Concordance des temps

Bonjour,
Je m’interroge sur la concordance des temps dans cette phrase : elle regagna l’Italie avec son fils, qui reviendra en Suisse à l’adolescence, pour retrouver son frère. »
Est-elle correcte, le futur est-il possible dans cette subordonnée après un passé simple ? Spontanément j’aurais employé le conditionnel « reviendrait »…
Merci pour vos retours éclairés

Lilou75 Membre actif Demandé le 11 février 2023 dans Accords

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5 réponse(s)
 

Elle regagna l’Italie avec son fils, qui reviendrait en Suisse à l’adolescence, pour retrouver son frère.
On a là une phrase de récit. Le récit est dit « coupé de la situation de l’énonciation », c’est à dire qu’il n’y a rupture temporelle entre ce qui se passe dans le récit et le présent de celui qui donne le message*.
« Reviendrait » , a la même forme que le conditionnel mais n’en est pas un : c’est un futur dans le passé qui appartient au mode indicatif**.
Au présent, la phrase serait : elle regagne l’Italie avec son fils, qui reviendra en Suisse à l’adolescence, pour retrouver son frère. Cette transposition au présent met en évidence qu’il s’agit d’un temps : le futur et non d’un mode.

** Il est regrettable que les tableaux de conjugaison courants ne présente -on peut dire- jamais ce temps de l’indicatif qui comporte, non 4 temps simples et 4 temps composés, mais 5 temps simples et 5 temps composés,  dont le futur du passé et le futur-antérieur du passé.

* on ne peut donc pas imaginer que le fait de revenir ait lieu dans le futur de celui qui énonce le message, comme se pourrait être le cas si « regagner » était au passé composé (qui relie le passé au présent de l’énonciateur)

Dans le tableau présenté ci-dessous on a bien les 10 temps de l’indicatif. On peut cependant regretter que le futur du passé et le futur antérieur du passé soient nommés conditionnels (ce qui manque de clarté)
22677_04_Conjug.qxp – Tableaux-de-conjugaison-tous-niveaux.pdf

Tara Grand maître Répondu le 12 février 2023

Je suis (j’ai envie de dire « malheureusement ») d’accord avec Cparlotte, le conditionnel « futur dans le passé », donne l’impression que la protagoniste de l’histoire « elle », sait déjà, au moment où elle regagne l’Italie, que son fils reviendra en Suisse pour rejoindre son frère. Or, manifestement, ce n’est pas elle qui sait, mais l’auteur de l’histoire. Auquel on a envie de répondre : « mais dieu que le temps passe vite avec vous ! » Le futur « sonne » maladroit, mais il est correct.

le 12 février 2023.

Oh mais oui très juste. Je n’avais pas deviné le contexte. Bien contente que vous me le signaliez Dewelis !

le 12 février 2023.

Merci beaucoup Tara pour toutes ces précisions

Lilou75 Membre actif Répondu le 12 février 2023

Oui mais regardez plutôt la réponse de Dewelis qui répond justement au cas de cette phrase qui s’inscrit dans un récit explicatif : historique pour être précis.

le 12 février 2023.

C’est la réponse de Cparlotte qu’il faut regarder. Mais il est vrai qu’à lire ses commentaires, on peut parfois s’interroger sur son équilibre mental. C’est dommage.

le 12 février 2023.

Commentaires insultants supprimés.

le 13 février 2023.

Il est vrai que le futur n’est pas très heureux dans cette phrase. Mais un conditionnel serait moins opportun encore.

On utilise la concordance des temps dans une complétive (conditionnel présent pour exprimer le futur dans le passé) :
— Elle pense que son fils reviendra plus tard
— Elle pensait que son fils reviendrait plus tard
Il peut arriver que cette construction soit sous-entendue :
— Son fils reviendrait plus tard (pensait-elle)
En dehors d’une complétive, la concordance des temps, ça n’existe pas quand on conserve le point de vue de l’auteur. Il faut pour utiliser le conditionnel (dans le cadre d’un futur dans le passé) adopter le point de vue d’un protagoniste du passé.

