RE: que (de ?) se convaincre

Répondu

« Je vérifie qu’il n’y ait pas de bombes dans les sacoches des salariés. Un matin, à l’ouverture des grilles, une ouvrière a légitimement rouspété en me disant : « Oh, vous savez, nous, on l’aime bien, notre boulot ! C’est notre gagne-pain ! On ne va rien faire sauter ! » Mis à part le fait que l’amour de cette dame porte évidemment non sur le travail lui-même, mais sur le ‘pain’ qu’il lui permettra d’acquérir, il est clair que se convaincre d’aimer faire une chose permet de moins pâtir en s’acquittant de cette tâche. »

Bonjour, je n’arrive pas à savoir comment je dois écrire le passage ci-dessus souligné :

il est clair que se convaincre d’aimer faire une chose (tel que c’est)
il est clair que de se convaincre aimer faire une chose
il est clair que de se convaincre d’aimer faire une chose (c’est horrible…)

???

Merci.

Pompadour Maître Demandé le 3 février 2023 dans Question de langue
5 Réponses

Ni « se convaincre d’aimer » ni « se convaincre aimer » ne peuvent s’utiliser pour dire « se convaincre qu’on aime ».
La première forme, du type « je l’ai convaincu de venir », d’une part ne signifie pas « je l’ai convaincu qu’il venait » mais « je l’ai convaincu qu’il devait venir », et d’autre part ne s’utilise pas à la forme pronominale, pour une raison de sens.
La seconde construction n’existe ni à la forme active (convaincre faire) à ni à la forme pronominale (se convaincre faire).
La forme pronominale « se convaincre » est suivie de « de » (se convaincre d’une chose) ou de « que » (se convaincre que tout va bien).

Le mot « de » qu’on trouve devant certains infinitifs n’est pas une simple préposition, il sert à moduler la valeur de cet infinitif. C’est un marqueur d’infinitif comme en anglais le « to » dans « to be or not to be », il ne sert pas à articuler des mots entre eux comme pourrait le suggérer le titre de votre question (que de), il est totalement lié à l’infinitif. Le fait que la phrase commence par « il est clair que » ne joue pas sur l’utilité de la présence du « de ».
C’est le même « de » que celui qu’on utilise dans les constructions impersonnelles pour introduire l’infinitif sujet réel (il est nécessaire de travailler). On l’utilise rarement dans la construction ordinaire (de travailler est nécessaire), mais c’est en particulier l’examen abstrait d’une situation concrète qui permet ce « de ». Cela permet d’isoler des situations, qu’on peut souvent reprendre par un pronom neutre :
De devoir travailler, ce n’est pas le pire, c’est d’être mal payé qui me dérange.
De se convaincre qu’on aime son travail, ça peut aider à le supporter.
La reprise par un pronom n’est pas obligatoire :
— De se convaincre qu’on aime son travail permet de moins souffrir.
Si vous voyez cette nuance (avec « de », on évoque davantage la réalité d’une situation que le simple sens d’un verbe), vous pouvez en jouer. Mais dès qu’on n’en voit pas l’utilité, c’est plus simple de se passer du « de ».

CParlotte Grand maître Répondu le 3 février 2023

Merci pour votre réponse, CParlotte. J’en prends note.

le 6 février 2023.
Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.