Entrefilet… comme son orthographe ne l’indique pas !

Bonjour,
Depuis toujours (enfin, depuis que j’ai l’utilisation de ce mot), j’écris « un entrefilets », partant du principe (et à vrai dire, ne me posant même pas la question) que puisque ce mot fait référence à un court texte qui se trouve entre (au moins) deux filets, il s’écrit forcément avec un S, comme le mot entremets par exemple.
Je découvre aujourd’hui qu’on écrit « un entrefilet » !!!
Allez comprendre pourquoi.
Je  pourrais à la rigueur l’admettre si le filet était unique et faisait le tour du court texte en question, « entre » signifiant alors « dedans » (?), un peu comme entretoise, où on peut entendre « toise » comme unique. Mais il me semble, si j’en crois les imprimeurs et typographes, qu’on parle bien de plusieurs.
Bon, certains vont se réjouir de ces bizarreries qui font le charme de la langue française  et je respecte et comprends que s’y retrouver dans ces illogismes, ça puisse donner lieu à satisfaction, comme il en va de toute difficulté vaincue.  Je sais aussi qu’il y a quelques bizarreries dans d’autres langues, je ne fais pas d’anti langue française, mais tout de même,  qu’on ne se plaigne pas que son apprentissage soit si difficile, et son « bien écrire » plutôt sélectif… 🙂

Emsi Érudit Demandé le 3 juin 2021 dans Question de langue

C’est la conséquence de l’usure des mots. « Chandail » est une altération de « marchand d’ail », « toujours » ne s’écrit pas « tous jours ».

le 3 juin 2021.

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5 réponse(s)
 

Il faut plutôt revenir à l’histoire du terme : ici de l’imprimerie

  1. (Typographie) Zone libre de texte entre deux colonnes imprimées.
  2. tymol. et Hist. 1831, supra ex. Composé de entre* et de filet* terme d’imprimerie.

Dans la réalité, il faut deux filets mais le terme s’est lexicalisé d’un seul tenant et sans le S…

joelle Grand maître Répondu le 3 juin 2021

Bonjour,
Selon wiktionary,  il y a aussi « entre-filets » avec un s possible au singulier, mais ce terme est vieilli.

Invariable
entre-filets
\ɑ̃.tʁə.fi.lɛ\

entre-filets \ɑ̃.tʁə.fi.lɛ\ masculin

  1. (Journalisme) (Vieilli) Court article qui est séparé des autres par deux filets.
    • Nous empruntons à la Ferme, journal agricole fort recommandable, rédigé par M. de Franoux, l´entre-filets suivant : … — (Le grelot – Journal hebdomadaire de Limoges n° 20 des jeudi 14 et vendredi 15 août 1862, Limoges, 1862, page 3)

Par contre « entrefilets » est seulement pluriel.

francais Grand maître Répondu le 3 juin 2021

Intéressantes réponses et références à d’autres formes et/ou d’autres mots. Merci.
La réponse « chandail » et « toujours » me semble cependant relever d’autre chose « tous jours » a laissé à « jours » son pluriel, donc toujours est aussi logique que toutefois (hum, je ne risque rien avec toutefois puisqu’il y a toujours un s à ce fois-là :-)).

J’aime bien l’idée de pouvoir écrire « entre-filets » mais le mot « filet » ainsi détaché fait qu’il p rend de la force, et quelque part dans le cerveau on a une image d’un filet, avec quelque chose qui passe entre les mailles… Entre (les mailles du) filet.

Oui filet est un terme d’imprimerie dans ce cas, mais justement les imprimeurs ou les typographes mettent t bien deux filets. Que des mots anciens aient vieilli et se soient transformés, parce que telle ou telle de leurs  composante est désuète, ou représente quelque chose qui ne se fait plus, oui je le conçois, mais ni l’imprimerie, ni plus encore le mot « filet » n’ont disparu, l’un comme l’autre font toujours partie de nos vie, et personne ne trouvera le mot « filet » désuet, tel quel ou dans des mots comme « filetage ».
Par ailleurs la composition du mot « entrefilets » est immédiatement compréhensible par quelqu’un n’ayant pas une grande culture philologique.  Entrefilets, c’est « entre les filets ». Ce n’est pas comme par exemple « aujourd’hui », qui demande de savoir ce que « hui » peut vouloir dire.  Donc j’ai du mal à comprendre la disparition de ce S final,  ça ne rime à rien.
Ma comparaison avec entremets était en revanche  malvenue  puisque  « mets » prend toujours un s, même s’il n’y en a qu’un (de mets). Donc forcément, entremets (quelle chance !).

