RE: Mettre le temps
Bonjour,
Le pronom y est-il fautif ou acceptable dans cet exemple :
Nous y avons mis le temps, mais nous en sommes enfin arrivés à aborder cette problématique.
Je vous remercie !
« On dit : nous y avons mis du temps. »
Pas nécessairement. Y mettre le temps est enregistré notamment dans le Grand Robert et le TLFI.
© 2017 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »
On le trouve aussi, par ex., sur le site Langue française.net :
y mettre le temps | Être lent, long, être en retard, tarder à agir |
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synonyme | lent, lentement |
En arriver à est également une LOCUTION qui peut être suivie d’un infinitif (comme dans la phrase soumise).
TLFi :
Loc. (domaine didact. ou domaine situationnel, proche du sens temporel). En arriver à.
[Suivi d’un subst.] En arriver à un point, à un degré… :
23. Il en était arrivé à un point d’urémie qui ne pouvait tarder d’amener une crise.
VERCORS, Le Silence de la mer, 1942, p. 16.
[Suivi d’un inf.] :
24. Il [l’homme] en arrive à regretter le temps de ces premières confidences dont le souvenir le torture cependant.
PROUST, La Prisonnière, 1922, p. 90.
[Suivi d’un adv.] :
25. Regarde ce sculpteur qui (…) vient (…) de planter là sa femme, ses enfants. L’opinion l’a condamné, et certes je ne l’excuserai pas. Et pourtant comme je m’explique qu’il en soit arrivé là!
A. DAUDET, Les Femmes d’artistes, 1874, p. 15.
En arriver à est dans la phrase de AG un gallicisme ( = construction propre au français), comme en venir à.
« Nous y avons mis le temps, mais nous en sommes enfin arrivés à aborder cette problématique. »
On peut considérer ici que « Nous y avons mis le temps » = « Nous avons mis bien du temps à faire cela », cad « à aborder cette problématique. » Et « en » peut être conservé puisque il est indispensable pour former la locution idiomatique (si l’on veut la garder). De plus, il ne représente rien ici ; il n’est même pas employé dans une acception affaiblie de : « cela », « à cause de cela », « par suite de cela »… Il n’ y a donc pas d’agrammaticalité ni, plus généralement, d’incohérence (contradiction, doublon…) à écrire :
Nous y avons mis le temps, mais nous en sommes enfin arrivés à aborder cette problématique.
Cela dit, ce « en » n’est pas nécessaire et l’on peut dire, en abandonnant la seconde locution : Nous y avons mis le temps, mais nous sommes enfin arrivés à aborder cette problématique.
P.S. Il y a des façons de rédiger la phrase sans recourir aux deux locutions en question. Pour ma part, j’aime bien les tours propres à la langue française. 🙂
Très intéressant, Prince !
J’avais noté également de mon côté vos premières références quant à y mettre le temps.
Merci à vous de contrebalancer ; en somme, il n’y a plus de désaccord, mais différents accords possibles.
Fantastique !
Merci Monsieur Prince
C’est très utile pour moi
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