se souvenir + de ?
Je ne me souvenais pas d’avoir autant de matériel ou je ne me souvenais pas avoir autant de matériel ? Merci pour votre aide. Sophie
C’est là sans doute le résultat de rapprochements/confusion entre se rappeler et se souvenir de.
Mais cette tolérance pour la construction sans préposition est limitée à l’infinitif passé par – comme le note le Tlfi* – analogie avec se rappeler + inf. passé. Elle n’est donc pas applicable dans le cas présent, puisque la phrase est à l’infinitif présent (avoir autant de matériel et non avoir eu autant de matériel).
Sous l’entrée rappeler qui se construit normalement sans préposition, on lit :
Rem. Parce que rappeler est trans. dir., les grammairiens condamnent la tournure se rappeler de qqc. que l’on trouve pourtant fréq. chez les bons aut. (comme on entend fréq. l’expr. pop. je m’en rappelle) et recommandent de la remplacer par se souvenir de; l’empl. trans. dir. n’est cependant pas possible avec les compl. me, te, nous, vous; on dira tu te rappelles de moi et non tu te me rappelles; se rappeler de constr. avec un inf. passé, att. par Littré et Ac. 1798-1878 est considéré comme correct mais vieilli; avec un inf. compl. exprimant une action encore à accomplir, se rappeler (ou rappeler à qqn) se constr. avec de (rappelle-moi de te donner ce papier; rappelle-toi de le lui dire) (d’apr. Grev. 1986, p. 429 et 1333).
*− Se souvenir + inf. passé.[P. anal. avec se rappeler + inf. passé] Quand, la salle une fois vidée, le gardien fut venu l’inviter à sortir à son tour, il se souvient avoir marché devant lui très vite et très loin (Bourget, Disciple, 1889, p. 238).Adressant (…) une homélie à des étudiants, je me souviens avoir emprunté mon texte au prophète Isaïe, XXVI, I 8 (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 14).
Bonjour,
« Je ne me souvenais pas d’avoir autant de matériel »
On se souvient de quelque chose.
Comme souvent (trop souvent), « les grammairiens » ne se montrent pas capables de maintenir un raisonnement jusqu’au bout et finissent par semer la confusion chez tout le monde.
Si l’on impose de construire le complément de se souvenir avec la préposition de, il faut aussi la préconiser avec un verbe à l’infinitif. Je n’arriverai jamais à comprendre ceux qui changent en permanence de position pour des raisons futiles. Tolérer une incorrection relève du comportement social, expliquer en quoi cela reste incohérent relève de la logique.