Enfin  merci, c’était sympathique de se pencher sur cette  petite tracasserie de langue. Et moi, plutôt que de plier devant quelque chose qui ne me plaît pas,  je vais tout simplement chercher une autre façon de dire (et ça, c’est une gymnastique que j’adore!).
Merci encore

PS : j’ai relu assez vite car je dois partir subitement, j’espère ne pas avoir laissé de fautes d’inattention. Si oui, veuillez m’en excuser.

Emsi Érudit Répondu le 3 juin 2021

Question intéressante qui met le doigt sur les incohérences des graphies depuis des siècles par l’Académie française qui n’a jamais eu de vrais principes directeurs. Tout le monde se casse la tête avec l’arbitraire de ses choix si longs à évoluer. Son dernier Dictionnaire remonte à… 1935 .
Cela étant, on peut remarquer que :
1. le préfixe entr– peut être accolé soit à un mot désignant deux éléments identiques séparés (entrecôte, entrejambe, entrefilet, etc.), soit à un nom désignant un élément unique situé entre deux  autres non désignés (entraide, entrevue, entretien, entreprise, etc.). Dans certains cas, il est difficile de retrouver intuitivement le sens réel : entraxe, entretoise, entretien, entrechat, entrave, entregent, entrelacs, entre-soi.
2. Avec le temps, le trait d’union qui marquait bien la séparation a disparu et le préfixe s’est soudé. Le mot complet nouveau a alors acquis une autonomie nouvelle : un entre-actes devient un entracte sans problème.
3. Certains mots étaient déjà au pluriel, sans singulier : entrailles, entrefaites.
Toutes ces difficultés ont dû provoquer une uniformisation consciente ou non pour gommer le s initial. Cela permettait aussi de marquer le pluriel.
Au total, pas de logique globale mais une astuce : jamais de s au singulier sauf si le mot comporte un trait d’union…

Chambaron Grand maître Répondu le 3 juin 2021

Et qui sonne à ma tête ce matin, histoire de me narguer un peu ?…
L’entrecôte !!! 🙂 🙂 🙂
(forcément accompagnée  – et ceux qui sont nés dans les années cinquante comme moi verront ce que je veux dire, sinon je vous engage à à aller  sur you tube – de l’inénarrable chanson éponyme des Frères Jacques. Allez, je vous mets un peu en bouche , et pensez bien à rouler un peu le R : « C’est pour pouvoir acheter l’entrecôte, qui nourrira les chèreu têteu blondeu… » 🙂 🙂
Sans S donc Et voilà pourtant un mot »côte », qui n’a rien de suranné.
Il faut donc en déduire que « entre » quand il compose un mot, et même s’il y  a pleinement son sens de « entre plusieurs choses », entraîne… le singulier pour le terme auquel il se rapporte

Aaah, le langue française  (à dire avec le ton qu’on voudra : émerveillé pour les uns, agacé  pour les autres, dont je suis :-))

Mais peut-être – car il faut penser à tout –  que dans ce type de mot (entretoise, entrecôte, entrefilet…)  « côte », comme « toise » ou peut-être finalement « filet »,s’entende comme un tout, « la côte » n’étant pas alors « l’une des côtes », mais une  globalité. Comme quand on dit « il a le pied fragile » (bien que ça concerne les deux pieds).

Mouais… (gros doute) 🙂
Enfin,  au moins ça m’aura rappelé l’existence des Frères Jacques… que je m’en vais écouter de ce pas ! 🙂

Emsi Érudit Répondu le 4 juin 2021

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