RE: Garçon manqué
Bonjour,
En entendant l’expression « garçon manqué », je me demande dans quel sens il faut comprendre « manqué ». Après avoir jeté un oeil au site du CNRTL (qui d’ailleurs n’évoque pas cette expression), je suis encore plus perplexe.
Est-ce : garçon « raté », « loupé » ?
Ou est-ce un raccourci pour dire « elle a manqué d’être, failli être, un garçon » ?
Cette nuance a de l’importance car dans le premier cas, l’expression est fort péjorative, alors que dans le second, elle est plutôt neutre.
Merci pour vos réponses.
Bonjour,
il m’est toujours apparu assez évident depuis mon enfance, et depuis que j’ai le goût des mots que « manqué » a quand même une connotation d’échec, de ratage, d’absence de quelque chose et à ce titre un peu péjoratif.
Le Cnrtl donne pour « manqué »
Qui n’a pas, qui n’est pas réussi. Synon. raté.Film, livre, oeuvre manqué(e); manteau, chapeau manqué; plat manqué; éducation, existence, destinée, manquée; affaire, expérience manquée; acte manqué…
et pour « garçon manqué » :
Qui a toutes les dispositions nécessaires pour l’état, la fonction désigné(e), mais qui ne l’a pas ou ne l’exerce pas. Il m’a toujours semblé que la femme brune était un garçon manqué (Balzac, Mém. jeunes mar., 1842, p. 350).
Pour toutes ces raisons, indépendamment des critères esthétiques, mentaux ou autres, un « garçon manqué » est un indéterminé :
pas vraiment féminine et pas un garçon non plus donc où le situer ? Ceci est très lié à un contexte où malgré tout chaque « sexe » devait correspondre peut-être à une forme de stéréotypes. On ne parlait pas encore de genre….
Heureusement, Zola offre une approche symétrique concernant le sexe masculin :
Ce joli jeune homme, dont les vestons montraient les formes grêles, cette fille manquée, qui se promenait sur les boulevards, la raie au milieu de la tête, avec de petits rires et des sourires ennuyés (Zola, Curée, 1872, p. 486)
