RE: Subjonctif passé, imparfait… après présent de l’indicatif ?

Bonjour,

J’ai grand besoin d’un (ou plusieurs!) avis d’experts sur un cas d’emploi du subjonctif particulièrement épineux. Voici la phrase en cause (fautive il me semble, en l’état) :

« Nous comprenons qu’elle espérait une deuxième chance »

Attendu que :

1) « Comprendre que » au sens de « comprendre pourquoi » impose le subjonctif.

2)  Le verbe espérer renvoie, dans le contexte du récit, à un espoir qui dure  et qui ne peut donc être traduit par la forme passée « qu’elle ait espéré », laquelle traduirait un espoir bref, éphémère, selon moi…

Qu’en pensez-vous ?

Merci !

milos Amateur éclairé Demandé le 15 novembre 2021 dans Conjugaison
3 Réponses

Les emplois du subjonctif sont extrêmement nuancés.
Pour plus de clarté nous allons prendre un verbe du 3e groupe dans la subordonnée. C’est bien le verbe « comprendre dans la principale qui peut avoir une incidence sur le verbe de la subordonnée (quel qu’il soit : espérer, vouloir, prendre…)
1 Je comprends qu’elle veuille une deuxième chance .
2 Je comprends qu’elle veut une deuxième chance.
Les deux modes sont possibles dans la subordonnée, mais le sens diffère.
En 1 : l’information est : je comprends : c’est ce sur quoi porte principalement l’énoncé : l’attitude psychologique de l’énonciateur.  Le deuxième fait passe en second plan
En 2 : deux informations sont sur le même plan : -elle veut tenter sa chance + je comprends ce fait. Le verbe « comprendre » pourrait presque être remplacé par « j’entends » ou « je me rends compte »

Bien sûr, la subordonnée mise au passé accepte aussi les deux modes avec la même nuance de sens.
1 Nous comprenons qu’elle voulût/eût voulu une deuxième chance.*
2 Nous comprenons qu’elle voulait/ a voulu une deuxième chance.
(Je peux expliquer le choix entre les temps simples et les temps composés de la subordonnée, si vous le désirez)
—–
*Comme les temps imparfait et plus que parfait  du subjonctif  tombent un peu en désuétude, on accepte le présent et le passé du subjonctif à la place —> veuille/ait voulu

Évidemment avec le verbe espérer :

1 Nous comprenons qu’elle  espérât/eût espéré une deuxième chance. —>(qu’elle espère (mais perte d’une nuance car verbe du 1er groupe)/qu’elle ait espéré une deuxième chance.
2 Nous comprenons qu’elle  espérait/a espéré une deuxième chance.


J’ai conscience que le jeu des temps est assez complexe (ici j’aurais pu écrire « soit assez complexe mais j’ai voulu affirmer la complexité autant que mon attitude mentale devant cette complexité :  conscience du fait). N’hésitez pas à poser d’autres questions si nécessaire.

Tara Grand maître Répondu le 15 novembre 2021
Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.