RE: virgule entre sujet et verbe
Bonjour,
je me retrouve devant cette phrase :
» Ne pas laisser le soin au citoyen de voter blanc, de s’abstenir, de boycotter l’élection, relève du non-sens. »
Ma question porte sur la dernière virgule, entre « élection » et « relève ».
Ce que je sais :
. Il n’est pas correct d’insérer une seule virgule entre le sujet et le verbe. Ce qui est le cas de la dernière virgule (fautive, a priori).
. Il est possible d’insérer plusieurs virgules entre le sujet et le verbe (notamment en cas d’incise, de vocatif et autres décrochages de la pensée).
. On termine une énumération de sujets par une virgule pour signifier que le verbe se rapporte à l’ensemble des sujets.
Ce qui me chiffonne ici, c’est que le sujet est une proposition qui se termine par une énumération. Si j’enlève la virgule entre « élection » et « relève », n’y a t-il pas une équivoque à la lecture ( « boycotter l’élection » relèverait seule du non-sens) ?
Merci pour vos éclairages. La virgule est vraiment fascinante de finesse.
Marcel
Salut Marcel,
Usage de la virgule. Idée d’addition. Absence de conjonction de coordination (notamment de et).
1. Séparer différents sujets du verbe
Règle générale : « On met une virgule pour séparer différents sujets d’un verbe non reliés par une conj. de coord. Le dernier sujet est lui-même séparé du verbe par une virgule. Tous les spécialistes ne sont pas d’accord ; mais on peut très bien considérer que la dernière virgule (donc celle placée immédiatement avant le verbe) confère à tous les sujets une valeur égale. »
« La sottise, l’erreur, le péché, la lésine, occupent nos esprits et travaillent nos corps. » (Ch. Baudelaire, qui, je le rappelle, était un excellent ponctueur.)
Mais il y a mieux.
2. Séparer différents infinitifs
Règle : « On met une virgule pour séparer différents infinitifs introduits, directement ou non, par un verbe. »
« Nous voudrions fuir hors du temps, nous voudrions fuir hors de nous, nous déverser dans des courants plus nombreux, nous rassasier plus encore. » (Flaubert.)
Source : Jacques DRILLON, Traité de la ponctuation française, coll. « tel », 1991, Gallimard, p. 165 et 170.