RE: Bonjour. Ma question porte sur la pertinence de la conjugaison du verbe être dans les cas suivants :

(…)
Si de l’amour qui tout transporte

Nous fussions les féaux gamins,

Croyant toujours aux lendemains

Quitte à ne pas fermer de porte,
(…)

Et, de monsieur Paul Fort :

(…)
Sans ton amour que j’idolâtre,
las ! que fussé-je devenu ?
(…)

Merci de vos réponses  et pour vos louables efforts didactiques.

salus Membre actif Demandé le 5 juin 2022 dans Accords
6 Réponses

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J’ai donc lu l’ensemble. À part les quatre premières lignes (une phrase au passé), et les deux dernières (que je ne sais pas à quoi rattacher), l’ensemble paraît constituer une unique phrase, dans un discours au présent (l’incise « je le déplore », par exemple, est claire).
Cette phrase est structurée ainsi : trois subordonnées en « si » et une principale au futur, est-ce bien cela ?
— Si je n’ai su faire cela, Si nous fussions cela, S’il te découvre cela (je n’ai pas compris ce que représente le sujet « il ») , J’aurai cela.

a) Trois conditions ?
Classiquement, un « si » introduit la condition d’une hypothèse. S’il s’agit de conditions, il n’y a pas le choix : condition au présent (ou autre temps de l’indicatif vu du présent), et conséquence au futur (si tu veux on ira ; s’il est parti je reviendrai…).
— Si je n’ai su faire cela, si nous sommes cela, s’il te découvre cela, alors j’aurai cela.
Une principale au futur est introduite par une subordonnée conditionnelle en « si » à l’indicatif présent.
Vous ne pouvez pas écrire « si » + subjonctif imparfait, ça n’existe pas.

b) On n’est donc pas dans une phrase au passé, et il ne peut pas s’agir d’une tolérance, comme une extension de la possibilité du subjonctif plus-que-parfait (« s’ils fussent partis ») au subjonctif imparfait (« s’ils fussent présents »). Car je répète, avec Littré, qu’après si, on utilise l’indicatif, et que « cependant on peut mettre aussi le plus-que-parfait du subjonctif au lieu du plus-que-parfait de l’indicatif […] ‘Si’ ne prend ce subjonctif qu’avec les verbes auxiliaires.«  Voici la référence : https://www.littre.org/definition/si. On retient que cette construction est réservée au plus-que-parfait, c’est-à-dire à un temps passé, avec auxiliaire. Ce n’est pas le cas ici.
Vous ne pouvez pas écrire « si » + subjonctif imparfait, ça n’existe pas.

c) Un subjonctif par attraction ? Quand la subordonnée dépend d’une proposition au subjonctif, il arrive que le subjonctif déborde.
— s’il vient, j’appellerai
— il fallait que s’il vînt, j’appelasse (et même là le subjonctif est abusif)
Nous ne sommes pas dans cette situation, dans ce contexte d’un « si » encapsulé dans un subjonctif.

d) En coordonnant des conditions, il est possible de construire la première en « si + indicatif » et les suivantes en « que + subjonctif ».
— S’il vient que tu sois présent, alors… S’il a appelé, qu’il vienne, et que tu sois présent, alors…
— S’il venait et que tu fusses présent, alors… S’il avait appelé, qu’il vînt, et que tu fusses présent, alors…
Mais vous voyez d’une part que le subjonctif ne peut pas suivre directement le « si », et d’autre part que la concordance des temps imposerait dans votre texte un subjonctif présent.
Vous ne pouvez pas écrire « si » + subjonctif imparfait, ça n’existe pas.

e) Dans un texte au présent, l’imparfait du subjonctif peut traduire une hypothèse du type « même si »…
— Je crois que je vais réussir, dussé-je travailler toute ma vie (même si pour cela je dois/devais travailler toute ma vie)
— On nous refusera/refuserait l’entrée, fussions-nous ambassadeurs
— Un homme, fût-il puissant, aussi puissant fût-il, aussi puissant soit-il, n’est qu’un homme.
Bref, on peut tenter de caler du subjonctif imparfait dans un texte au système présent, pour évoquer une éventualité, mais jamais après « si ».
Vous ne pouvez pas écrire « si » + subjonctif imparfait, ça n’existe pas.

Pie Débutant Répondu le 6 juin 2022
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