Conditionnel ou futur ? Cas précis

Répondu

Bonjour,
Dans un passage de roman, j’ai été surprise par le temps conditionnel employé.

Résumé :
 » … Il m’indiqua qu’il voulait m’interroger à nouveau le plus rapidement possible pour compléter mon témoignage.
… Je l’informais que je pourraiS être dans ses bureaux moins d’une heure plus tard. »

Celui qui veut interroger, n’induit nulle part (ni entre les deux phrases, ni en amont) des options de style  »si vous le pouvez, quand vous le pourrez », etc.
Le paragraphe se termine ainsi, sur l’information/réponse du « convoqué » qui n’indique nullement (ni entre les deux phrases, ni en amont) de précision de type  » Si je le peux, si je le souhaite, si je me libère », etc.

Selon ces éléments et selon l’indication donnée du futur  » dans… moins d’une heure plus tard », j’aurais employé le futur (que je pourrai)

Toutefois, partant du principe que les écrits d’auteurs sont corrigés avant impression, je pense qu’une règle doit m’échapper.

Une personne pour me rafraîchir la mémoire ?
Merci par avance

Cocojade Grand maître Demandé le 10 juin 2023 dans Conjugaison

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3 réponse(s)
 
Meilleure réponse

Je l’informais que je pourraiS être dans ses bureaux moins d’une heure plus tard.
Dans cette phrase, vous avez un conditionnel présent qui indique non une hypothèse mais un futur (eh oui) par rapport au passé « je l’informais ».
Donc tout est bien, c’est le futur du passé. Voilà la règle : pour exprimer le futur par rapport à un repère passé, on utilise le conditionnel présent.
Celui-ci perd sa valeur modale et acquiert une valeur temporelle.
Retenez : 
Aujourd’hui, il me dit que (plus tard) il fera.
Hier, il m’a dit que (plus tard) il ferait.

joelle Grand maître Répondu le 10 juin 2023

Bonsoir Joelle,

Effectivement, je n’avais pas du tout eu ce cheminement ‘temporel » (et ne le connaissais d’ailleurs pas)
Votre explication est très claire et votre moyen mnémotechnique à retenir m’est parfait.

Merci pour ce retour

le 10 juin 2023.

… Un peu plus loin dans la réflexion… Question subsidiaire.
Puisque le passé simple a été utilisé pour  »il m’indiqua », pourquoi n’a-t-il pas été conservé avec « je l’informai » ?

le 10 juin 2023.

En effet, c’est une erreur, il aurait fallu écrire : je l’informai ou je l’ai informé.
Il y a un petit « s » de différence et je ne l’ai pas signalé dans ma première réponse, concentrée que j’étais sur le conditionnel vs futur.

le 11 juin 2023.

– concernant l’utilisation de l’imparfait pour je l’informais alors que le premier verbe est au passé simple
Il est très fréquent justement qu’un auteur (un bon auteur) joue ainsi avec les temps et même avec la chronologie. Et même avec l’écoulement du temps. C’est ainsi qu’il sculpte son récit, lui donne du relief.
Je m’explique :
Le passé simple et l’imparfait ont des aspects différents.
Le PS montre l’action dans sa globalité. on l’utilise quand on veut faire avancer le récit : succession d’actions, de faits, d’événements. Avec « il m’indiqua » on est dans ce processus.
L’imparfait présente l’action dans (à l‘intérieur) de son déroulement. Il permet une pause dans le récit, ou tout au moins le ralentit. C’est le temps privilégié pour la description, les informations données… ici je l’informais a stoppé l’énumération des actions, il indique au lecteur que le temps va être autre, que le récit ralentit, qu’on va donner plus de détails.
La suite du récit devrait le montrer. Si ce n’est pas le cas, en effet, cet imparfait est à peu près inutile.

– quant à je pourrais : c’est un futur. Un futur du passé.
Ce n’est que quand ce futur du passé a été utilisé pour une valeur modale qu’il est devenu un mode, le mode de l’irréel,  le « conditionnel ». Et non l’inverse.

