En parlant d’une patiente : « Ils l’ont laissé sortir. » Est-ce bien écrit?

En parlant d’une patiente : « Ils l’ont laissé sortir. » Est-ce bien écrit?

pcharvein Maître Demandé le 15 avril 2022 dans Accords

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

5 réponse(s)
 

a) Avec les verbes de perception, quand c’est l’agent de la proposition infinitive qui est antéposé, on considère que cet agent est COD, et on accorde en conséquence :
— Je les ai regardées entrer (je les ai regardées, et elles entraient)

b) Avec un verbe factitif, ce raisonnement est impossible
— Je les ai faites entrer (je les ai faites, et elles entraient ; non)
donc on n’accorde pas :
— Je les ai fait entrer

c) Avec le verbe laisser, c’est selon les cas
Je les ai laissées dormir (je les ai laissées, et elles dormaient ; pourquoi pas)
Je les ai laissées entrer (je les ai laissées, et elles entraient ; non, car cela signifie en fait : je les ai autorisées à entrer)
On voit que la question « qui fait l’action » ne désigne pas forcément le COD de « laisser« . C’est très arbitraire que de raisonner ainsi.
Donc, dans la mesure où il est très fréquent, comme dans « laisser entrer« , que le pronom antéposé ne soit pas COD du verbe « laisser« , on s’accorde de plus en plus à traiter le verbe « laisser » comme un auxiliaire, comme on le fait avec le factitif « faire« .
Reconnaissons en effet que dans
— Je les ai laissées entrer
— Je les ai fait entrer
le pronom « les » joue exactement le même rôle, et que, s’il est certain qu’il n’est pas COD du verbe à l’infinitif « entrer« , il est loin d’être évident qu’il puisse être COD du verbe « laisser« , sachant qu’il est établi définitivement qu’il n’est pas COD du verbe « faire« . Car on n’entre pas les gens, on ne fait pas les gens, et dans de nombreux cas on ne laisse pas les gens…
Il semble préférable de s’attacher au sens des mots, et de comprendre qu’il faut considérer ensemble « faire entrer » ou « laisser entrer« , et que le pronom antéposé n’est COD ni du verbe à l’infinitif ni de l’auxiliaire.
C’est ainsi que de plus en plus souvent on considère que le verbe « laisser » est un auxiliaire indissociable du verbe, et n’a pas de COD.
— Je les fais sortir, je les laisse sortir…
— Je les ai fait sortir, je les ai laissé(es) sortir… accord inutile, artificiel, arbitraire

Il est normal que les réponses ci-dessus de joelle et de Prince ne parlent pas de cette approche, très récente, puisqu’elle n’est appliquée par certains auteurs que depuis quelques siècles, et qu’elle n’est officiellement préconisée que depuis 32 ans, avec la publication des rectifications orthographiques du français en 1990.

Sous ma réponse, Prince va maintenant venir déposer quelques autres réponses, des extraits de sites mal recopiés, des liens, des borborygmes, ne vous en inquiétez pas, il n’est pas dangereux quand on ne lui répond pas.

Pie Débutant Répondu le 15 avril 2022

Ils l’ont laissée sortir : il faut accorder « laisser » avec le COD l’ qui est la patiente car celle-ci fait bien l’action de sortir.

Règle des PP suivis d’un infinitif.

joelle Grand maître Répondu le 15 avril 2022

 

L’accord de laisser + infinitif

 

Retour cette semaine sur l’accord des participes passés avec un verbe particulier : laisser associé à un autre verbe (laisser dire, laisser tomber…).

Ma fille est venue avec moi, je l’ai laissé(e ?) choisir son cadeau.

Deux façons d’aborder cet ortho-truc : en bref ou en détails… ou les deux.

L’ortho-truc en bref (pour les pressés) :

→ Laisser + verbe TOUJOURS à l’infinitif.

→ Il faut toujours se poser la question de QUI fait l’action du verbe à l’infinitif. Quand la réponse est le nom sur lequel on est tenté d’accorder (COD de laisser ou sujet de se laisser), c’est qu’il y a accord. Si la réponse est quelqu’un d’autre, il n’y a pas accord (dans l’exemple ci-dessus, on accorde donc laissée, car c’est le COD l’, donc ma fille, qui fait l’action de choisir).

