accord pp

Répondu

Bonjour,

Quelle force, quel courage, quelle folie m’a (m’ont) pris(e) !

Voilà, j’ai deux doutes ici, l’auteur et moi ne sommes pas d’accord…

Contexte : la fille est partie sur un coup de tête

leslecturesdemaryline Maître Demandé le 26 décembre 2023 dans Accords

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4 réponse(s)
 
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Bonjour,

pris ou prise ?

Le pronom m’ placé avant le verbe est-il un cod ? Oui ! car on dit plutôt  : la folie la prend, le courage la prend, etc. et pas lui prend .
> prise

m’a ou m’ont ? A priori, ce sont trois ressources bien différenciées : la force, le courage, la folie qui se sont conjuguées pour « la prendre », et dans ce cas le pluriel est de mise. À moins que la succession des trois termes veuille exprimer une régression : elle a cru que c’était d’abord la force, puis le courage qui l’avait prise et finalement ce ne serait que la folie ? Dans ce cas, la régression est rendue par le singulier mais je crains que le lecteur ait du mal à saisir une aussi subtile intention de l’auteur.
> m’ont (à 99%)

Bruno974 Grand maître Répondu le 26 décembre 2023

merci beaucoup pour cette réponse détaillée !!!

le 26 décembre 2023.

J’ai considéré que la force, le courage, la folie étaient des puissances « externes » qui s’étaient emparées de la personne. C’est généralement  le sens des formulations non suivies d’un autre complément. Elles correspondent à une possibilité d’expression au passif : Elle a été prise d’une force, d’un courage, d’une folie. 

Marcel a cependant raison de rappeler qu’un coi est parfois employé pour introduire la personne concernée. C’est souvent le cas lorsqu’une proposition infinitive arrive en 2e complément :  Quelle folie lui a pris de se comporter ainsi !  Avec un coi, le participe passé ne prend alors évidemment pas la marque du féminin : Quelle folie m’a pris de me comporter ainsi !

le 27 décembre 2023.

Bonjour,

Force, courage et folie ne sont pas des synonymes et l’on peut difficilement voir une gradation .

Quant au participe passé, m’ représente la fille donc l’accord se fait

Quelle force, quel courage, quelle folie m’ont prise !

Quelle force, quel courage ou quelle folie m’a prise !

Ouatitm Grand maître Répondu le 26 décembre 2023

merci beaucoup !!!

le 26 décembre 2023.

Concernant l’accord du participe passé, les deux sont possibles, puisque prendre construit son complément aussi bien directement qu’indirectement. Extraits du Tlfi :

Par conséquent > m’ont prise ou m’ont pris.

marcel1 Grand maître Répondu le 26 décembre 2023

Merci pour ce complément !!!!

le 26 décembre 2023.

On passe à la troisième personne pour mieux voir la différence entre les pronoms de forme COD (me/la) et de forme COI (me/lui) :

Dans la langue classique des livres et des dictionnaires, le verbe « prendre » est utilisé pour parler d’une chose qui arrive et s’installe.
En construction impersonnelle ou personnelle, avec un pronom datif (de forme COI) :
— Il lui prend l’envie de venir. Il lui a pris l’envie de venir.
— L’envie lui prend de venir. L’envie lui a pris de venir.
On ne dit donc pas :
— L’envie la prend de venir. L’envie l’a prise de venir.
On doit aussi dire classiquement dans ce sens, avec un verbe intransitif et souvent un pronom complément datif :
— le stratagème n’a pas pris
— ça lui a pris comme une envie de pisser
— la colère lui a pris (la colère est arrivée), la colère m’a pris
— qu’est-ce qui lui a pris ?
— la peur lui prit (la peur arriva, il eut peur), la peur m’a pris

L’utilisation transitive de « prendre » qui signifierait « s’emparer de » est une évolution peu justifiée de ces formes.
Cette convergence existe cependant, et on constate le COD s’il accepte d’être sujet à la voix passive :
elle fut prise de colère –> valide, donc possible d’écrire : la colère la prit au lieu de la colère lui prit
elle est prise par la peur –> valide, donc possible d’écrire : la peur la prend au lieu de la peur lui prend
Cette évolution peut exister quand la personne est l’objet d’une emprise, même positive, par un agent extérieur, mais pas quand c’est une qualité qui vient s’installer en elle.
La construction le plus strictement rigoureuse et classique est d’utiliser le pronom datif avec le verbe « prendre » (mis pour « s’installer »), et de changer de verbe si on souhaite montrer un agent extérieur :
— la peur lui prit, la peur la submergea
— la peur m’a pris, la peur m’a submergée
Parce que la peur qui prend quelqu’un, on l’entend, mais c’est quand même un peu nul, ça résulte d’une confusion entre deux constructions.

Vous devez examiner une par une les trois expressions coordonnées de votre phrase, et décider pour chacune. C’est uniquement si les trois sont valides et si les trois demandent le même type de complément (COD la ou COI lui) que vous pourrez conserver votre phrase.
— Quelle force l’a prise ! –> Non, ça n’a apparemment pas de sens avec un COD
— Quelle force lui a pris ! –> Non, ça n’a apparemment pas de sens non plus avec un COI
— Quel courage lui a pris ! –> Oui, c’est la bonne construction avec un COI, ancienne et valide
— Quel courage l’a prise ! –> Plutôt non, ça n’a pas vraiment de sens avec un COD, même si on peut dire qu’elle a été « prise de courage »
— Quelle folie lui a pris ! –> Oui, bonne construction classique avec un COI
— Quelle folie l’a prise ! –> Syntaxiquement correct en considérant que la folie s’est emparée d’elle, que la folie l’a prise (mais alors autant utiliser des mots plus justes)
Votre phrase coordonnant des choses qui n’ont pas vraiment de sens et des choses qui se construisent différemment est donc incorrecte, il n’y a pas de choix à faire entre le pronom COD « la » et le pronom COI « lui », pas de possibilité de coordonner et de fusionner derrière l’unique verbe « prendre » trois idées différentes, et pas de choix à faire quant à l’accord.

Il ne faut pas tout aplatir sous le verbe commun « prendre », il faut tout réécrire, en sachant quel sens on donne à chaque mot, et en utilisant des verbes. La force, par exemple, c’est une force extérieure qui me contrôle (quelle force a guidé mes pas ? quelle force m’a poussée à marcher ?) ou une force qui est une de mes caractéristiques (quelle force j’avais soudainement !) ?
S’il ne s’agit pas pour la force de me prendre, ni pour le courage de me prendre, ni pour la folie de me prendre, pourquoi après tout ne pas renoncer à utiliser « me prendre » ? Coordonner trois mauvaises formules ne va rien améliorer, si ce n’est peut-être qu’on va renoncer à comprendre et à critiquer l’accord. Mais le but de la correction n’est pas de cacher les fautes de sens derrière des conjugaisons et des accords d’apparence correcte. C’est de remonter au sens voulu pour le faire mieux exprimer. Quand une phrase ne fonctionne pas, ce n’est jamais une question de conjugaison ou d’orthographe :
— quelle force m’avait envahie ! toute la joie que j’ai ressentie ! quelle force a été la mienne ! de quel courage ai-je fait preuve ! quelle folie s’est emparée de moi ! quelle folie m’a pris ! vous ne savez pas la folie qui m’a pris !

Après, si c’est juste une question de syntaxe, mettez « sont » plutôt que « est » si le sujet avec « et » représente des choses différentes, et accordez le participe passé avec n’importe quoi du moment qu’au moins un des compléments antéposés tolère la construction transitive directe.

CParlotte Grand maître Répondu le 26 décembre 2023

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