accord feu

bonjour,
je sais que feu placé avant est invariable, cependant j’ai un doute dans cette phrase : »les actifs successoraux de feu G… MARTIN, leur mère, et P… MARTIN, leur père. »
ou bien:
« les actifs successoraux de feus G… MARTIN, leur mère, et P… MARTIN, leur père. »

Merci de votre réponse.
Cordialement.

LIBANE Érudit Demandé le 16 janvier 2020 dans Accords

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

6 réponse(s)
 

Bonjour,

Dans la mesure où feu n’est pas précédé d’un article défini ou d’un adjectif possessif, il reste invariable. Voir par exemple Larousse :

Feu (= défunt depuis peu) s’accorde s’il est précédé par l’article défini ou l’adjectif possessif : ma feue grand-mère; mes feues tantes. Il reste invariable dans les autres cas : feu ma grand-mère ; feu mes tantes.

On aurait fait l’accord si on avait eu : Les actifs successoraux des feus G…

phil-en-trope Grand maître Répondu le 16 janvier 2020

Lorsqu’il est placé devant le nom « feu » est une survivance de « il fut ». C’est pour cela qu’il n’y a pas accord.

Tara Grand maître Répondu le 16 janvier 2020

Hmmm, ce n’est pas  évident. La notice étymologique de Littré est bien intéressante :

Berry, funt, et aussi defeu, defeue ; ital. fula fu regina, la feue reine. Il est difficile de rendre compte de toutes les formes de ce mot : le berrichon funt est le latin functus, défunt ; l’italien fu est la troisième personne du prétérit , il fut, il a cessé de vivre. Mais d’où vient le vieux français feü ou fahu, qui est la forme la plus ancienne ? Ce mot dissyllabique représenterait une forme barbare, fadutus ou fatutus ; est-il permis de conjecturer qu’il provient irrégulièrement de fatum, et qu’il signifie qui a accompli sa destinée ? L’exemple du XIe siècle qui signifie évidemment malheureux, qui a un mauvais destin (comparez l’anglais ill-fated), appuie cette conjecture. Feu est très certainement la contraction de l’ancien feü, et ne peut représenter le latin fuit, l’italien fu. Si donc on embrasse la totalité de l’expression de l’idée en France, on trouve trois sources : le français feu, feü, pour lequel nous avons indiqué une conjecture, et qui, étant dissyllabique, ne peut provenir de functus ; le berrichon qui est le latin functus, et l’italien fu qui est le latin fuit. Au XVIe siècle, l’italianisme fit prendre la forme italienne (le tien fut pere, de J. Marot) ; mais elle ne dura pas, et ce fut l’ancien feu qui se maintint.

le 16 janvier 2020.

Bonsoir,

Règle générale actuelle  : Feu « qui est mort depuis peu de temps » varie quand il est placé entre le déterminant et le nom. Il ne varie pas quand il précède le déterminant ou quand il n’y a pas de déterminant.

Toutefois,  il faut savoir que des auteurs  font varier feu alors qu’il n’est pas entre le déterminant et le nom Feue l’épouse de maître Goubard (NervalMain enchantéevii ). Le Bon usage actuel cite plusieurs exemples  de cet accord*  et ne le considère pas comme incorrect.
* Notamment exemples donc  de  G. de Nerval, mais aussi de Proust, Bosco,  Thibaudet, Bernanos, du Figaro littéraire et de la Revue de linguistique romane.

Par contre, Feu placé après le nom et accordé avec celui-ci est un emploi individuel, une liberté de poète.

