RE: L’un de ceux qui + verbe au pluriel ou singulier ?
Bonjour !
J’ai une phrase de ce type : « Il est l’un de ceux qui se prend le moins la tête ». La formulation est-elle correcte ou devrais-je écrire plutôt « Il est l’un de ceux qui se prennent le moins la tête » ?
Au début, j’aurais plutôt mis au pluriel, mais finalement je ne trouve pas cela si choquant au singulier non plus. Je me demande donc quelle est la bonne écriture.
Merci.
Le verbe ayant pour sujet le pronom relatif qui se met au même nombre et à la même personne que l’antécédent de ce pronom ». (Grevisse-le Bon usage § 931).
Il convient donc de déterminer l’antécédent.
Il est l’un de ceux qui se prennent le moins la tête fait consensus, semble-t-il.
En réponse à Cathy, on devrait analyser la phrase 1, de Julien Green, plutôt ainsi :
Peut-être suis-je un des seuls hommes de ce pays qui fasse ses livres à la main.
Le choix de l’auteur dicte le sens, l’accent est mis sur « un [des seuls] qui » (« Peut-être suis -je un des seuls »), Le pronom relatif « qui » a pour antécédent «un », donc l’accord se fait au singulier.
Grevisse, dans le Bon usage, reprend exactement le même exemple que la phrase 2 citée par Tatsu, voici son analyse : « Ordinairement, le pronom relatif a pour antécédent logique le nom ou le pronom pluriels, et, par conséquent, le verbe, l’attribut ou le participe passé qui s’accordent avec ce pronom relatif se mettent au pluriel.
[…] Il arrive quelquefois que l’antécédent logique soit un, qu’on pourrait remplacer par celui. Cela entraîne naturellement le singulier : Il répondit à un des consuls qui l’interrogeait… [Un seul consul l’interroge.] » (Le Bon usage. § 434).
Cette discussion et les références qui penchent pour un accord soit au singulier soit au pluriel me font penser à l’accord par syllepse : le fait d’accorder un mot – non d’après ce mot- mais d’après un autre terme que le sens éveille dans la pensée. C’est bien l’auteur qui donne le sens ? Grevisse donne comme exemple de syllepse grammaticale « la plupart sont attentifs ». On n’écrirait pas « la plupart est attentive ». C’est ce que j’ai ajouté à ma réponse sur » tout le monde est transformé en grenouille(s)… » : les avis sont partagés. En effet, tout le monde -peut – sémantique de « tous »- donner lieu à un pluriel alors qu’il peut aussi s’analyser comme la totalité, mais la totalité ici ne peut -selon moi – faire une seule grenouille…. Je me garderais d’être formelle, même si je penche dans le premier cas pour un accord variable et pour le pluriel avec tout le monde… Désolée d’être revenue sur les grenouilles, mais on peut réfléchir -bien- de façon diversifiée.
Votre évocation de la syllepse grammaticale est intéressante, voici ce que j’ai trouvé à ce sujet sur l’E.U. :
La syllepse grammaticale procède à partir d’un défaut d’accord grammatical entre deux termes dont l’un s’accorde avec l’idée qui sous-tend la proposition : « Jamais je n’ai vu deux personnes être si contents l’un de l’autre », dit Molière dans Don Juan, sans se soucier du genre du mot « personnes ».
Il est important, me semble-t-il, de souligner que l’auteur de l’article parle bien d’un défaut d’accord grammatical. Ce que nous cherchons sur ce site n’est-ce pas plutôt « un accord sans défauts« , celui de base, puisque nous ne sommes pas en train d’écrire une thèse exhaustive sur la littérature française ?
Puis-je me permettre de souligner également que dans la phrase que vous citez « La plupart sont attentifs », ça n’est pas en effet, « la plupart » qui est attentive, mais bien « la plupart des gens présents », ce qui est sous-entendu dans la phrase. Et vous établissez un parallèle avec la désormais célèbre question de la transformation en grenouille. Pourtant, pour revenir à votre exemple de départ, nous écrivons bien « Tout le monde est attentif » ?
Absolument, je ne pourrais pas écrire « tout le monde sont… » ce qui est grammaticalement faux, mais j’aime bien l’idée de défaut d’accord au non du sens, avec une caution littéraire en plus !
L’accord « zéro défaut » existe-t-il ?
Tout à fait d’accord avec vous Joëlle, l’auteur est roi dans son écrit, c’est bien la moindre des justices ! Je suis une utopiste, je rêve d’un « Eden de la langue et des mots »… pourtant je me rends bien compte que seule l’imperfection m’a toujours séduite ! Cela fait partie de mes contradictions…
