« exulter de joie » : pléonasme ou non ?
Est-ce que « exulter de joie », que l’on rencontre souvent dans les textes, n’est pas un pléonasme ?
Non.
Il se trouve seulement que le complément désigne un sentiment de joie mais qui peut varier ; on peut Exulter de bonheur, d’allégresse.
Le sens est : éprouver intensément et manifester sans retenue. On peut donner comme synonymes :déborder, éclater de; être transporté de.
Exemple : Il exultait de joie, il criait que c’était son meilleur morceau de peinture (Zola).
Ce n’est que par ellipse qu’il se passe de complément et signifie éprouver et manifester une joie extrême. (Il a alors le sens de jubiler.
(d’après le TLF)
Exulter de joie n’est donc pas un pléonasme
Merci infiniment pour cette réponse précise, didactique et exhaustive.

Je comprends mal : si exulter (seul) = éprouver et manifester une joie extrême, alors à quoi sert de repréciser « joie » ?

Parce qu’exulter peut avoir un complément autre. On peut imaginer un contexte où on aurait besoin de le préciser.
Par exemple : Les trois hommes exultaient d’enthousiasme et lui exultait de joie.

Votre remarque est pertinente même si c’est un cas d’école. Je pense pour finir que seule la formule isolée et sèche « exulter de joie » est vraiment redondante. En comparaison ou avec un qualificatif elle en effet peut avoir un intérêt.

Oui. C’est bien cela.
Malgré la caution de Zola, je serais assez modéré concernant l’emploi de exulter avec un complément indiquant la joie ou un sentiment similaire (allégresse, bonheur) sans autre précision. Malgré l’ancienneté du mot, on l’a employé pendant des siècles, en latin ou en français, sans complément. C’est encore le cas dans la langue ecclésiastique qui l’a popularisé. Le Exsultate, jubilate (Réjouissez-vous!) est un passage typique des messes (écouter Mozart par exemple).
Les études de fréquence montrent que l’expression avec un complément n’est apparue qu’au milieu du XIXe siècle et n’a jamais prospéré.
Donc, in fine, je dirais que si elle n’est pas incorrecte, la tournure avec complément est très maladroite en littérature contemporaine.
NB Le complément réapparait en revanche normalement lorsqu’il est le support d’un qualificatif : Il exultait d’une joie simple dont je l’aurais cru incapable.