Le récit au passé simple vu depuis le moment de l’auteur n’accepte pas ce conditionnel. Si on raconte une histoire au passé, on la raconte au passé :
— Elle partit avec son fils en Italie. Son fils revint en Suisse dix ans plus tard.
Puisque votre phrase n’est pas construite de manière à adopter le point de vue d’un protagoniste de l’époque pour parler du retour du fils dix ans plus tard, le conditionnel est à exclure. N’utilisez le conditionnel en guise de futur dans le passé qu’en adoptant le point de vue d’un protagoniste du récit :
— Elle partit avec son fils en Italie en ignorant que son fils reviendrait en Suisse dix ans plus tard.

L’antériorité dans le passé s’exprime par le passé antérieur :
— Il partit un mardi. Il était arrivé la veille.
Mais comment exprimer la postériorité dans un récit au passé ?
* Conserver le passé simple, et ajouter un complément de temps :
— Il arriva un lundi et partit le lendemain. (et non partirait)
* Pour parler d’une chose en fonction du temps de la précédente, utiliser un auxiliaire modal exprimant la prévision tel que aller ou devoir :
— Il arriva un lundi, et allait repartir le lendemain, et devait repartir le lendemain

Dans votre phrase, on peut imaginer que l’auteur a souhaité utiliser le futur historique, un effet de style consistant en l’irruption du futur dans un récit au passé, en particulier en guise de dernière conclusion, pour parler de choses qui vont se passer « encore plus tard » selon la connaissance de l’auteur du récit, parfois comme une sorte de bilan :
— Elle quitta l’Italie pour se marier. Elle devint reine. Puis elle battit les Anglais à Cordoue, et finalement regagna l’Italie. Son fils ne reviendra en Suisse qu’à l’issue de la guerre, dix ans plus tard.
Je dirais que c’est ainsi que l’auteur a voulu écrire, mais il n’a pas construit clairement, et mieux vaut éviter d’utiliser un futur historique au détour d’une relative. Un futur historique, ça s’amène. Mais ce n’est après tout qu’une question de style et d’intention. Le futur reste concevable.

Vous pouvez donc contester qu’il soit opportun d’utiliser le futur pour ce dernier verbe, mais ce serait faire un contresens que de le remplacer par un conditionnel sans en faire le verbe d’une proposition subordonnée complétive.

CParlotte Grand maître Répondu le 12 février 2023

Bonjour,

je suis entièrement de l’avis de CParlotte quant à l’usage du conditionnel, qui est ici inapproprié.

J’ajoute que que pour ma part je conçois le passé simple comme un « présent dans le passé ». Et je vois rien dans une narration qui empêche la formulation :
« Elle regagna l’Italie avec son fils, qui reviendra en Suisse à l’adolescence, pour retrouver son frère. » que j’entends comme une narration.

Ouatitm Grand maître Répondu le 12 février 2023

On pourrait donc dire : « Il arriva triomphant en 1830 et repartira piteux en 1831 » ? Pour moi, c’est un usage très violent du futur dans un récit au passé (et encore j’ai mis des compléments pour rendre la phrase presque acceptable). Dans ma réponse, j’ai réservé cette possibilité à un emploi qu’on qualifie parfois de futur historique.
Mais il faut bien reconnaître qu’il n’existe pas de temps pour exprimer le futur dans un récit au passé (car nous somme bien d’accord, le conditionnel présent ne joue absolument pas ce rôle en dehors d’une subordonnée complétive).
Si vous estimez qu’on peut utiliser un futur de postériorité dans un récit au passé comme on peut utiliser un présent de simultanéité dans un récit au futur, c’est certainement défendable d’étendre la possibilité que j’ai exposée ci-dessus. On est au-delà de la syntaxe. Ceci dit, je parie que vous ne trouverez aucun futur à valeur de futur dans le passé, dans un texte écrit au passé simple, chez les auteurs qui font référence. Personnellement, je lis des vieux livres, et ce type de futur n’y apparaît jamais. Pouvez-vous citer un auteur, même actuel, même peu connu, qui utilise le futur dans un récit au passé simple ? Je reconnais que c’est envisageable, mais je vous demande juste de donne un exemple, publié.

le 12 février 2023.

– Pouvez-vous citer un auteur ?
– Non.

En revanche, je ne l’utiliserais – et c’est peut-être ce que vous voulez faire passer comme idée avec le terme « futur historique » -qu’à la fin d’un récit ou d’une partie de récit.

le 12 février 2023.

Un grand merci à tous les contributeurs qui ont eu la gentillesse de me répondre et de développer une réponse très argumentée !

Lilou75 Membre actif Répondu le 13 février 2023

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