RE: L’un de ceux qui + verbe au pluriel ou singulier ?

Répondu

Bonjour !

J’ai une phrase de ce type : « Il est l’un de ceux qui se prend le moins la tête ». La formulation est-elle correcte ou devrais-je écrire plutôt « Il est l’un de ceux qui se prennent le moins la tête » ?

Au début, j’aurais plutôt mis au pluriel, mais finalement je ne trouve pas cela si choquant au singulier non plus. Je me demande donc quelle est la bonne écriture.

Merci.

Tatsu Débutant Demandé le 2 février 2015 dans Conjugaison
7 Réponses

Tatsu, le lien que vous nous proposez est intéressant, mais je ne suis pas sûre d’être d’accord avec ce qui s’y dit, à propos des cas où le singulier se justifierait.
Premier exemple :
« Peut-être suis-je un des seuls de ce pays qui fasse ses livres à la main » (Journal de Julien Green).
Dans la mesure où il est seulement « l’un des seuls » et non pas « le seul de tout le pays », le pluriel s’impose : « qui fassent leurs livres ».

Second exemple :
« Il répondit à un des consuls qui l’interrogeait« .
Là encore, il s’agit d’un seul, parmi tous les consuls qui l’interrogent.
La seule façon de justifier le singulier, serait éventuellement de changer la ponctuation (et de compléter la phrase !) : « Il répondit à un des consuls, qui l’interrogeait (sur sa façon de penser) » La virgule, ici, change le sens, ce ne sont plus tous les consuls qui l’interrogent, mais un seul parmi les consuls présents.
Là encore, tout dépend du contexte, car si la phrase n’est pas complétée, et si tous les consuls sont effectivement en train de l’interroger à tour de rôle, la virgule n’a plus de sens, et le pluriel s’impose.

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 3 février 2015

Bonjour, en effet, j’ai des doutes sur la phrase de Julien Green puisque c’est toujours un parmi plusieurs qui font leurs livres… le singulier aurait logiquement suivi : « le seul qui fasse ses livres » ; ou alors il a vraiment voulu insister sur « un » …ce qui est renforcé par l’adjectif possessif « ses ».

L’autre exemple, me paraît moins fautif grammaticalement.
Pour les consuls, on peut considérer qu’il répondit à l’un des consuls et que le pronom « qui » a pour antécédent « un » et non « les consuls ».
Ce qui signifie qu’à ce moment- là ou au cours de l’entretien, il n’est interrogé que par un seul consul. 
C’est d’ailleurs la seule façon de donner l’information…sauf à écrire :
Il subissait l’interrogatoire de l’un des consuls auquel il répondit en présence des autres consuls.
Vous voyez que « auquel » a bien pour antécédent « un ».

le 3 février 2015.

Désolée Joëlle, je persiste et signe : Pour ce qui est de la phrase de Julien Green, qu’il ait mis l’accent sur « un » est évident… mais cela ne change absolument rien à la règle, votre argument n’est pas clair. Pour ce qui est de la seconde phrase, j’insiste, je suis formelle, le singulier n’est possible qu’en cas d’insertion d’une virgule et précision de l’interrogation. (cf mon exemple) Sinon, cela signifie qu’il est interrogé par tous les consuls, et qu’il répond à l’un d’entre eux, un parmi tous ceux qui l’interrogent.

le 3 février 2015.

Réponse à Cathy. Dans la phrase 1 de Julien Green, vous vous obstinez à mettre en avant un des seuls, avec l’accent sur des seulsNe vaut-il pas mieux, comme le suggère l’auteur, mettre l’accent sur un ? On aurait : Peut-être suis- je  un [des seuls]  de ce pays qui fasse ses livres à la main.Le sujet est un. Le pronom relatif qui a pour antécédent un. L’accord se fait alors au singulier.

le 4 février 2015.

Oui, c’est ce que j’essayais de dire, peu clairement manifestement.

le 4 février 2015.

Puis-je vous faire remarquer que je suis loin d’être la seule à « m’obstiner » comme vous dites si gentiment, Jean ? Chacun d’entre nous est sûr de ses arguments, qui pourtant ne réussissent pas à convaincre les autres.

Malheureusement, je trouve que le débat prend une tournure peu agréable, qui vient polluer l’atmosphère cordiale que nous avions réussi à maintenir jusqu’ici. Pour ma part je préfère ne répondre à aucune provocation, ça ne m’intéresse pas, les combats de chiffonniers ne sont pas mon style. Je ne crois pas que nous soyons en train d’écrire un traité de grammaire. Nous sommes tous ici, me semble-t-il, réunis par une même passion, afin de la pratiquer de façon « ludique », ou en tout cas le plus agréablement possible, ne trouvez-vous pas ?…

le 4 février 2015.

En émployant, maladroitement, semble-t-il, le mot « obstinez », loin, très loin de moi était l’idée de vous offenser. Si tel a été le cas, je vous présente mes excuses. Je voulais dire « vous persistez, vous n’en démordez pas », très amicalement ou tout aussi bien « vous vous obstinez, mais seulement… grammaticalement ». Je voulais simplement que vous regardiez la phrase en question sous un autre angle. Le débat n’a pas pris mauvaise tournure, il était quelque peu passionné, voilà tout. C’est donc que la question était intéressante, le débat aussi,… mais essayez d’analyser un peu nos réponses (surtout celle où nous citons le Bon usage §434, c’est tout de même Grevisse !), ça en vaut la peine. En toute amitié.

le 4 février 2015.