Tara Grand maître Répondu le 10 juin 2023

Bonjour Tara,

À la lecture de vos explications, ce que je constate et crois comprendre sur l’intervention, l’utilité, le choix, de l’imparfait (dans le cas exposé), c’est :

Constat : Ce temps a été choisi, utilisé, uniquement dans la dernière phrase d’un paragraphe (qui était entièrement au passé simple)

Ce choix semble bien démontrer une action précise à l’intérieur d’un déroulement, et notamment dans notre cas, il indique une cassure nette, à savoir, qu’il clôture la fin d’un déroulé/période/explication de situation, en y mettant un terme. Terme annonciateur d’une nouvelle action avec un nouveau paragraphe.
(C’est encore plus vrai dans le cas du roman évoqué, car cette phrase clôture un chapitre entier)

En résumé, l’emploi de l’imparfait dans ce passé simple a annoncé « sujet clos », on passe à la suite.

(Si tel est le cas, je vous rejoins quant à la finesse de l’auteur… je suis admirative)

Merci pour ce bout de chemin, Tara 🙂
NB. Si ma compréhension ne vous apparaît pas juste, n’hésitez-pas à la corriger.

le 11 juin 2023.

Pour la cohérence du récit, apparemment globalement au passé simple, on peut penser normal de conjuguer tous les verbes principaux au même temps :
— Il arriva. Je me tus. Il parla. J’écoutai. Il m’indiqua ceci. Je l’informai de cela.
C’est seulement là que se trouve l’incohérence dans le texte que vous présentez.

D’ailleurs la construction « je l’informais » est vouée à rester rare. Comment justifier l’imparfait ? Par la répétition (je l’informais souvent) ? Par la durée, (je l’informais depuis longtemps) ? Est-ce que ces sens correspondent bien au fait de donner une information à quelqu’un ? Est-ce qu’une information répétée reste une information ? Peut-on informer quelqu’un deux fois d’une même chose ? Peut-on informer sur la durée ? Tout cela est sans doute possible en théorie, mais pas dans votre phrase, car ici une personne informe clairement une unique fois d’une chose une autre personne.

Si vous acceptez le passé simple pour le verbe de la principale, il vous suffit d’appliquer la concordance des temps. Vous savez déjà que le conditionnel présent est utilisé pour exprimer le futur dans le passé (j’ai lu vos derniers posts qui montrent que vous parlez parfaitement le français) :
Je sais qu’il viendra (futur dans le présent). Je savais qu’il viendrait (futur dans le passé).

Présent + construction déictique :
— Je l’informe que je pourrai être dans ses bureaux dans moins d’une heure.
Passé + concordance des temps + construction anaphorique :
— Je l’informai que je pourrais être dans ses bureaux moins d’une heure plus tard.

CParlotte Grand maître Répondu le 10 juin 2023

Merci pour ce complément d’information CParlotte 🙂

La réponse claire que m’a apportée Joelle m’a, et instruite, et aidée puisque, de fait, je n’avais pas pensé « temporel », n’avais pas ou avais oublié cette notion d’action dans l’espace temps (passé ou présent) pouvant justifier le conditionnel. (Votre réponse le confirme également)
Dont acte. Parfait.
En l’occurrence temps à l’imparfait sur ce coup-là 🙂 

Cependant… tout ceci m’a dirigée quasi immédiatement vers  »mais pourquoi employer soudainement l’imparfait là où nous étions sur le passé simple ? »

Comme vous l’avez expliqué, pas de répétition d’actes ni de propos ou autres pouvant justifier « naturellement » ce changement de temps. Pour avoir réponse, j’ai donc posé cette question  »subsidiaire » à laquelle vous venez de répondre.

Ce que je comprends de votre réponse, sauf erreur, confirme-t-il bien que nous sommes d’accord sur le fait que rien ne justifiait ce subit passage à l’imparfait ?

Merci pour votre retour m’éclairant CParlotte

le 10 juin 2023.

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