ALAN BENNETT – LA REINE DES LECTRICES
Peut-on tancer du doigt ?
J’ai trouvé dans le court roman ci-dessus, ou plutôt dans sa traduction : « La reine le tança du doigt. »
Réprimande-t-on du doigt ? (vertement ou pas…)
Amicalement,
Karine
Comme ses synonymes directs reprendre, réprimander ou morigéner, tancer suppose un contenu verbal aux reproches que l’on adresse à quelqu’un. On tance quelqu’un de manière absolue (sans complément) ou pour quelque raison mais pas simplement du doigt ou du nez. C’était en tout cas l’usage jusqu’à nos jours mais que ne voit-on pas dans les textes modernes que personne ne semble relire…
Tancer vient de tencier puis tancier (XIIIe) qui signifiait injurier, gronder quelqu’un. Le TLF donne comme synonymes : réprimander fustiger, gourmander, gronder, houspiller, morigéner, sermonner.
Alors non, on ne tance pas du doigt.
On trouve quelques rares occurrences de xxx du doigt, avec xxx = gronder ou des synonymes, dans des textes du XXe ou antérieurs (davantage dans des textes du XXIe), sous la plume d’auteurs – il faut bien l’avouer – un peu obscurs. Si cette association n’est guère courante, elle ne parait pas absolument absurde : on peut bien, en effet, gronder en faisant les gros yeux et en agitant le doigt (il y a peut-être aussi une confusion avec menacer du doigt).
Si le texte original est d’une autre langue, il serait intéressant de comparer les formulations pour comprendre où se situe l’erreur, si tentée qu’il y en ait une.
Si c’est de l’anglais peut-être « to upbraid » ou « to scold » someone with her finger ?
Je viens de parcourir la version originale en anglais, néanmoins je ne suis pas parvenu à retrouver le passage que vous évoquez… Pourriez-vous citer davantage de texte que je puisse localiser le bon passage ?
Merci à tous pour vos avis…
La citation se trouve à l’avant-dernière page du « roman », page 121 du Folio :
» Aucun monarque, si je ne me trompe, n’a jamais publié de livre.
A ces mots, la reine le tança du doigt, ce qui était l’un des tics favoris de Noel Coward, elle s’en souvint brusquement. »
On pourrait, en suivant Marcel1, parler de « licence poétique », même s’il ne s’agit que de celle du traducteur. Mais je vous laisse retrouver la formulation en anglais par l’auteur.
Amicalement,
Karine
L’expression « licence poétique » s’applique à d’autres choses. Il s’agit d’un simple problème de traduction de la tournure to shake one’s finger at s.o.. Le fait d’agiter le doigt (l’index en général ) peut être un geste d’insistance, d’avertissement, de reproche, voire de menace.