Ne m’en veuillez pas Jean, je viens du milieu du spectacle, où mon extrême sensibilité est un atout majeur, et l’investissement affectif notre quotidien… J’accepte bien volontiers vos excuses, et vous présente très sincèrement les miennes en retour !

Il se trouve que j’ai appris à me méfier de « la sacralisation de la chose écrite », et ce que l’on trouve comme « âneries certifiées » sur Internet nous le prouve tous les jours. Il se trouve également que, nous (tous les membres de ce site) nous sommes aperçus, sur bien des questions auxquelles nous répondions, que certains sites très sérieux (dont Grevisse, Larousse, l’Académie même) finissent bien souvent par considérer comme « acceptables » des formes catégoriquement considérées comme condamnables par la plupart, et surtout par la règle.
Et l’on peut finir par se demander à quoi servent les règles, si elles sont faites pour être transgressées…

Cela étant dit, je vais essayer de mieux exprimer le point de notre désaccord : je ne comprends pas pourquoi vous considérez « un » comme antécédent de « qui ». A mon sens, l’antécédent est « les seuls ». S’il voulait clairement mettre l’accent sur lui, il aurait pu dire « Je suis quasiment le seul de ce pays qui fasse encore ses livres à la main ». Raison pour laquelle je « m’obstine » 🙂 (mais pas aveuglément, mes arguments ne sont-ils pas justifiés ?) et persiste à dire que parmi les seuls qui fassent encore leurs livres à la main, il est l’un d’eux.

le 5 février 2015.

Vous écrivez : « certains sites très sérieux (dont Grevisse, Larousse, l’Académie même) finissent bien souvent par considérer comme « acceptables » des formes catégoriquement considérées comme condamnables par la plupart, et surtout par la règle. »

Je ne demande qu’à vous croire ; mais quelle est cette règle ? Qui est ce « plupart » ? Le français, vous le savez aussi bien que moi, est une langue difficile et pleine de subtilités. Vous êtes contre les rectifications de 1990, qui ont pour objectifs de simplifier et d’harmoniser celle-ci. C’est donc que vous êtes attachée à la tradition de la langue, à ses difficultés, et parfois à ses illogismes. En quelque sorte, c’est ce qui fait son charme.

À défaut d’avoir une autorité capable de décréter unilatéralement quelle orthographe est bonne, laquelle ne l’est pas ; et quel accord est correct, lequel ne l’est pas, nous avons un certain nombre de linguistes qui, grâce à leurs compétences, leur sérieux et leur clairvoyance, ont été élevés au rang de références en la matière. Ce sont des observateurs impartiaux de l’usage, du bon usage, et s’il existe une règle à suivre en français, ce sont eux qui la dicteront. (Je précise, pas forcément pour vous, mais pour éviter toute ambiguïté, que Grevisse, Larousse et l’Académie ne sont pas, à l’origine, des sites ; il en existe simplement une version électronique depuis peu.)

Dans une autre conversation, vous citez un accord sylleptique que vous acceptez (à raison) : La plupart sont partis. Le cas est le même ici ; c’est en fonction du sens que vous allez choisir d’accorder ou non le verbe de la relative, même si la construction syntaxique semble identique. Je pense que vous accepterez cet exemple, avec un peu plus de contexte :
Hyppolite avait misé toutes ses économies sur le cheval no 6. Malheureusement pour lui, c’est un des autres participants qui est arrivé le premier. Finalement, Hyppolite n’est qu’un des nombreux perdants qui ont été ruinés par leur passion.
Dans le premier cas, le singulier est logique ; dans le second, c’est le pluriel qui se justifie.

le 5 février 2015.

Vlavv, si des sommités comme Grevisse et compagnie ne parviennent pas à démontrer à Cathy l’inexactitude de ses propos quant à l’accord possible au singulier avec un des… qui, je pense qu’un exemple banal et dénué de tout poids (je pense que nous nous comprenons) n’y parviendra pas plus. Quoique dans le cas présent, il y a « le premier » qui vient compléter la phrase et je suis certaine que le singulier sera, du coup, toléré (voire accepté), justement parce que cela lève « toute ambiguïté ». L’on a beau citer l’exemple de Grevisse avec les consuls, Grevisse qui ne parle aucunement d’accord « acceptable » pour une forme qui serait catégoriquement rejetée par « la règle » (de quelle entité suprême s’agit-il exactement, Cathy ?), rien n’y fait.

De plus, je suis sincèrement désolée de ce qui suit, mais lorsque je lis que l’on considère Grevisse et compagnie comme des « sites très sérieux » (L’Académie et la version 1.0 de son site en 1694…), je me mets à douter très fortement de la consultation régulière des ouvrages (physiques, pour commencer) de ceux que nous tâchons de citer pour tenter de répondre du mieux possible à certaines questions. Or, que l’on me pardonne, mais de la même façon qu’un musicien étudie les périodes pour interpréter au mieux les pièces de différents styles qu’il est amené à jouer (eh oui, je viens également d’un milieu artistique), qu’un traducteur chevronné ne saurait se passer de dictionnaires (entre autres), je me risque à penser que tout professionnel de la langue (ou même tout amateur éclairé, plus simplement) se doit, lui aussi, de s’armer de différents ouvrages spécialisés pour sans cesse vérifier ses acquis, dissiper ses doutes (car nous doutons tous, c’est bien normal et cela permet d’avancer). Mais peut-être suis-je à côté de la plaque, visiblement.

le 5 février 2015.
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Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.