RE: Qu’en aurait pensé Prosper ?

Pour ceux qui viennent de participer (ou non) aux finales régionales des « Timbrés de l’orthographe », voici quelques questions directement inspirées de l’épreuve et de la dictée de Mérimée :
1. « Esclandre public » est-il un pléonasme condamnable ?
2. Effroi  peut-il raisonnablement s’employer au pluriel ?
3. Comment accorderiez-vous les mots soulignés dans Les règles d’accord(s) et conjugaison(s) étudiées [ …] plus tôt.
4. La phrase Si votre belle-mère vous marche sur les brisées… vous semble-t-elle correctement construite ?

Chambaron Grand maître Demandé le 30 mars 2015 dans Général

Bonjour,

4-Aller, marcher sur les brisées de qqn.  Entrer en concurrence, en rivalité avec quelqu’un, dans un domaine qui lui est propre.

Marcher sur les brisées de quelqu’un
L’expression désigne le fait d’empiéter sur le domaine de quelqu’un, avec l’idée que cela peut provoquer une certaine hostilité, en ce sens  cette’expression est équivalente à : « Marcher sur  les plates-bandes de quelqu’un.»
L’image – car c’en est une – vient directement de l’univers de la chasse. Les brisées sont des branches cassées disposées par les domestiques ou les chasseurs sur les traces de l’animal chassé, pour signaler le chemin pris par la bête.

Jean  Bordes a donné la construction correcte.

le 30 mars 2015.
8 Réponses

Bonjour,
Voici  la dictée:

LE GUÊPIER DE MÉRIMÉE

À la cour de Napoléon III, Prosper Mérimée fut une sorte de phare de savoir et d’intelligence. Par une après-midi pluvieuse de 1857, pour distraire les beaux esprits assemblés au château, l’auteur de Carmen eut l’idée saugrenue de leur soumettre une dictée… Quelques lignes seulement, mais qui offraient une terrifiante concentration d’écueils parmi les plus imparables de l’orthographe française ! Cris, effrois, la plupart des courtisans se désistèrent : ils refusaient de se ridiculiser publiquement pour des participes passés trop complexes. (fin cadets) Pourtant, un petit groupe suivit l’empereur et l’impératrice, décidés à tenter l’épreuve pour ne pas paraître lâches aux yeux de leurs sujets. Réunis autour d’une grande table, dont l’usage fut pour l’occasion détourné de son service de la chère, les courageux participants aiguisèrent leur plume. Aucun d’entre eux ne bayait aux corneilles : il s’agissait plutôt de se remémorer, en un tournemain, règles d’accord et conjugaisons étudiées quelques décennies plus tôt. Mérimée commença à dicter lentement un texte où il était entre autres question d’arrhes réglées. À ces mots-là, non qu’elle voulût provoquer d’esclandre public, mais l’impératrice renâcla : — Monsieur, vous vous moquez de nous ! (fin juniors) Bientôt, les derniers mots de la dictée tombèrent. Quelle qu’eût été la difficulté du texte, Mérimée accorda à peine un tour de clepsydre aux concurrents pour se relire. Puis il ajusta ses bésicles dorées et se mit à corriger sur-le-champ… — Que de fautes ! Que de fautes ! ne cessait-il de répéter, comme s’il eût été atteint de psittacisme. Pour autant, la sentinelle du bien-dire se vit plusieurs fois obligée de se reporter au texte pour s’assurer d’une graphie correcte. Enfin, Mérimée proclama les résultats : — Le lauréat est le prince Richard de Metternich avec juste trois fautes ! Ainsi donc, le plus féru en orthographe et sémantique françaises était ce diplomate viennois, ambassadeur à Paris de l’empire d’Autriche. L’Empereur, dit-on, avait aligné quelque quarante-cinq fautes et l’impératrice quelque soixante-deux… Quant à Alexandre Dumas fils — qui avait quand même malmené l’orthographe à vingt-quatre reprises —, il se montra beau joueur et alla serrer la main du gagnant…

À quelle partie de ce texte se rapporte la phrase que j’ai notée en caractères gras ?

Je voudrais aussi ajouter que l’on dit: «  Donner des arrhes, recevoir des arrhes, verser des arrhes», j’avoue ne jamais avoir entendu dire «régler des arrhes» !
On règle une facture, une note d’hôtel…

 Le mot « arrhes » vient du latin arrha, qui signifie « gage ». Du XIIème au XVIIème siècle, il s’écrivait « erres« . Ce n’est qu’au début du XVIIIème siècle que l’on trouve la graphie actuelle du mot. Le mot latin est lui-même emprunté au grec arrhabôn d’origine sémitique (Proche-Orient).

Arrhes est un nom féminin pluriel qui ne s’emploie qu’au pluriel.
Du point de vue juridique arrhes, acompte, avance ne sont pas synonymes.

czardas Grand maître Répondu le 30 mars 2015

…le plus féru en orthographe et sémantique françaises était ce diplomate viennois, ambassadeur à Paris de l’empire…

Pourquoi dans sémantique française, française prend un « s »?

le 31 mars 2015.

Parce que « française » s’applique aussi à « orthographe ». Là aussi, possibilité de contestation, mais le sens milite tout de même plutôt pour le pluriel…

le 31 mars 2015.
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