RE: Concordance des temps

Bonjour,
Je m’interroge sur la concordance des temps dans cette phrase : elle regagna l’Italie avec son fils, qui reviendra en Suisse à l’adolescence, pour retrouver son frère. »
Est-elle correcte, le futur est-il possible dans cette subordonnée après un passé simple ? Spontanément j’aurais employé le conditionnel « reviendrait »…
Merci pour vos retours éclairés

Lilou75 Membre actif Demandé le 11 février 2023 dans Accords
5 Réponses

Il est vrai que le futur n’est pas très heureux dans cette phrase. Mais un conditionnel serait moins opportun encore.

On utilise la concordance des temps dans une complétive (conditionnel présent pour exprimer le futur dans le passé) :
— Elle pense que son fils reviendra plus tard
— Elle pensait que son fils reviendrait plus tard
Il peut arriver que cette construction soit sous-entendue :
— Son fils reviendrait plus tard (pensait-elle)
En dehors d’une complétive, la concordance des temps, ça n’existe pas quand on conserve le point de vue de l’auteur. Il faut pour utiliser le conditionnel (dans le cadre d’un futur dans le passé) adopter le point de vue d’un protagoniste du passé.

Le récit au passé simple vu depuis le moment de l’auteur n’accepte pas ce conditionnel. Si on raconte une histoire au passé, on la raconte au passé :
— Elle partit avec son fils en Italie. Son fils revint en Suisse dix ans plus tard.
Puisque votre phrase n’est pas construite de manière à adopter le point de vue d’un protagoniste de l’époque pour parler du retour du fils dix ans plus tard, le conditionnel est à exclure. N’utilisez le conditionnel en guise de futur dans le passé qu’en adoptant le point de vue d’un protagoniste du récit :
— Elle partit avec son fils en Italie en ignorant que son fils reviendrait en Suisse dix ans plus tard.

L’antériorité dans le passé s’exprime par le passé antérieur :
— Il partit un mardi. Il était arrivé la veille.
Mais comment exprimer la postériorité dans un récit au passé ?
* Conserver le passé simple, et ajouter un complément de temps :
— Il arriva un lundi et partit le lendemain. (et non partirait)
* Pour parler d’une chose en fonction du temps de la précédente, utiliser un auxiliaire modal exprimant la prévision tel que aller ou devoir :
— Il arriva un lundi, et allait repartir le lendemain, et devait repartir le lendemain

Dans votre phrase, on peut imaginer que l’auteur a souhaité utiliser le futur historique, un effet de style consistant en l’irruption du futur dans un récit au passé, en particulier en guise de dernière conclusion, pour parler de choses qui vont se passer « encore plus tard » selon la connaissance de l’auteur du récit, parfois comme une sorte de bilan :
— Elle quitta l’Italie pour se marier. Elle devint reine. Puis elle battit les Anglais à Cordoue, et finalement regagna l’Italie. Son fils ne reviendra en Suisse qu’à l’issue de la guerre, dix ans plus tard.
Je dirais que c’est ainsi que l’auteur a voulu écrire, mais il n’a pas construit clairement, et mieux vaut éviter d’utiliser un futur historique au détour d’une relative. Un futur historique, ça s’amène. Mais ce n’est après tout qu’une question de style et d’intention. Le futur reste concevable.

Vous pouvez donc contester qu’il soit opportun d’utiliser le futur pour ce dernier verbe, mais ce serait faire un contresens que de le remplacer par un conditionnel sans en faire le verbe d’une proposition subordonnée complétive.

CParlotte Grand maître Répondu le 12 février 2023
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