Enchaînement de deux verbes au subjonctif

Bonjour,

 

J’ai un doute face à cette phrase :

J’aimerais en faire plus, mais il semblerait que ce soit le genre de situation où je sois tout à fait impuissant.

 

L’enchaînement des deux verbes au subjonctif me surprend, car j’aurais eu tendance à utiliser un indicatif pour le dernier verbe :

J’aimerais en faire plus, mais il semblerait que ce soit le genre de situation où je suis tout à fait impuissant.

 

Peut-être s’agit-il là d’un des cas où la simplification est « tolérée » (comme lorsque l’on utilise un subjonctif présent plutôt que passé, par exemple), et la première phrase serait donc la plus correcte ? Qu’en pensez-vous ?

 

Merci par avance pour vos réponses.

malirios Membre actif Demandé le 15 juillet 2023 dans Conjugaison

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4 réponse(s)
 

J’aimerais en faire plus, mais il semblerait que ce soit le genre de situation où je suis tout à fait impuissant.

Vous avez raison : vous avez « senti » que c’est le présent qui est requis dans la relative. Mais pourquoi ?
« être le genre de situation »
est l’objet d’une réflexion et non un fait d’où le subjonctif 
« être tout à fait impuissant
 » est un fait dans ce genre de situation d’où l’indicatif (mode du réel)

Tara Grand maître Répondu le 15 juillet 2023

Un subjonctif n’entraîne pas automatiquement un subjonctif dans la subordonnée qui en dépend :
— Bien que je sache qu’il est
— Bien que je craigne qu’il soit
C’est normalement le sens du verbe et non son mode qui commande le mode du verbe à suivre.
Vous voyez donc que la règle que vous craigniez n’existe pas.

C’est souvent quand la subordonnée à suivre est une relative qu’on se pose la question.
* Quand le premier subjonctif porte une hypothèse, une volonté, une crainte, il peut y avoir une certaine logique à ce que tous les verbes en dépendant soient également à un temps prolongeant l’hypothèse :
— Je souhaite qu’il soit un chef qui sache nous diriger
Mais en fait, ce n’est pas à cause du premier subjonctif qu’il en faut un deuxième, car même en le supprimant, on garde le subjonctif dans la relative :
— Je souhaite un chef qui sache nous diriger
* Quand le verbe de la relative ne porte que sur le nom complété, et ne dépend pas du verbe précédent, on utilise l’indicatif :
— Je souhaite qu’il soit le chef dont nous avons besoin, qu’il soit le chef que nous attendons depuis longtemps
Et il est évident que le premier subjonctif, supprimable, ne change rien au besoin d’indicatif dans la relative :
— J’attends le chef dont nous avons besoin, celui qui saura nous guider
Formellement, votre question doit recevoir la réponse que non, un subjonctif n’introduit pas forcément une relative au subjonctif, qu’un indicatif peut être suivi d’une relative au subjonctif, et qu’un subjonctif peut être suivi d’une relative à l’indicatif.

Les réponses statistiques qui pullulent (du type : on lit plus souvent « qu’il soit un homme qui vienne » que « qu’il soit un homme qui vient ») n’ont aucune valeur, car en recensant une plus grande fréquence de la succession de deux subjonctifs, on ne constate que la plus grande fréquence d’une relative ayant un sens de proposition dépendant d’un verbe introducteur, mais dans les occurrences de sens minoritaire, la fréquence globalement minoritaire est certainement majoritaire.

Quand on a évacué tout ce qui précède, il reste la question toute simple, souvent posée, du mode du verbe de la relative, indépendamment de la présence ou non d’un verbe intermédiaire au subjonctif :
— Je crains de rencontrer une situation où je sois impuissant
— Je crains les situations où je suis impuissant
Cette question, on y répond souvent sur ce site, presque toujours très mal. Selon l’humeur de tel ou tel contributeur, le subjonctif est une affaire d’hypothèse, de construction obligatoire, de certitude plus ou moins grande, d’orbe de la pensée, de mode du réel, de réflexion, de mode de l’irréel… et ça recommence aujourd’hui. Tout cela est évidemment idiot.

Partez de cette base :
Si vous craignez ou souhaitez qu’il se produise une chose, votre crainte ou votre souhait porte sur une proposition et demande le subjonctif :
— Je veux que notre chef soit… je veux un chef qui soit…
— Je crains que notre chef soit… je crains qu’on nous donne un chef qui soit…
Si vous utilisez une relative sans lien avec le verbe introducteur, mais uniquement en lien avec un nom, alors le verbe de la relative est à l’indicatif :
— Je veux un chef qui a fait l’ENA
— Je crains les chefs qui sont issus du peuple
Il est fréquent que les deux sens soient possibles selon le mode (demande-t-on un chef qui est issu du peuple ou un chef qui soit issu du peuple ?). Dans votre phrase, il n’y a aucune ambigüité, car le syntagme nominal n’est pas l’équivalent d’une proposition comme dans : je voudrais une situation qui soit signifiant je voudrais que cette situation soit. Il est utilisé dans votre phrase comme un type, un genre existant de situation : le genre de situation où on est… L’indicatif est ici obligatoire.

CParlotte Grand maître Répondu le 15 juillet 2023

Bonsoir,
je vais essayer d’être plus concis, pour arriver à la même conclusion que mes prédécesseurs.

Dans votre phrase Le pronom relatif introduit une subordonnée relative locative dont l’antécédent est la situation.

Cette forme de relative n’est jamais conjuguée au subjonctif, uniquement à l’indicatif ou au conditionnel.

 

 

Ouatitm Grand maître Répondu le 17 juillet 2023

Je cherche une ville où je puisse vivre en paix.
= pour y vivre en paix

le 18 juillet 2023.

Ah, mais si l’on considère qu’user de cette formulation quasi obsolète est aujourd’hui de bon ton, il nous faut alors accepter la phrase initiale au motif de l’attraction modale qui admet voire préconise (pédanterie oblige) qu’une subordonnée relative dont le verbe recteur est au subjonctif soit elle-même rédigée dans le même mode.

https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9A3072

le 18 juillet 2023.

Bonjour,

Merci pour vos réponses, je comprends maintenant la nuance !

malirios Membre actif Répondu le 20 juillet 2023

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