RE: Participe passé suivi d’un infinitif

Bonjour, bonsoir,

Je n’arrive à comprendre en quoi cette phrase est fausse :

« La victime, plusieurs voyageurs l’ont vue agresser sans esquisser un geste. »

C’est pourtant « la victime » qui réalise l’action exprimée par l’infinitif « agresser »… Ou alors ai-je mal compris le sens de la phrase ? Selon moi, les voyageurs ont vu la victime agresser (une personne).

P.-S. : la phrase est tirée du quiz du projet Voltaire.

Absalon Érudit Demandé le 18 décembre 2020 dans Conjugaison
5 Réponses

Dans l’exemple, ils mettent le mot « victime » pour montrer qu’elle est le COD et non l’agent (le sujet) de « agresser ».

– Je vois le chat manger la souris.
– Je vois manger la souris (par le chat).
La construction de la première phrase est courante, celle de la seconde est également valide.

– Ce maçon, je l’ai vu construire ce mur.
– Ce mur, je l’ai vu construire (par ce maçon).
Dans la première phrase, le pronom « le » mis pour « ce maçon » est COD de « vu ».
Dans la seconde phrase, le pronom « le » mis pour « ce mur » est COD de « construire ».

Se pose maintenant la question de l’accord du participe passé « vu » utilisé avec l’auxiliaire « avoir ».
Qu’il y ait en début de phrase le COD de l’infinitif n’importe pas, mais qu’il y ait en début de phrase le COD du participe passé « vu » demande l’accord.

– La souris, je l’ai vue manger un fromage (le pronom féminin est COD de « vue »).
– La souris, je l’ai vu manger par le chat (le pronom féminin n’est pas COD de « vu » mais de « manger »).

Ces maçons, je les ai vus construire cette maison (le pronom pluriel mis pour « ces maçons » est COD de « vus »).
Cette maison, je l’ai vu construire (le pronom féminin mis pour « cette maison » n’est pas COD de « vus » mais de « construire »).

Les jeunes, on les a vus agresser la victime (le pronom pluriel est COD de « vus »).
La victime, on l’a vu agresser par des jeunes (le pronom féminin n’est pas COD de « vu » mais de « agresser »).

La règle est simple à appliquer, c’est toujours la même, il n’y en a pas de nouvelle ; ce qui est plus difficile est d’admettre cette construction qui semble parfois tordue.
Si on a du mal avec « la souris que j’ai vu manger » (on préférerait « vue se faire manger » ou « vue être mangée ») ou « la victime que j’ai vu agresser » (une personne peut être sujet ou COD de agresser), on peut se raccrocher à une phrase d’aspect plus naturel et sans ambiguïté, et la retenir comme modèle : « cette ville, je l’ai vu construire », « une ville que j’ai vu construire », où on n’accorde pas, puisque « une ville que » n’est pas COD de « voir » mais de « construire ».

Anonyme Amateur éclairé Répondu le 19 décembre 2020

Une explication très claire Adrian, pour un cas difficile et qui fait couler beaucoup d’encre. (Il est vrai que l’encre ne coule plus… )

Lorsque le verbe « voir » est dans son usage « plein » son participe passé s’accorde.
Je les ai vus construire cette maison
Lorsqu’il est semi-auxiliaire, son participe passé ne s’accorde pas
Cette ville je l’ai vu construire : « voir » modalise  le verbe et ne correspond pas tout à fait à une perception : il indique que l’énonciateur peut témoigner de cette construction. Il a pour cela une perception globale (et non seulement visuelle) de la construction de la ville (bruits, informations, travaux ponctuels…) qui d’ailleurs a pu s’étaler sur un très long temps.

le 19 décembre 2020.

Ces gens, je les ai vus construire une ville. Cette ville, je l’ai vu construire. C’est le même verbe voir ! L’accord de « vu » n’a rien à voir avec votre perception personnelle, avec vos semi-auxiliaires, votre imaginaire, l’aspect visuel, la modalité ou les bruits. L’accord, c’est selon la place du COD, bon sang !

le 19 décembre 2020.
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