Ambigüe ou ambiguë ? Peut-être ambigüë ! Le tréma en dernière question …
D’autres sont déjà partis, et je pars aussi. La faute, sans doute, à l’orthographe modifiée de 1990 !
Je remercie ceux qui m’ont accordé ici quelque crédit, les innocents aux questions pleines, les badauds, les rêveurs… Je remercie aussi le temps qui colmate et pétrifie tous les avants, noie les commentaires et prescrit les avenants.
Je retourne illico à mes belles amours, à Villon, à Céline, à Aragon, à René Char et à Léo, le grand Ferré : Merde à Vauban ! ou la seule manière d’être grossier avec élégance.
La réforme de 1990 préconise sans coercition : ambigüe, aigüe, exigüe, … Le tréma passe du « e » au « u » au féminin. Au masculin, on conserve aigu etc.
Dans la mesure où les rectifications de 1990 n’ont aucune valeur contraignante, et où le Projet Voltaire choisit de privilégier l’orthographe traditionnelle, n’est-il pas préférable d’écrire « ambiguë » et « ambiguïté », en tout cas sur ce site ?
La remontée du tréma sur le u, même si elle fut proposée par la réforme de 1990, n’a pas été finalement entérinée par les dictionnaires de référence tels que Le Petit Robert et Le Petit Larousse.
En outre, si l’on fait preuve d’un soupçon d’observation, elle n’a aucune pertinence et, pis encore, introduit une exception graphique (là où notre chère orthographe en compte déjà pléthore!) ; en effet, dans tous les mots français à tréma, celui-ci est placé sur la seconde voyelle : hémorroïde, capharnaüm, canoë, L’Haÿ-les-Roses… (seule exception: ïambe, que l’on peut aussi écrire sans tréma et dans lequel le i joue plutôt le rôle d’une semi-consonne). Il est donc tout à fait logique de conserver les adjectifs féminins aiguë, contiguë, exiguë, ambiguë et les noms ciguë et besaiguë.
Il faut savoir clore une question.
Faute de réponse totalement satisfaisante, j’ai poussé mes recherches propres.
La position de l’Académie est antérieure à 1990, date d’une décision multipartite qui n’a fait que l’entériner. Voici la raison la plus pertinente (TLFi), qui justifie à mon sens l’écriture « ambigüe » :
,,L’Académie française, en 1975, a décidé que le tréma serait placé sur la voyelle qui doit être prononcée avec son timbre propre: aigüe, ambigüe, ambigüité, cigüe, exigüe, etc. Elle a en outre décidé de mettre un tréma sur u dans certains mots pour lutter contre une prononciation défectueuse: argüer, gageüre, mangeüre, rougeüre, vergeüre« .
On voit bien, dans un verbe comme « argüer », que c’est une prononciation erronée qui entraîne une écriture défectueuse. Quant au fameux gageüre, il se prononce « ga-jure » et non « ga-jeure ».
CQFD.
Enfin, et concomitamment, le tréma sur le i disparaît totalement.
Cordialement