre eux…

Le genre neutre (non marqué) est la base linguistique des langues indo-européennes. La différenciation (marquage du genre ou féminin) est venue postérieurement, et parfois tardivement dans le français. D’où une  série de changements de genre dans l’historique étymologique, de mots qui se cherchent une identité, qui changent de sens selon le genre, dont le pluriel fait changer le genre. Les conventions régissant les genres et leur « grammaire » sont dans les plus complexes de la langue. Ce n’est pas un hasard et cela nourrit les championnats d’orthographe.

Dans le cas précis, on retrouve cette ambigüité.
On peut tout aussi bien écrire que « cette femme est un bon dentiste » que « une bonne dentiste« . Lorsque le genre est stabilisé, cela ne choque personne : cette femme est un bon chef-cuisinier ou un bon chef. Voulez-vous en faire une bonne cheftaine, une bonne chefesse ou une bonne cheffe (courant en Suisse) ? Lorsque le genre évolue de nos jours, on patauge totalement : Elsa Triolet est un auteur moins connu qu’Aragon devrait subitement devenir … une auteure moins connue qu’Aragon ? Elle en serait morte de rire… Même Mme de Beauvoir ne le revendiquait pas.

Vous l’avez déjà remarqué, je ne suis pas un « traqueur de normes » comme il s’en trouve tant sur les blogues de langue. Je considère souvent que les querelles orthographiques et même grammaticales sont vaines, surtout face aux autres problèmes que sont la déstructuration de la syntaxe, l’appauvrissement du vocabulaire, le manque de culture et de perspectives vis-à-vis d’un outil qui permet de comprendre tous les autres.

La correction professionnelle est devenue mon modeste gagne-pain et je ne crache pas dans la soupe que l’Académie et d’autres autorités ont le bon goût de nous préparer depuis des siècles. Mais comme auteur, je m’en fous un peu, ou en tout cas, c’est secondaire. Je dois plutôt, à chaque phrase, assumer des alliances de mots inédites, des ruptures de construction dans les phrases, des audaces sémantiques ou des raccourcis expressifs.

Pour la langue, nous sommes un peuple béni des dieux, et nous avons donc tout le temps de nous intéresser au sexe des anges et au genre des mots. Continuons ! On appelle cela « Les délices de Capoue » ou « Hercule aux pieds d’Omphale », c’est selon…

le 11 juillet 2015.

Ce que vous rappelez en début de commentaire est la vie de la langue, sa fluidité etc. J’ai réagi car je suis souvent en Allemagne où nous avons un genre « neutre » spécifique et stabilisé (das) en plus du féminin et du masculin, alors que cela n’existe pas en français.
A propos des normes, celles-ci évoluent et alors que l’on s’accorde à simplifier (par exemple, moins d’emploi du subjonctif imparfait),  la féminisation suscite sarcasmes ou moues goguenardes. – Je ne vous vise pas personnellement bien sûr-.
L’emploi du mot « cheffe » est monnaie courante dans la plupart des institutions et collectivités territoriales où j’interviens en France et pas seulement en Suisse, et Simone de Beauvoir – morte en 1986 – se serait trente ans plus tard sûrement désignée « auteure ».
Vous savez que – sans conduire  à des excès- la langue structure la pensée, donc peut-être un peu le statut de la femme qui parfois connaît des blocages dans les têtes des intéressées…
Les journaux allemands écrivent tous « Autorin » alors que seul « Autor » existait il y a trente ans. Il est vrai que le pays est dirigé depuis dix ans par une « Kanzlerin ». Notre mot « chancelière » ne désignait qu’un petit coussin ouvert d’un côté où l’on glissait les pieds pour les tenir au chaud.
Pour les épicènes, je pense que le féminin – correct, ce que vous notez vous-même-, est parfaitement opportun, l’oreille et la raison feront le reste.

le 11 juillet 2015.

Merci beaucoup pour cette précision !

Ivan Érudit Répondu le 10 juillet 2015

Je pense que mêler statut de la femme et langue française est absurde. La féminisation des noms de fonction, de métier, etc., est un mauvais critère pour défendre l’égalité des femmes, cela n’apporte rien.
Un certain interventionnisme linguistique prétend désormais élargir le champ d’action du suffixe –eure. À cause de cela certains noms féminisés sonnent mal, par exemple : auteure, professeure, procureure, et maintenant…docteure que je viens de découvrir dans les colonnes du Monde.
Tout d’abord les lauréats, médecins, universitaires, nomment « docteur » le titulaire d’un doctorat, homme ou femme ; l’Académie française précise bien que ce nom est masculin, il est donc appelé à devenir neutre. Ensuite « Elle est docteur en pharmacie » (Académie française) me paraît plus prestigieux pour la personne et pour la langue que « Elle est docteure en pharmacie ».
Enfin les noms qui, féminisés, pourraient devenir dissonants sont en fait peu nombreux, pourquoi donc ne pas respecter l’exception dont ils ont toujours bénéficié ?
Je suis convaincu que féminiser ces noms de métier pourrait se montrer dévalorisant pour la personne concernée et l’inconvénient est aussi de pousser à la prononciation du –final car ce ne serait pas le moindre des paradoxes de masquer acoustiquement la féminisation recherchée. Pour ces raisons le risque est d’obtenir l’effet inverse de celui désiré.
Grevisse, qui serait plutôt progressiste sur ce point, indique que l’on pourrait écrire une professeur, une auteur, etc., quoique l’Académie eût répondu que ces mots étant masculins (neutres), on devrait écrire un professeur, un auteur, homme ou femme.
Je préfère dire et écrire « Madame X, professeur de français » que « Madame X, professeure de français ». Je ne suis pas hostile, malgré une entorse à la grammaire, à la professeur de français qui est quasiment déjà adopté par l’usagemais je n’admets pas professeure, procureure, auteure (Le Monde en est un grand adepte), imposés autoritairement, en dépit des règles grammaticales, d’ailleurs (mais c’est un autre sujet),
Rien ne nous permet de dire, nous ne sommes pas dans sa tête d’écrivain, que Simone de Beauvoir aurait souhaité se désigner « auteure ».
D’ailleurs, l’élite est généralement désignée par des mots féminins, une vedette, une célébrité, une sommité, Votre Altesse, etc., et je ne sache pas que la gent masculine s’en soit jamais plainte.
Enfin, c’est l’usage qui fait la langue ; elle ne se décrète pas, contrairement à ce qu’a pu prétendre, autoritairement, un certain pouvoir politique.

Pour, finalement, traiter la question initiale, on écrira « le spécialiste de la distribution est … » pour désigner, en général, ledit ou ladite spécialiste. « La spécialiste est ... » pourrait se montrer trop restrictif.
Dans cette optique « la société X est le spécialiste français de la distribution » semble bien adapté.
Cependant, la société X étant préalablement désignée et étant un terme féminin, il est tout à fait légitime d’adopter « la société X est la spécialiste française de la distribution ».
Les deux sont admissibles.

jean bordes Grand maître Répondu le 11 juillet 2015

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