 

L’ortho-truc en détails et en exemples :

Premier point indispensable à retenir : dans la locution « laisser + verbe », le verbe est TOUJOURS à l’infinitif. Bonne nouvelle : nous n’aurons donc pas à nous poser la question de l’accord des verbes du premier groupe associés à laisser (les livres qu’elles ont laissés tombER…).

Voyons donc maintenant l’accord de laisser : deux formes – laisser, se laisser –, deux difficultés, deux raisonnements différents.

1 – Laisser + infinitif : laisser choisir, laisser faire, laisser dire, laisser partir…

a/ cas où il faut accorder le verbe laisser

Ma fille est venue avec moi, je l’ai laissée choisir son cadeau.

Les constructions qu’ils ont laissées se détériorer…

La maîtresse les a laissés dessiner sur le tableau.

À retenir : dans tous ces cas, il y a accord de laisser avec le complément d’objet qui le précède (souligné) parce que celui-ci est aussi sujet du verbe à l’infinitif : C’est ma fille qui choisit (qui est laissée choisir), ce sont les constructions qui se détériorent (qui sont laissées se détériorer), ce sont eux qui dessinent (qui sont laissés dessiner).

Notez que ce cas est similaire au cas classique d’accord des participes passés avec COD placé devant le verbe avoir :

« Je l’ai laissée choisir » : J’ai laissé QUI choisir son cadeau ? Ma fille. Laissé s’accorde avec ma fille parce le l’ désigne ma fille placé avant le verbe… Mais « J’ai laissé ma fille choisir son cadeau » : COD placé après laissé, pas d’accord.

b/ cas où il ne faut pas accorder le verbe laisser

Les insultes qu’elles ont laissé proférer au sujet du directeur…

Les dessins que la maîtresse a laissé faire sur le tableau…

Les erreurs que je lui ai laissé commettre…

À retenir : ici, le complément d’objet n’est pas le sujet de l’infinitif, il n’y a pas d’accord du participe passé de laisser :

Les insultes ne profèrent pas mais sont proférées par quelqu’un, les dessins ne font pas mais sont faits sur le tableau, les erreurs ne commettent rien mais sont commises par lui.

Autrement dit : Elles ont laissé QUI proférer des insultes ? On ne sait pas, mais pas les insultes elles-mêmes, donc pas d’accord de laisser avec insultes.

 

2 – se laisser + infinitif : se laisser mourir, se laisser tomber, se laisser faire…

a/ cas où il faut accorder le verbe se laisser

 Elle s’est laissée mourir de chagrin.

Ils se sont laissés tomber du haut de la falaise.

Elles se sont laissées aller à la colère. 

À retenir : posons-nous encore la question de QUI fait l’action du verbe à l’infinitif. QUI meurt ? Elle-même. QUI tombe ? Eux-mêmes…

Quand le sujet repris par le pronom personnel réfléchi se est aussi sujet du verbe à l’infinitif, il y a accord avec laisser. On retrouve le cas classique de l’accord des participes passés des verbes pronominaux.

 

b/ cas où il ne faut pas accorder le verbe se laisser

Elle s’est laissé faire par sa fille.

Elle s’est laissé séduire par cet énergumène.

Ils se sont laissé convaincre par leur patron.

Elles se sont laissé dire que le voyage serait annulé.

À retenir : si à la question QUI + verbe à l’infinitif la réponse est différente du sujet de la phrase, on n’accorde pas. QUI fait ? Sa fille, pas elle. QUI séduit ? Cet énergumène, pas elle. QUI convainc ? Leur patron, pas eux. QUI dit ? On ne sait pas mais pas elles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Prince (archive) Débutant Répondu le 15 avril 2022

Je vous remercie de vos réponses.

pcharvein Maître Répondu le 15 avril 2022

Je vous remercie de votre réponse.

pcharvein Maître Répondu le 16 avril 2022

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.