Quant à l’historique de feu, le Bon usage actuel en dit ceci :
L’adjectif feu vient du latin vulg. *fatutus , dérivé de fatum « destin ». Il a signifié d’abord « qui a une bonne ou une mauvaise destinée », puis il a pris dès le xii s., par euphémisme, le sens de « qui a accompli sa destinée ». On a cru longtemps que le mot provenait de l’italien fu (alors que celui-ci est sans doute emprunté du fr.) ou du latin fuit « il fut », — ou encore du latin felix « heureux ». Ces fausses étymologies appuyaient l’invariabilité de l’adjectif, laquelle doit s’expliquer par la tendance générale signalée au § 429 (renforcée ici par le fait que peu d’adj. ont cette finale). Notons qu’on a parfois écrit f(e)urent au plur., puisqu’on y voyait une forme verbale : Les portraictures de furent mondict seigneur le chancelier et de madame Guigone de Salins, sa femme (inventaire de 1501, cit. Godefroy, t. III, p. 776).

La règle actuelle a eu du mal à s’établir, et l’usage a été longtemps indécis (il l’est encore, nous le voyons ci-contre) : No chiere et amee compaigne feu Aelys de Flandres (dans Tobler-Lommatzsch). — Feue noble dame […] Guyote (ib. ). — Feue sa femme (É. PasquierRecherches de la Fr., VI, 11). — Feu Belise sa mere (Mol.Mélicerte, II, 7). — Feue ma sœur (Montesq.L. pers.lii ).

Prince (archive) Débutant Répondu le 16 janvier 2020

Merci à vous deux, Prince et Mis.

le 17 janvier 2020.

DR Tara.

le 17 janvier 2020.

Bonjour,
merci à tous pour vos réponses.
Cependant:
– Avec cette réponse de Tara : « Lorsqu’il est placé devant le nom « feu » est une survivance de « il fut ». C’est pour cela qu’il n’y a pas accord. »
J’aurais eu tendance à « pouvoir » écrire : « les actifs successoraux de feus G… MARTIN, leur mère, et P… MARTIN, leur père. » puisque cela sous-entendrait « les actifs successoraux de « ils furent » G… MARTIN, leur mère, et P… MARTIN, leur père » ??
– Et celle de Prince : « Toutefois,  il faut savoir que des auteurs  font varier feu alors qu’il n’est pas entre le déterminant et le nom  »  me font douter de mon  choix d’un feu invariable en l’absence de déterminant.
… au secours, je n’y vois pas plus clair.

LIBANE Érudit Répondu le 2 février 2020

Les formes plurielles du verbe ne sont jamais « S ». Le « S » marque le pluriel des noms et adjectifs, c’est tout.

le 2 février 2020.

bonjour, pour cet ancien post,  voici un lien de registre paroissial où feu se met au pluriel quand il s’agit des deux parents.

https://www.archives71.fr/ark:/60535/s005139983e34243/5139d3c7f1a74

sur la page de gauche troisième inscription nous avons : « ledit jour a esté espousé Lazare fils de fut Lazare Gauffre? etc… »
sur la page de droite en haut  « le septiesme juin a esté espousé maistre Jehan-Baptiste Hernoux fils de furent maistre Estienne Hernoux et demoiselle Anne Cortot, etc… »

dans ces cas  » fut » = feu  est utilisé comme « il fut » et « furent » = feux comme « ils furent » en parlant des deux parents décédés. cet exemple est courant dans les registres paroissiaux des XVIIè au XVIIIè siècle bien cordialement

noisette Débutant Répondu le 8 mai 2023

bonjour, pour cet ancien post,  voici un lien de registre paroissial où feu se met au pluriel quand il s’agit des deux parents.

https://www.archives71.fr/ark:/60535/s005139983e34243/5139d3c7f1a74

sur la page de gauche troisième inscription nous avons : « ledit jour a esté espousé Lazare fils de fut Lazare Gauffre? etc… »
sur la page de droite en haut  « le septiesme juin a esté espousé maistre Jehan-Baptiste Hernoux fils de furent maistre Estienne Hernoux et demoiselle Anne Cortot, etc… »

dans ces cas  » fut » = feu  est utilisé comme « il fut » et « furent » = feux comme « ils furent » en parlant des deux parents décédés. cet exemple est courant dans les registres paroissiaux des XVIIè au XVIIIè siècle bien cordialement

noisette Débutant Répondu le 8 mai 2023

Intéressant. Merci.

le 12 mai 2023.

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.